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Chine

Emeutes meurtrières au Xinjiang

Article publié le 06/07/2009 Dernière mise à jour le 06/07/2009 à 10:34 TU

Les émeutes ethniques dimanche à Urumqi, capitale régionale du Xinjiang (nord-ouest), une province à majorité musulmane, ont fait au moins 140 morts et plus de 800 blessés, a annoncé lundi un porte-parole du gouvernement. Des centaines de personnes ont par ailleurs été arrêtées, selon l'agence Chine nouvelle. Pékin attribue ces émeutes à la dissidence ouïghoure en exil qui aurait poussé des Ouïghours à attaquer des Hans, des Chinois de souche.

Une vidéo de la chaîne de télévision CCTV montre des manifestants en train de renverser un véhicule de police à Urumqi, le 6 juillet 2009.( Photo : Reuters )

Une vidéo de la chaîne de télévision CCTV montre des manifestants en train de renverser un véhicule de police à Urumqi, le 6 juillet 2009.
( Photo : Reuters )


Avec notre correspondant à Pékin
, Marc Lebeaupin

Après avoir annoncé un nombre de victimes indéterminé, l'agence officielle chinoise vient de publier ce nouveau bilan de 140 morts, plus de 800 blessés et des centaines d'arrestations.

Depuis ce matin, la télévision montre des images d'affrontements, des personnes avec le visage en sang, des manifestants en train de retourner et mettre le feu à des véhicules de police. Des images qui montrent également des camions et des bus en feu cette nuit dans les rues d'Urumqi.

Mais à côté de cela, il y a très peu de commentaires de la part des autorités. On ne sait pas qui sont ces victimes, s'il s'agit de Hans, l'ethnie majoritaire en Chine, ou bien des Ouïghours, la population musulmane du Xinjiang.

Le gouvernement chinois accuse ce matin le Congrès mondial ouïghour d'avoir organisé ces violences, accompagnées de pillages. Dans un communiqué diffusé par la presse, Pékin réclame le retour à l'ordre social. La circulation est déjà interdite dans certains secteurs, et plusieurs quartiers sont bouclés.

Cette province à risque pour la Chine, qui regorge de pétrole et de gaz, à la frontière avec les républiques musulmanes d'Asie centrale, a déjà été le théâtre de violences l'année dernière. Juste avant l'ouverture des Jeux Olympiques, plusieurs policiers avaient été tués. Les autorités chinoises avaient alors accusé les dissidents ouïghours de chercher à détourner un avion pour le précipiter contre le stade olympique. Une menace jugée peu crédible par des observateurs indépendants.

Une atmosphère explosive

Xinjiang, cela signifie « nouvelle frontière ». C'est le far-west chinois, à l'autre bout du pays, à 3 000 kms de Pékin. Le Xinjiang c'est trois fois la France et le sixième du territoire chinois (1 million 600 000 km²).

C'est véritablement la porte de la Chine sur l'Asie centrale (aux frontières de la Mongolie, de la Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, de l'Afghanistan, du Pakistan et du Cachemire indien). Cette province occupe donc une position stratégique.

Pour l'essentiel, ce sont des montagnes et des hauts plateaux arides et désertiques. Mais, dans le sous-sol, c'est un pays de cocagne : il y a du pétrole, de l'uranium, et du fer notamment.

A l'origine, le Xinjiang, c'est le l'ancien Turkestan oriental, une région peuplée de Ouïghours turcophones et musulmans d'origine mongole. Les Hans Chinois ont établi le contrôle sur la région en 1884 ; au cours de XXème siècle, il y a eu des tentatives d'indépendance qui ont avorté.

Il n'est donc pas question pour Pékin de renoncer à sa souveraineté sur le Xinjiang. D'ailleurs depuis une vingtaine d'années, Pékin pratique une politique d'immigration massive de populations Han vers la lointaine province. Cette politique de sinisation a abouti à une inversion du rapport démographique : sur les 20 millions d'habitants que compte la province, il ne subsiste que 8 millions de Ouïghours.

Cela ne les empêche pas de se rappeler périodiquement à l'attention de Pékin. Il y a plusieurs mouvements de résistance en activité (et en exil) qui veulent établir une véritable souveraineté des Ouïghours sur le Xinjiang. Les Chinois les traitent de « terroristes ». Jusqu'à présent et notamment depuis le 11-Septembre, Pékin a bénéficié d'un contexte propice à rejeter les organisations ouïghoures dans les limbes des organisations terroristes internationales. Les émeutes d'Urumqi rappellent que l'atmosphère est explosive.

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