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Afghanistan / Présidentielle 2009

Les Afghans ont commencé à voter

Article publié le 20/08/2009 Dernière mise à jour le 20/08/2009 à 12:28 TU

Une femme afghane sur le point d'accomplir son devoir civique.( Photo :Adrees Latif/ Reuters )

Une femme afghane sur le point d'accomplir son devoir civique.
( Photo :Adrees Latif/ Reuters )

Quelques 17 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce jeudi pour les élections présidentielles et provinciales. Les bureaux de vote ont ouvert il y a quelques heures ce matin. La commission électorale en prévoyait 6700 mais il se pourrait que 10% d'entre eux restent clos en raison des menaces d’attentats des talibans. Les forces de sécurité, notamment la police, sont sur les dents et on signale quelques bruits d'explosion. Enfin, les bureaux de vote ne semblent pas faire le plein d’électeurs.

Le récit de notre envoyée spéciale, Sophie Malibeaux

Le déploiement des forces policières est tout à fait extraordinaire : on ne peut pas rouler dans le centre de Kaboul sans se faire arrêter par les policiers toutes les 5 minutes en moyenne. Il est même difficile de stationner au cœur de la capitale et la police est extrêmement nerveuse. Tous les véhicules sont fouillés.

La ville toute entière est placée dans une sorte de torpeur : les magasins sont restés fermés pour la plupart et les rues n’ont jamais été aussi vides aux abords du bazar. On ne peut pas dire qu’il y ait foule dans les bureaux de vote et, plus de deux heures après l’ouverture, les électeurs semblent se faire attendre. La seule file d’attente constatée se trouve dans le quartier huppé de la capitale proche des ambassades et des ministères où je viens de voir le frère du commandant Massoud déposer son bulletin de vote.

Un calme très relatif

A peine une heure après avoir commencé notre tournée des bureaux de vote, en commençant à l’est de la capitale, on nous a signalé une explosion et nous nous sommes rendus sur les lieux. Des hommes de la sécurité pratiquaient des fouilles au corps et il n'a pas été facile de pénétrer dans le bureau de vote.

Sur place, nous avons pu interroger un député qui nous a confirmé l’explosion et, alors que nous l’interrogions, une autre détonation s’est faite entendre.  « Comme d’habitude »  a commenté ce député, un partisan du président Karzaï, avec un air embarrassé. Par ailleurs, il ne s’est pas étonné qu’on l’interroge à ce sujet malgré l’interdiction faite aux journalistes de mentionner la moindre violence jusqu'à ce soir 20 heures. 

Les doigts tachés d'encre

Lors des précédentes échéances électorales, l’attention se portait sur la qualité de l’encre qui devait permettre d’identifier ceux qui avaient déjà voté. On se demandait alors si l’encre tiendrait suffisamment longtemps sur le doigt pour empêcher l’électeur mal intentionné de voter dans plusieurs bureaux de vote. Cette fois, la qualité du produit ne fait plus aucun doute, le doigt restera longtemps marqué et c’est bien cela qui pose problème.

Cristina arpente le pays depuis trois semaines pour une organisation d’observateurs asiatiques. Elle a enregistré les craintes de nombreux électeurs à ce sujet. « Certains sont préoccupés par le fait d’avoir à tremper le doigt dans une encre indélébile, qui ne partira qu’après une à deux semaine, et qui constituera la preuve du fait qu’ils sont allé voter, qu’ils ont participé au scrutin. Ils craignent qu’on leur coupe la main.»

C'est ce qu'annoncent certains tracts retrouvés dans plusieurs localités du pays et attribués aux talibans. Les menaces sont parfois moins précises, mais elles sont inscrites noir sur blanc, sur papier à entête du Hezb I Islami de Gulbudin Heykmatyar. L’ancien chef de guerre partage avec les talibans une même aversion du processus en cour et promet de sanctionner quiconque s’approchera des bureaux de vote.

Aux dernières élections, en 2004 et 2005, cette propagande n’atteignait pas la capitale. Aujourd’hui, c’est une autre affaire, les insurgés semblent avoir jeté toutes leurs forces dans la bataille.