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Immigration / Sénégal / Espagne

Dakar dénonce une tentative d’expulsion «inhumaine»

par Géraud Bosman-Delzons

Article publié le 24/06/2009 Dernière mise à jour le 24/06/2009 à 17:44 TU

La tentative d’expulsion musclée d’un Sénégalais immigré en Espagne fait polémique depuis une semaine. Hier mardi, le ministre sénégalais de la Justice, Madické Niang a annoncé que son pays allait « enclencher des poursuites contre X pour actes inhumains et dégradants ».

Ligoté, s'agitant comme un poisson hors de l’eau, chargé dans une fourgonnette comme un bagage : un homme – M. Seck, identifié par la suite comme étant Sénégalais – fait l’objet d’une brutale tentative d’expulsion par des policiers espagnols.

Les faits remontent au mardi 16 juin, lorsqu’un voyageur filme la scène à partir du terminal de l’aéroport de Madrid. Le clip d’environ neuf minutes a ensuite été diffusé sur la Toile. Un prêtre espagnol a dénoncé en justice ces présumés abus sur la base de cette vidéo, mise en ligne par une ONG, selon l’AFP.

Puis tout va très vite. Le jour même, Madické Niang, Garde des Sceaux du Sénégal, est interpellé à l’Assemblée nationale sénégalaise par le député Masseck Guèye « sur la maltraitance d’un compatriote en Espagne, filmée et diffusée sur internet ».
L’identité de la victime a été établie après saisine de la représentation diplomatique du Sénégal en Espagne. « Indigné », le ministre sénégalais de la Justice a alors pris « les mesures adéquates pour répondre à ces faits inacceptables ».

Réactions indignées

Cette affaire est abondamment relayée et commentée par la presse sénégalaise et des pays limitrophes. A Dakar, le journal privé Le Quotidien avait notamment dénoncé « le silence » des autorités du pays après « l’expulsion barbare » du Sénégalais.

Hier mardi, le ministère s’est finalement expliqué en annonçant dans un communiqué que le Sénégal allait « enclencher des poursuites contre X pour actes inhumains et dégradants ». Puis il a précisé que le ministre Madické Niang avait « fait observer qu’en vertu de l’article 664 bis introduit, en 2008, dans le code pénal pour réprimer les crimes et délits commis contre des Sénégalais en dehors du territoire national, les tribunaux sénégalais ne sont compétents en la matière que si la victime est de nationalité sénégalaise. Ce qu’il fallait établir. »

Sur le web, les commentaires sont partagés, parfois acides. Tous en premier lieu s’émeuvent du caractère « barbare » de ces exactions. Ainsi en est-il sur le site maliweb. D’autres internautes évoquent le « racisme », notoire selon eux, des Espagnols envers les Africains. Certains enfin apportent des nuances comme Olivia qui précise qu' « on ne nous dit pas si cette personne n’a pas commis tel ou tel vol ou délit ». Ce qui fait écho à la position de la police espagnole, selon laquelle M. Seck aurait justement été arrêté pour vol avec violence.

La presse espagnole a également rapporté ces informations sans prendre position, laissant le soin aux internautes de le faire.