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Inde-Chine

Accord frontalier et promesses économiques

Le ministre indien du Commerce et de l'industrie Kamal Nath et le Premier ministre chinois Wen Jiabao réunis à New Dehli. Avec deux milliards d’habitants à eux deux, soit un tiers de la population mondiale, le marché potentiel des deux voisins a de quoi impressionner.(photo: AFP)
Le ministre indien du Commerce et de l'industrie Kamal Nath et le Premier ministre chinois Wen Jiabao réunis à New Dehli. Avec deux milliards d’habitants à eux deux, soit un tiers de la population mondiale, le marché potentiel des deux voisins a de quoi impressionner.
(photo: AFP)
Le 11 avril marque les retrouvailles entre les deux géants asiatiques, à New Delhi , où l’Inde et la Chine ont signé un accord fixant les «grands principes» pour résoudre un différend frontalier vieux de plus de 40 ans. Mais surtout, l’escale indienne du Premier ministre chinois, Wen Jiabao, se solde aussi par des promesses de coopération économique renforcée.

De notre correspondante à New Delhi

Un nouveau chapitre dans l’histoire des relations sino-indiennes vient d’être scellé par la poignée de main du Premier ministre chinois, Wen Jiabao, à son homologue indien, Manmohan Singh. Elle marque les retrouvailles du dragon et de l’éléphant, après quatre jours de visite de l’envoyé de Pékin chez son voisin. L’étape indienne fermait la tournée de Wen Jiabao en Asie du Sud. Après le Pakistan, le Bengladesh et le Sri Lanka, le Premier ministre chinois s’est rendu à Bangalore, la Mecque indienne de l’informatique, et à New Delhi où s’est résolu le différend frontalier sino-indien.

La dernière rencontre entre l’Inde et la Chine remonte à 2003, quand le Premier ministre indien du gouvernement précédent, Atal Bihari Vajpayee, s’était rendu en visite officielle en Chine pour tenter de résoudre le conflit de territoire du Cachemire et du Sikkim. Deux ans après, c’est chose faite. Son successeur, Manmohan Singh, et son visiteur chinois, Wen Jiabao, ont enfin trouvé un accord sur les 3 550 kilomètres de frontières communes où se posent les deux questions qui fâchent : le plateau de l’Aksai Chin au Cachemire (à l’est de l’Himalaya) et le Sikkim, dans la région de l’Arunachal Pradesh, au nord-est du pays.

Le Cachemire, disputé entre l'Inde, le Pakistan et la Chine.
(Carte: Stéphanie Bourgoing/RFI)
L’Inde dispute le Cachemire au Pakistan . Elle revendique aussi trois secteurs qu’Islamabad aurait donnés illégalement à Pékin en 1950. De son côté, la Chine réclame l’ancien royaume du Sikkim, situé à l’est du pays, près du Bhoutan, que l’Inde s’est annexé en 1975. En 1962, à cause de ces querelles, l’Inde et la Chine en sont venues aux armes pendant vingt-et-un jours. Depuis une vingtaine d’années, cartographes, diplomates et militaires cherchent un terrain d’entente. Les lignes exactes des nouvelles frontières devraient être redessinées dans les semaines à venir. Contrairement à ce qui se passe avec le Pakistan, la ligne de démarcation - ni cartographiée, ni reconnue internationalement - ne fait pas l’objet de violentes attaques. Un cessez-le feu informel a été mis en place entre les deux pays.

Vers un accord de libre-échange ?

Autre signe de rapprochement entre les deux géants, New Delhi et Pékin renforcent leurs relations bilatérales. Wen Jiabao a proposé à son homologue indien un accord de libre-échange qui serait le plus important au monde. Deux milliards d’habitants à eux deux, un tiers de la population mondiale, le marché potentiel des deux voisins a de quoi impressionner. L’année dernière les échanges commerciaux entre la Chine et l’Inde ont dépassé les treize milliards de dollars, c’est un bond de 80% par rapport à l’année précédente. D’ici 2010, ils espèrent dépasser les vingt milliards.

Dès son arrivée à Bangalore, le Premier ministre chinois avait d’ailleurs donné le ton, prophétisant que «si l’Inde et la Chine coopèrent dans les domaines de l’informatique et de la technologie, nous serons capables de mener le monde...et cela représentera l’arrivée du siècle asiatique pour les nouvelles technologies». Ce n’est pas un hasard en effet si ses premiers pas en Inde ont conduit le Premier ministre fraîchement émoulu à Bangalore, le pôle de la croissance économique indienne. Escorté d’une délégation de 150 hommes d’affaires chinois, Wen Jiabao a multiplié les rencontres pour resserrer les liens en matière de logiciels, d’industrie pharmaceutique et de technologie spatiale.

L’inde a également vivement apprécié l’appui du Premier ministre chinois à sa candidature à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies où la Chine dispose d’un droit de veto aux côtés des vainqueurs de la deuxième Guerre mondiale, le Royaume-Uni, la France, la Russie et les Etats-Unis. Mais surtout, ce qui rassure les Indiens, c’est l’espoir d’une stabilisation de l’Asie du Sud, mise à mal par les frictions entre l’Inde et son rival nucléaire, le Pakistan. Néanmoins, l’Inde et la Chine restent toujours frileuses sur les questions du Tibet et du Népal. Quarante-cinq ans auparavant, l’Inde a accueilli à Dharamsala (au nord), le Dalaï-Lama, le chef des Tibétains en exil, ce que la Chine n’a pas apprécié. Depuis lors, l’Inde considère le Tibet comme faisant partie intégrante de la Chine. Autre point délicat, le Népal. Depuis la prise des pleins pouvoirs du Roi Gyanendra le 1er février 2005, l’Inde a cessé de fournir des armes au souverain et voit d’un mauvais oeil la Chine, qui cherche à renforcer ses échanges économiques avec le royaume.


par Marie  Perruchet

Article publié le 11/04/2005 Dernière mise à jour le 12/04/2005 à 08:56 TU