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Russie / Tchétchénie

Affaire Estemirova : Medvedev indigné

Article publié le 16/07/2009 Dernière mise à jour le 16/07/2009 à 13:05 TU

Au lendemain de l'assassinat de Natalia Estemirova, collaboratrice de l'ONG russe Memorial, son président met directement en cause le président tchétchène Ramzan Kadyrov, soutenu par le Kremlin. Une vague d'indignation a soulevé la communuaté internationale. Le président russe, Dmitri Medvedev, a très vite réagi alors que de son côté, Ramzan Kadyrov, a dénoncé ce meurtre qu'il qualifie d'« inhumain » et il s'est engagé à superviser « personnellement » l'enquête.

Avec notre correspondant à Moscou, Thierry Parisot

Natalia Estemirova à Londres en octobre 2007.(Photo : REUTERS/Dylan Martinez)

Natalia Estemirova à Londres en octobre 2007.
(Photo : REUTERS/Dylan Martinez)

Le président Medvedev est indigné. Il promet, déjà, un châtiment sévère pour les responsables du meurtre et il demande aux enquêteurs de faire, au plus vite, toute la lumière sur cette affaire.

Tous ces mots, en Russie, on les a déjà entendus à plusieurs reprises ces derniers temps. On les avait entendus aussi au début de l'année, au mois de janvier, quand un ami de Natalia Estemirova s'est fait assassiner en plein centre de Moscou. C'était l'avocat Stanislav Markelov.

La journaliste qui marchait à ses côtés est morte elle aussi, tuée par balle, elle aussi. Les responsables de ce double meurtre n'ont pas été identifiés. De même, les responsables de la mort d'Anna Politkovskaïa n'ont jamais été retrouvés. Elle aussi a été assassinée, tuée par balles, il y a presque trois ans. Elle aussi était une amie de Natalia Estemirova.

Et puis, le président de Memorial, Oleg Orlov, et trois journalistes se sont faits enlever, passer à tabac. Ils ont été abandonnés, dévêtus, en rase campagne, en plein hiver, c'était il y a un an et demi. Là encore, les responsables n'ont jamais été découverts.

A chaque fois, Natalia Estemirova dénonçait l'impunité qui règne en Russie. « Comment peut-on avoir autant de policiers et ne jamais retrouver les coupables » disait-elle. Elle ne voyait qu'une seule explication : « Dans toutes ces affaires, la police russe travaille précisément pour qu'on ne découvre pas les coupables ».

Qui sont les responsables du meurtre ?

Plusieurs équipes d'enquêteurs sont parties de Moscou, mercredi soir, 15 juillet. Elles sont donc à pied d'œuvre ce jeudi en Ingouchie et elles ont manifestement le plein soutien des autorités locales.

Le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, promet d'élucider ce crime monstrueux. « Ceux qui ont fait cela, dit-il, méritent un châtiment digne des criminels les plus cruels ».

Alors, qui a fait « cela » ? Pour l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial, cela ne fait aucun doute : c'est Ramzan Kadyrov, le président tchétchène, dont les milices gèrent sa petite république à coups d'enlèvements et d'assassinats.

Memorial ajoute qu'il avait déjà insulté et menacé Natalia Estemirova, comme il avait déjà insulté et menacé Anna Politkovskaïa. Il les considérait comme des ennemies personnelles.

Mais il paraît peu probable que l'enquête mène jusqu'à lui, car le Kremlin a délégué au président Kadyrov la pacification de la Tchétchénie.

Reportage au siège de Memorial, l'ONG russe à laquelle collaborait Natalia Estemirova

« Oleg Orlov, le président de Mémorial, n'est pas surpris [de l'assassinat] : sa collègue et amie n'était pas appréciée dans les milieux officiels car "elle avait recueilli beaucoup d'informations, notamment sur une exécution sommaire, en public, commise par des hommes de Kadyrov." »

16/07/2009 par Thierry Parisot