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Japon

L'assemblée dissoute, cap sur les élections

par Georges Abou

Article publié le 21/07/2009 Dernière mise à jour le 21/07/2009 à 14:28 TU

C’est la conséquence de la lente érosion du Parti libéral démocrate au cours de ces dernières années et des revers enregistrés par le PLD lors des derniers scrutins locaux : le Premier ministre a prononcé la dissolution de la chambre des députés, mardi, dans la perspective de la tenue d’élections législatives annoncées pour le 30 août. Pour l’opposition, qui n’a pratiquement jamais gouverné, c’est une chance historique de se retrouver, après le scrutin du 30 août prochain, à la fois majoritaire à la chambre des députés et au Sénat, qu’elle contrôle déjà.

Après la dissolution de la chambre, les députés quittent l'hémicycle, le 21 juillet 2008.(Photo : Reuters)

Après la dissolution de la chambre, les députés quittent l'hémicycle, le 21 juillet 2008.
(Photo : Reuters)

C’est une étape incontournable dans le processus politique engagé. Cette dissolution ouvre formellement la voie à la convocation des électeurs pour participer au scrutin législatif anticipé du 30 août. C’est une « anticipation » très relative : le calendrier politique japonais prévoyait en toute hypothèse le renouvellement des députés d’ici la fin de l’année. En réalité depuis le départ du très populaire Premier ministre Junichiro Koïzumi, en 2006, le Parti Libéral Démocrate (PLD) est en perte de vitesse. Le mouvement s’est accéléré et, depuis l’arrivée aux affaires de Taro Aso, on assiste à un véritable effondrement du PLD, dont la popularité n’a pas résisté à la crise internationale et à la récession qui frappe l’archipel de plein fouet.

Au moment de sa prise de fonction, en septembre 2008, gouverner le Japon était déjà un exercice complexe, avec un Sénat contrôlé par l’opposition. Et la situation s’était suffisamment dégradée pour que soit évoquée l’opportunité d’une dissolution anticipée. A l’époque cette hypothèse n’a pas été retenue, vraisemblablement en raison du recul prévisible du PLD et des pertes de sièges auxquelles les députés en place n’ont pas voulu consentir. Ils ont donc préféré laisser la situation pourrir et, aujourd’hui, on évalue la cote de popularité du Parti à quelque 15%, contre 31% à son adversaire.

Tokyo passe à l’opposition

Dans ces conditions, la formation du Premier ministre commence à donner des signes de grande fragilité. Son leadership est contesté par des députés dont il n’aura pas su garantir la pérennité des sièges et qui s’interrogent sur le point de savoir si Taro Aso est la bonne personne pour conduire le parti en ordre de marche et limiter les dégâts. Pour le moment, il semble qu’il ait réussi à détourner la fronde de ses parlementaires, au nom de la nécessité de préserver l’union dans la bataille : « mon seul désir est que tous nos candidats retournent siéger au Parlement. Et pour y parvenir, il n’y a pas d’autres chemins que celui de présenter un front uni et de combattre ensemble », leur a déclaré Taro Aso dans une exhortation à l’unité.

La dégradation de la popularité du PLD est également inscrite dans ses récents revers électoraux aux élections locales. A la mi-juillet, les Tokyoïtes ont renouvelé leur conseil municipal et y ont massivement envoyé siéger l’opposition, première alternance enregistrée depuis 40 ans. Pour le parti dominant, c’est un choc et c’est d’ailleurs au lendemain de cette défaite que la décision d’organiser des législatives anticipées a été prise par Taro Aso.

Le créneau historique du PDJ

Face à la multiplication des signes d’érosion pour le PLD, on voit mal ce qui pourrait inverser la tendance d’ici le 30 août. En conséquence, la question n’est pas tant de savoir qui contrôlera la prochaine chambre basse du Parlement japonais, mais quelle sera l’ampleur de la défaite du parti conservateur. A l’autre bout de l’échiquier politique, l’opposition se frotte les mains. Le Parti démocrate du Japon (PDJ) sait qu’il dispose d’un véritable créneau pour s’emparer de la chambre basse, alors qu’il contrôle déjà le Sénat. Face à un capitalisme en crise, il promet d’adopter une politique économique et sociale moins libérale.

Conduit par Yukio Hatoyama, le PDJ annonce la réduction du gaspillage de l’argent public et la redistribution du revenu national en direction des zones rurales et au profit des plus pauvres. Hatoyama appelle à « un vote révolutionnaire pour la création d’un Japon nouveau avec une politique conduite par des politiciens » (et non pas par des bureaucrates). « Nous devons aborder cette élection avec le sentiment d’une mission historique », déclare Hatoyama tandis que ses adversaires lui demandent de révéler ses plans de financement. Outre la crise qu’il traverse et son entrée en récession, le Japon est en effet l’un des pays les plus endettés du monde, avec un déficit des finances publiques supérieur à 180% de son PIB.

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