Commerce mondial
Un sommet pour relancer le cycle de Doha
(Photo : AFP)
Pour le pays hôte, le Vietnam, la tenue de ce sommet coïncide avec son entrée comme 150e membre de l’Organisation mondiale du commerce. C’est un tournant pour ce pays communiste qui a opéré sa conversion au capitalisme il y a près de 20 ans. Cette rencontre sera surtout l’occasion de relancer les négociations commerciales du cycle de Doha, gelées depuis juillet, faute de consensus sur l’agriculture. En effet, la plupart des 21 pays-membres présents se déclarent prêts à «remettre le cycle de Doha sur les rails». Le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui s’est rendu cette semaine à Hanoï pour participer à des réunions préparatoires, a évoqué un «sentiment d’urgence» de voir reprendre des discussions interrompues il y a six mois, à la suite de l’incapacité des Américains, des Européens et des pays en développement (Brésil, Inde, Chine en tête) à se mettre d’accord notamment sur la question des subventions agricoles.
Le sauvetage de Doha
Le cycle de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar pour mettre la libéralisation des échanges au service du développement, aurait dû être conclu à la fin de 2004. Mais les discussions ont achoppé sur un conflit Nord-Sud à propos des subventions agricoles, compliqué par un affrontement euro-américain sur les droits de douane appliqués à l’agriculture. Pascal Lamy a expliqué que des contacts officieux entre les différents pays membres s’étaient intensifiés récemment. Selon le projet de déclaration finale du sommet, les pays membres de l’APEC se disent prêts à «sortir de l’impasse» et à «relancer la négociation». Le sauvetage de Doha est ainsi considéré comme la «priorité» de Susan Schwab, la représentante américaine pour le Commerce, qui a jugé que les Etats-Unis et l’Union européenne devaient réduire les subventions agricoles, tout en appelant l’ensemble des économies à ouvrir leurs marchés.
Les participants à ce sommet vont également plancher sur d’autres points parmi lesquels le projet d’une zone de libre-échange regroupant la zone Asie-Pacifique. Pour de nombreux observateurs, un accord entre tous les pays membres permettrait de consolider la multitude de traités bilatéraux déjà en vigueur dans la région. L’objectif de l’APEC est d’arriver à un tel résultat en 2010 pour les pays développés, et en 2020, pour les autres. Mais le président américain George Bush, dont c’est la première visite près de 30 ans après la fin de la guerre au Vietnam, se présente à Hanoï sans le traité historique de libre-échange qu'il espérait conclure avec l'ancien ennemi.
La Chambre des représentants a rejeté lundi cet accord commercial bilatéral (le PNTR) qui devait entériner la normalisation des relations commerciales entre les deux pays. Le Vietnam semble victime de réticences dans les milieux syndicaux ainsi que dans le secteur textile. Mais ce n’est que partie remise, puisque le Congrès devrait finir par le voter dans les mois qui viennent. Le président américain a néanmoins cherché à rassurer les Vietnamiens sur sa capacité à mener à bien ses objectifs en matière de libéralisation des échanges. «Je pense que cela se fera », a-t-il prédit. Au cours de ce sommet, le président américain doit également signer dimanche, un accord bilatéral avec la Russie pour lui permettre d’entamer les négociations d'adhésion à l’OMC.
par Myriam Berber
Article publié le 17/11/2006 Dernière mise à jour le 21/11/2008 à 15:49 TU