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Pays-Bas / Côte d'Ivoire

Dernier obstacle pour Trafigura

Article publié le 21/09/2009 Dernière mise à jour le 23/09/2009 à 09:19 TU

Trafigura, la société de négoce international fondée par deux Français en 1993, a préféré payer des millions d’euros, en Côte d’Ivoire et à Londres, plutôt que d’aller en justice. Aux Pays-Bas, où un autre procès est en cours, il en ira sans doute autrement.

De notre correspondante à Amsterdam, Sabine Cessou

Le <em>Probo Koala</em> a déversé, dans la nuit du 19 août 2006, plusieurs centaines de tonnes de produits toxiques à Abidjan.(Photo : AFP)

Le Probo Koala a déversé, dans la nuit du 19 août 2006, plusieurs centaines de tonnes de produits toxiques à Abidjan.
(Photo : AFP)

Greenpeace se mobilise, plus que jamais, pour que l’étau de la justice se resserre autour de Trafigura. « L’argent ne peut pas acheter la justice », a déclaré un porte-parole de Greenpeace, à l’annonce de l’accord financier négocié avec les avocats des 31 000 victimes ivoiriennes des déchets toxiques du Probo Koala.

Greenpeace accuse Trafigura, la société néerlandaise qui a affrété le Probo Koala, d’avoir toujours su que les eaux usées transportées par le cargo étaient toxiques, et leur exportation illégale. Plutôt que de les traiter au prix fort au port d’Amsterdam, qui avait découvert leur nature suspecte en juillet 2006, Trafigura a préféré négocier à bas prix avec Tommy, une petite société ivoirienne inexpérimentée. Résultat : les déchets ont été déversés dans des décharges d’Abidjan, le 19 août 2006, à ciel ouvert. La justice ivoirienne a dénombré 17 morts, tandis que le rapporteur des Nations unies sur le dossier évoque 15 décès.

La décharge d’Akouédo, à l’emplacement du premier déversement des déchets toxiques en 2006.(Photo : N. Navarro/RFI)

La décharge d’Akouédo, à l’emplacement du premier déversement des déchets toxiques en 2006.
(Photo : N. Navarro/RFI)

 
Greenpeace, une association forte de 500 000 membres aux Pays-Bas, a saisi vendredi la cour d’appel de La Haye. Elle cherche à étendre les poursuites judiciaires déjà engagées aux Pays-Bas contre Trafigura aux faits commis hors du territoire néerlandais, notamment en Côte d’Ivoire. Elle demande aussi l’inculpation de son directeur, le Français Claude Dauphin, en personne.

Voilà plusieurs mois que Greenpeace mène sa propre enquête, avec l’émission de télévision britannique BBC Newsnight et le quotidien The Guardian, pour rassembler des éléments de preuve contre Trafigura. BBC Newsnight a déjà révélé en mai dernier que le Probo Koala contenait au moins 2 tonnes d’hydrogène sulfuré, un poison mortel.

Le Parti travailliste (PVDA), membre de l’actuelle coalition au pouvoir, soutient la démarche de Greenpeace. Il préconise par ailleurs le retrait de la licence permettant à Trafigura, une société basée à Londres, Genève et Amsterdam, d’opérer depuis les Pays-Bas. « Notre pays ne doit pas être un havre pour ce genre d’entreprises malfaisantes », explique Diederik Samsom, député travailliste.

Si Greenpeace obtient gain de cause, le procès qui s’est ouvert le 24 mai 2008 à Amsterdam sur l’affaire du Probo Koala pourrait être plus important que prévu. Trafigura n’y figure pas seule sur le banc des accusés. Le capitaine du Probo Koala, la ville d’Amsterdam et la société de traitement de déchets Amsterdam Port Services (APS) doivent aussi rendre des comptes, pour la partie du scandale qui s’est déroulée en territoire néerlandais. Le Probo Koala n’aurait jamais dû être autorisé à repomper ses eaux usées à bord, quand APS a découvert leur toxicité et demandé 500 000 dollars pour les traiter. Le tribunal d’Amsterdam avait décidé en mai 2008 de ne pas poursuivre Claude Dauphin, au grand dam de Greenpeace, qui voudrait voir les responsables des grandes sociétés s’expliquer sur des catastrophes d’aussi grande envergure.

A écouter

Les victimes des déchets toxiques du quartier de Vridi-Zimbabwé à Abidjan (Audio - 01min18sec)

Les victimes des déchets toxiques du quartier de Vridi-Zimbabwé à Abidjan

« Les défenseurs des victimes du quartier de Vridi-Zimbabwé, le quartier déshérité, près du port d'Abidjan, sont très remontés contre les avocats du groupe Trafigura. »

21/09/2009

Pierre Lorinet

« Les déchets n'ont pas pu causer ce qui a été prétendu. Même s'il y a eu en effet des gens qui ont souffert, ce n'est pas possible que cela ait été de l'ordre de ce qui a été prétendu. »

23/09/2009