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Affaire Clearstream

Ouverture du procès

Article publié le 21/09/2009 Dernière mise à jour le 21/09/2009 à 18:07 TU

Le procès Clearstream s'est ouvert ce lundi à Paris. Poursuivi pour dénonciation calomnieuse, dans cette affaire rocambolesque de faux listings, Dominique de Villepin s'en est pris à Nicolas Sarkozy avant de pénétrer dans la salle du tribunal et de s'installer sur le banc des prévenus, aux côtés de l'ancien trader Imad Lahoud, de l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin, du journaliste Denis Robert et l'ex-auditeur d'Arthur Andersen Florian Bourges. Mais ce qui donne à ce procès un retentissement particulier, c'est bien sûr le fait que Nicolas Sarkozy soit l'une des principales parties civiles. Clearstream et ses listings truqués, une affaire devenue une affaire d'Etat en France où se mêlent justice et politique... Clearstream, à l'origine, est une société basée au Luxembourg dont le nom n'était connu que de quelques initiés.

Dominique de Villepin, l'ancien Premier ministre (c), arrive au tribunal correctionnel de Paris où débute le procès de l'affaire Clearstream, ce 21 septembre 2009.(Photo : Charles Platiau/Reuters)

Dominique de Villepin, l'ancien Premier ministre (c), arrive au tribunal correctionnel de Paris où débute le procès de l'affaire Clearstream, ce 21 septembre 2009.
(Photo : Charles Platiau/Reuters)

Dominique de Villepin.

« Ces mises en cause sont douloureuses, pour moi et pour ma famille, mais je me battrai pour que dans le cadre de l’instruction la vérité puisse apparaître. »

21/09/2009

 

Avec Franck Alexandre, au Palais de Justice de Paris

Jusqu’à présent, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy se livraient des escarmouches en distillant de petites phrases par médias interposés.

Cet après-midi, le vrai combat a débuté dans l’enceinte judiciaire. Et dès le début de l’audience, le camp Villepin qui veut sortir Nicolas Sarkozy des parties civiles a chargé sabre au clair : « Ce qui est important, c’est l’égalité des armes », martèle Henri Leclerc. « Or ici nous sommes désavantagés », poursuit-il. Voilà résumée la bataille du jour : le statut pénal du chef de l’Etat, car le président de la République jouit d’une immunité absolue et ne peut être cité comme témoin. Il ne peut être poursuivi. « Et pourtant, le président s’engage publiquement. Il a promis par exemple de ‘pendre à un croc de boucher’ ceux qui ont voulu le salir », précise Maître Leclerc.

Des arguments que d’un revers de main Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, a balayé. « Le président de la République est une partie civile comme les autres et Dominique de Villepin est un prévenu comme les autres ». Et l’avocat de rappeler, date à l’appui, que son client n’est jamais intervenu dans la procédure.

Jean-Claude Marin, à la tête du ministère public, enfonce le clou : « Ce n’est pas parce qu’il est devenu président qu’il doit se retirer du dossier ».

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP.

« Je crois que dans cette affaire, il y des victimes, il y a des prévenus. Il ne faut pas confondre. »

21/09/2009

Le tribunal rendra sa décision plus tard. Demain, le procès entrera dans le vif du sujet : l’origine des listings Clearstream. La genèse de l’affaire sera évoquée à l’audience.

Le constitutionnaliste Didier Maus

« Il y a incontestablement un problème dans la mesure où le président de la République ne peut pas être mis en cause et le problème va se poser très prochainement à propos de l'audition des parties civiles. »

21/09/2009 par Jean-François Cadet

La société luxemburgeoise Clearstream

Avec notre bureau de Bruxelles

Née il y a trente-huit ans, Clearstream est ce que l’on appelle « un dépositaire central international », en clair un intermédiaire proposant ses bons offices aux partenaires d’une transaction dont il garantit la bonne fin.

Les 1 100 salariés de Clearstream, propriété à 100% de la bourse de Francfort, suivent quelque 2 500 clients dans 110 pays, des banques et quelques entreprises mais pas un seul particulier.

Le système informatique de Clearstream traite environ 250 000 affaires par jour. Même en temps de crise, l’entreprise est florissante ce qui lui permet notamment de rémunérer son président, l’Américain Jeffrey Tessler, à hauteur, l’année dernière, de « trois millions quatre cent mille neuf cents euros » exactement, selon l’hebdomadaire spécialisé BusinessWeek.

Pris dans la tourmente en 2001 à la suite d’accusations maladroitement démenties de dissimulation de trafics financiers, Clearstream revient ces jours-ci sur le devant de la scène, à son corps défendant cette fois-ci, puisque c’est abusivement que son nom a été utilisé par les faussaires qui ont bricolé sa liste de clients.

Le QG de Clearstream est un grand immeuble récent sur le plateau de Kirchberg, à la sortie de la ville de Luxembourg, entre les bureaux de Fortis et du Crédit lyonnais et en face du lieu de réunion, trois mois par an, des ministres des Finances de l’Union européenne.

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(Photo : AFP)