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Honduras

Tension à Tegucigalpa après le coup d'Etat

par Sylvain Biville

Article publié le 29/06/2009 Dernière mise à jour le 29/06/2009 à 15:26 TU

Le président hondurien, Manuel Zelaya (g), et ses homologues, (de g à d) le Nicaraguayen Daniel Ortega, le Vénézuélien Hugo Chavez et l'Equatorien Rafael Correa, se sont réunis en urgence sur la situation au Honduras.

Le président hondurien, Manuel Zelaya (g), et ses homologues, (de g à d) le Nicaraguayen Daniel Ortega, le Vénézuélien Hugo Chavez et l'Equatorien Rafael Correa, se sont réunis en urgence sur la situation au Honduras.

La situation est extrêmement tendue au Honduras après le coup d'Etat de dimanche. Le président Manuel Zelaya a été arrêté puis expulsé vers le Costa Rica alors qu'il s'apprêtait à organiser un référendum constitutionnel destiné à prolonger son mandat. Les réactions internationales sont vives et les condamnations unanimes.

Les nouvelles autorités du Honduras ont décrété dimanche soir un couvre-feu nocturne pour 48 heures. Dans la soirée, des coups de feu ont été entendus aux alentours du palais présidentiel à Tegucigalpa, la capitale, où plusieurs centaines de partisans du président déchu continuaient à manifester pour réclamer son retour.

Les Honduriens ont vécu toute la journée de dimanche dans la plus grande confusion, privés d'électricité pour la plupart, mais aussi d'informations à la radio et à la télévision, dont les programmes ont été suspendus. Cela fait plusieurs semaines qu'une très vive tension couvait autour d'un projet présidentiel de changement de Constitution. Les événements se sont précipités dimanche à l'aube, lorsque le président Manuel Zelaya a été tiré du lit par des militaires et conduit dans un avion à destination du Costa Rica voisin. C'est là qu'il a expliqué, encore en pyjama, qu'il avait été victime d'un coup d'Etat militaire.

« Les forces armées m'ont trahi, m'ont trompé et outragé, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision vénézuéliennne TeleSur. Elles ont envahi mon domicile, et fracassé l'entrée à coup de baïonnette. C'est un enlèvement brutal et sans aucune justification... » 

Manuel Zelaya, le président du Honduras s'est réfugié au Costa Rica après avoir été renversé par un coup d'Etat dimanche

« ... je demande au président du Congrès, Micheletti, de ne pas commettre une erreur qui pourrait avoir des conséquences très graves pour notre pays... »

29/06/2009 par RFI

Roberto Micheletti président par intérim

Après de longues heures de vide de pouvoir, le Parlement du Honduras s'est réuni dimanche après-midi pour désigner son président, Roberto Micheletti, comme nouveau chef de l'Etat. Cet ancien allié de Manuel Zelaya a expliqué que l'armée n'avait pas commis de coup d'Etat, mais n'avait fait qu'exécuter une décision de justice. Il s'est engagé à maintenir les scrutins législatifs et présidentiel à la date prévue du 29 novembre prochain.

La Cour suprême a indiqué elle aussi que les militaires avaient agi sur ses instructions pour déposer le chef de l'Etat, coupable, selon elle, d'atteinte à la Constitution. Le président Zelaya avait tenté un passage en force en décidant de maintenir un référendum dimanche sur un changement de Constitution, qui lui aurait permis de rester au pouvoir à l'issue de son mandat, qui expire en janvier 2010. Cette consultation contestée est à l'origine d'un long bras de fer entre le chef de l'Etat d'une part, les pouvoirs législatifs et judiciaires de l'autre. La crise avait atteint un nouveau palier la semaine dernière, lorsque Manuel Zelaya avait limogé le chef d'état-major de l'armée. La Cour suprême, qui avait déjà jugé illégal le référendum sur la Constitution, avait alors réclamé sa réintégration.

Vives réactions internationales

La communauté internationale a unanimement condamné le renversement du président du Honduras. C'est en Amérique latine que les réactions ont été les plus vives. Au Venezuela, Hugo Chavez, dont Manuel Zelaya s'était rapproché bien qu'il ait été élu, il y a 4 ans, comme conservateur, a mis ses troupes en état d'alerte et a promis de rétablir le chef d'Etat déchu.

La présidente argentine Christina Kirchner dénonce un « retour aux pires heures de l'histoire latino-américaine », en référence aux nombreux coups d'Etat qui ont secoué la région. Son homologue bolivien Evo Morales affirme que « le temps des dictatures est révolu ». Au Nicaragua, Daniel Ortega dénonce carrément un « acte terroriste ». Il accueille aujourd'hui un sommet extraordinaire de l'ALBA, organisation chaviste, ainsi que des pays d'Amérique centrale, en présence de Manuel Zelaya, arrivé dès dimanche soir à Managua.

L'Assemblée générale des Nations unies, présidée par le Nicaraguayen Miguel d'Escoto, se réunit elle aussi ce lundi en session extraordinaire, pour examiner la situation au Honduras. L'Union européenne réclame le retour à l'ordre constitutionnel.

Obama « profondément préoccupé »

Même condamnation sans équivoque des Etats-Unis, qui affirment ne reconnaître que Manuel Zelaya comme « président constitutionnel régulièrement élu au Honduras ». Barack Obama s'est déclaré « profondément préoccupé » par « l'arrestation » et « l'expulsion » de Manuel Zelaya et a appelé à une « résolution pacifique » de la crise « sans interférence extérieure ».

Cette position contraste singulièrement avec l'attitude des Etats-Unis au moment du coup d'Etat avorté contre Hugo Chavez, en 2002, au Venezuela. George Bush s'était alors empressé de reconnaître le président brièvement mis en place par les militaires, avant le retour au pouvoir du chef de l'Etat déchu. Dans le cas du Honduras, où sont stationnées plusieurs centaines de soldats américains, Washington, à l'inverse, a fait savoir qu'une forte pression diplomatique avait été exercée ces derniers jours pour tenter d'éviter un coup de force de l'armée.