Article publié le 16/06/2009 Dernière mise à jour le 19/06/2009 à 10:27 TU
L'ayatollah Ali Khamenei s'est dit favorable à un recomptage partiel des voix si nécessaire, le 16 juin 2009.
(Photo : Caren Firouz/Reuters)
Opposants et sympathisants du président Mahmoud Ahmadinejad ont encore manifesté, le mardi 16 juin dans les rues de Téhéran et se préparent à renouveler quotidiennement l'opération. Et, les journalistes étrangers ont été empêchés par les autorités de suivre les manifestations de protestation contre le régime. Par ailleurs, le guide spirituel et détenteur véritable du pouvoir, Ali Khamenei, s'est dit favorable à un décompte partiel des voix pour enrayer les violences.
Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
Le pouvoir avait tenté d’empêcher toute manifestation de l’opposition en organisant un rassemblement place Vali Asr, dans le centre de Téhéran, à l’endroit même où les partisans de Mir Hossein Moussavi devaient se réunir.
Mais finalement, malgré un tapage médiatique via la télévision d’Etat, les partisans du candidat conservateur modéré ont organisé une importante manifestation au nord de la place Vanak, située à plusieurs kilomètres de la place Vali Asr.
Lundi, une manifestation silencieuse pro-Moussavi
En silence, faisant le V de la victoire, des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis dans le calme évitant toute violence. Cette manifestation intervient alors que l’Iran traverse sa pire crise depuis les premières années de la Révolution islamique en 1979. Les manifestants pro-Moussavi se sont donnés rendez-vous mercredi sur la place 7 tir, signe de leur détermination. Mir Hossein Moussavi a demandé l’annulation du scrutin et de nouvelles élections après l’annonce de la victoire de Mahmoud Ahmadinejad.
Vers un recomptage des voix
Face à ces protestations, l'ayatollah Khamenei, après s'être félicité de la réélection pour quatre ans de Mahmoud Ahmadinejad, s'est dit favorable à un recomptage partiel des voix si nécessaire. « Il faut faire un recomptage des voix de certaines urnes en présence des représentants des candidats pour que tout le monde soit certain du résultat.»
« Ils ont des moyens pour empêcher les gens de manifester dans la rue contre le gouvernement, si l'on accepte cette situation, c'est un piège...»
Lundi 15 juin, des centaines de milliers de partisans de Moussavi avaient défié une interdiction de défiler dans la rue et avaient manifesté dans le cœur de Téhéran pour réclamer de nouvelles élections. A la fin de la marche, sept civils avaient été tués, après une tentative des manifestants d’attaquer un poste de la milice islamique.
La contestation s'étend
La contestation, très forte à Téhéran, théâtre d'émeutes samedi et de manifestations violentes dimanche, a gagné des villes de province, en particulier Machhad, Ispahan et Chiraz, selon des témoins et des médias.
Depuis samedi dernier, le mouvement de protestation ne semble pas vouloir ralentir. Désormais, le pouvoir est face à un choix difficile. Soit rejeter la demande des partisans de Mir Hossein Moussavi et risquer les débordements, soit accepter cette demande, ce qui pourrait avoir des conséquences difficiles.
En tout cas, les partisans du candidat réformateur semblent déterminés à poursuivre le mouvement. Certains ont même évoqué une grève générale. Si la protestation continue ainsi, une telle chose n’est pas à exclure.
Vendredi 19 juin : une journée test
Vendredi sera une nouvelle journée de test. En effet, le guide suprême a décidé de diriger lui-même la prière collective à Téhéran. Ce sera l’occasion d’une nouvelle démonstration de force. Reste à savoir comment le pouvoir pourra reprendre la situation en main et calmer la rue.
Lundi 15 juin, elle avait interdit la manifestation des partisans de M. Moussavi, mais plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Téhéran. Mardi 16, elle a tenté d’organiser une contre-manifestation sans pouvoir empêcher les partisans de Moussavi de descendre dans la rue. Signe de la détermination de ces derniers.