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Libye

La libération d' al-Megrahi liée à des contrats ?

par Franck WEIL-RABAUD

Article publié le 22/08/2009 Dernière mise à jour le 22/08/2009 à 18:10 TU

Seïf al-Islam, l’un des fils du colonel Kadhafi (d), en conversation avec Abdelbaset Ali al-Megrahi, avant son arrivée à Tripoli, le 21 août 2009.(Photo : AFP)

Seïf al-Islam, l’un des fils du colonel Kadhafi (d), en conversation avec Abdelbaset Ali al-Megrahi, avant son arrivée à Tripoli, le 21 août 2009.
(Photo : AFP)

Seïf al-Islam, l'un des fils du colonel Kadhafi, a affirmé ce vendredi soir sur sa chaîne de télévision Al-Moutaouasset (La Méditerranée) que la libération d'Abdelbaset Ali al-Megrahi avait « toujours été sur la table des négociations dans tous les contrats commerciaux de pétrole et de gaz avec la Grande-Bretagne ». Le gouvernement britannique a démenti en affirmant que la décision de libérer l'ancien agent libyen était du ressort de la justice écossaise.

Seïf al-Islam, le plus connu des enfants du dictateur libyen avait été dépêché en Ecosse pour ramener l'auteur principal de l'attentat de Lockerbie, libéré officiellement pour raisons de santé. À son arrivée à Tripoli Abdelbaset al-Megrahi a été accueilli en héros.

Interviewé par sa propre chaîne de télévision, Seïf al-Islam a souligné que le sort du ressortissant libyen avait été évoqué à chaque visite à Tripoli de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

Le colonel Kadhafi, qui a reçu Abdelbaset al-Megrahi peu après son retour au pays, a de son côté félicité les autorités écossaises pour une décision qualifiée de « courageuse ». Il a également remercié le Premier ministre britannique, la reine et le prince Andrew pour avoir contribué à cette libération.

Du fait de sa proximité de l'Europe et des conflits du Moyen-Orient et d'Asie, la Lybie est devenue l'une des régions les plus convoitées du globe par les investisseurs étrangers.

La British Petroleum (BP) a signé en 2007 un nouveau contrat d'un montant de 900 millions de dollars pour la prospection de gaz et de pétrole sur le continent et en off shore.

En 2008, les importations de pétrole de la Libye vers la Grande-Bretagne connaissaient une hausse de 66%. Dans le premier semestre de la même année, les exportations de biens de consommation britanniques avaient augmenté de 50%.

D'autres sociétés britanniques, dans le secteur des banques et de la chimie, sont sur le pied de guerre depuis longtemps mais les contrats avec la Libye restent hautement politisés.

La libération d'Abdelbaset Ali al-Megrahi pourrait « arranger » les investisseurs potentiels.

La presse britannique ne cache pas son écœurement…

Avec notre correspondante à Londres, Murielle Delcroix

Les scènes de liesse à Tripoli, les petites phrases et autres pavés dans la mare lancés par la Libye après la libération d’Abdelbaset Al-Megrahi, ulcèrent les journaux britanniques.

Le quotidien The Guardian estime que « malheureusement, ni l’Ecosse, ni la Grande-Bretagne, ni la Libye et encore moins Washington ne sont sortis grandis de cette affaire, déplore dans son éditorial le journal, ce qui unit tous ces gens est un manque d’enthousiasme flagrant à chercher la vérité sur cet attentat, ou à la révéler, s’ils la connaissent. » Et le quotidien conclut, « il faut dire que traquer le crime aux portes des régimes syrien, iranien ou libyen –tous de possibles coupables- aurait des répercussions qui menaceraient tellement d’intérêts dans tant de pays, que pour eux, ça n’en vaut pas la peine.» Un sentiment que l’on retrouve dans le quotidien The Independent pour qui « il faudrait être naïf pour ne pas percevoir l'odeur du marchandage d'arrière-boutique » dans cette décision.

Tous les dirigeants en prennent donc pour leur grade à commencer par Gordon Brown dont le Daily Telegraph remarque « l’étrange silence » sur toute l’affaire, un silence qui alimente selon lui les rumeurs d’une libération appuyée en sous-main afin de promouvoir les intérêts des compagnies pétrolières britanniques en Libye. D’où l’amertume du tabloïd Daily Mail qui parle de « semaine de la honte » pour les responsables, des deux côtés de la frontière.