par Frédérique Misslin
Article publié le 17/06/2009 Dernière mise à jour le 17/06/2009 à 17:17 TU
A Téhéran, la route proche du ministère de l'Intérieur, base du comité central des élections, a été bloquée le 17 juin 2009.
(Photo : Reuters)
« Attendons de voir… »
La prudente posture diplomatique de Barack Obama permet donc au président américain de botter en touche sans prendre partie sur l’issue du bras de fer qui se déroule actuellement en Iran entre le pouvoir et l’opposition.
La France et l’Allemagne ont convoqué les ambassadeurs iraniens à Paris et Berlin pour exprimer leur doute sur la validité du scrutin présidentiel, Washington reste plus en retrait. Barack Obama a fait part de sa profonde inquiétude mais rappelle que c’est aux iraniens de décider, « mon approche, dit-il, c’est attendons de voir »…
Les Etats-Unis sont en effet dans une position délicate, l’administration Obama ne peut pas donner l’impression de lâcher les manifestants iraniens qui dénoncent les résultats de l’élection présidentielle mais elle ne peut pas non plus soutenir officiellement l’opposition. Se placer ostensiblement derrière Mir Hossein Moussavi serait probablement contre-productif, le régime de Téhéran disposerait alors d’un excellent prétexte pour dénoncer une fois de plus l’ingérence du « Grand Satan » en Iran et pour décrédibiliser l’opposition, « marionnette» des Etats-Unis. « Si nous intervenons de façon prématurée nous risquerions de porter involontairement tort à ceux que nous voulons aider » explique Karim Sadjapour, expert américain de l’Iran au Carnegie Endowment for International Peace.
Barack Obama fait donc profil bas d’autant qu’il n’a pas complètement remisé l’idée d’un dialogue avec le régime islamique même si Washington répète que l’option militaire est toujours sur la table.
L’opinion publique américaine divisée
Discuter avec l’Iran : cette perspective est loin de faire l’unanimité aux Etats-Unis. Convaincre l’opinion publique américaine du bien fondé de la démarche sera très certainement compliqué, mais si cette négociation doit avoir lieu avec un chef d’état jugé illégitime, Barack Obama risque de ne pas avoir beaucoup de soutien. Outre Atlantique de nombreuses voix de droite comparent déjà ce qui se passe à Téhéran à l’insurrection de Budapest en 1956 (NDLR : soulèvement des hongrois durement réprimé par l’Union soviétique sans que la communauté internationale intervienne).
Une analyse qui n’est pas partagée par l’ensemble du camp conservateur. Certains républicains, comme les sénateurs Dick Lugar et Mel martinez, soutiennent l’attitude adoptée par Barack Obama. Il est probable que les Etats-Unis resteront discrets tant que la rue se fera entendre à Téhéran.
En même temps Washington a beau dire qu’il ne souhaite pas s’ingérer dans les affaires iraniennes elle a demandé au site de socialisation Twitter de reporter une opération de maintenance prévue initialement lundi dernier. Objectif : permettre à l’opposition iranienne de continuer à se faire entendre en Iran mais aussi à l’extérieur.
A écouter
« Il y a 24 heures, je vous aurais dit qu'un renversement de régime n'etait pas probable, aujourd'hui, on n'en sait plus rien. »
17/06/2009