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Royaume-Uni / Libye

Lockerbie, point final ?

par Piotr Moszynski

Article publié le 13/08/2009 Dernière mise à jour le 20/08/2009 à 13:23 TU

Abdel Basset Ali al-Megrahi escorté par des officiers de police libyens à Tripoli, le 18 février 1992.(Photo : AFP)

Abdel Basset Ali al-Megrahi escorté par des officiers de police libyens à Tripoli, le 18 février 1992.
(Photo : AFP)

Les affirmations des médias britanniques sur une possible libération, pour raison de santé, du seul condamné dans l’affaire de l’attentat de Lockerbie, pourraient mettre un point final au long feuilleton juridico-diplomatique qui a suivi l’attentat, perpétré il y a un peu plus de vingt ans.

Le 21 décembre 1988, une bombe explosait à bord d’un Boeing 747 de la compagnie américaine PanAm. La catastrophe est survenue au-dessus du village écossais de Lockerbie, faisant 270 morts, dont 11 au sol.

Soupçonnée rapidement d’être à l’origine du crime, la Libye a longtemps refusé de reconnaître sa responsabilité et de livrer à la justice écossaise ses deux agents des services de renseignement, inculpés dès 1991 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis du crime de Lockerbie. Il faudra sept ans de négociations pour que toutes les parties acceptent qu’une cour écossaise juge les deux suspects à Camp Zeist à La Haye aux Pays-Bas.

Condamnation

Les deux accusés plaident non coupables. L’un d’eux, Amine Khalifa Fhimah, est effectivement acquitté, mais l’autre, Abdel Basset Ali al-Megrahi, est condamné à la prison à vie assortie d’une période de sûreté de vingt-sept ans. Il fait appel, et perd. Il purge actuellement sa peine en Ecosse, à la prison de Greenock. Selon plusieurs sources, il serait en phase terminale d’un cancer de la prostate. En novembre 2008, trois semaines après l’annonce de sa maladie par ses avocats, la Cour d’appel d’Edinbourg refuse néanmoins sa libération conditionnelle, réclamée par les autorités libyennes pratiquement à l’occasion de chaque rencontre avec leurs homologues britanniques. Ceux-ci renvoient systématiquement Tripoli vers le gouvernement écossais, doté d’un système judiciaire autonome.

Le secrétaire écossais à la Justice, Kenny MacAskill, qualifie les informations sur la prochaine libération de Megrahi de « pures spéculations » et assure qu’« aucune décision n’a été prise » en la matière. Toutefois, selon la BBC, le même Kenny MacAskill devrait officiellement annoncer la libération du Libyen la semaine prochaine.

Les réactions des familles des victimes aux « spéculations » en cours sont très diverses. Certaines voient une éventuelle libération de Megrahi comme « ignoble » et « honteuse ». Mais d’autres pensent qu’elle « ferait honneur à l’Ecosse ». D’autres encore estiment tout simplement que Megrahi n’est pas le vrai coupable, donc sa libération ne serait, pour eux, que justice.

Sanctions

En conséquence de l’attentat de Lockerbie, de lourdes sanctions internationales ont été infligées à la Libye. Elles ont causé un tel isolement du pays du reste du monde qu’elles ont finalement amené les autorités libyennes à changer de politique. Tripoli a obtenu la suspension des sanctions immédiatement après la remise de Fhimah et Megrahi aux autorités de l’ONU, le 5 avril 1999. Elles n’ont été levées définitivement qu’en 2003, après la reconnaissance officielle par Tripoli de sa responsabilité dans l’attentat et après le transfert de 2,7 milliards de dollars au titre d’indemnisation des victimes vers un compte protégé à la Banque des règlements internationaux en Suisse. Depuis, on note un réchauffement progressif des relations entre la Libye et les pays occidentaux et le colonel Kadhafi est considéré par les chancelleries comme beaucoup plus fréquentable qu’il y a quelques années.