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Côte d'Ivoire

Probo Koala: Trafigura échappe une nouvelle fois à un procès

par  RFI

Article publié le 21/09/2009 Dernière mise à jour le 21/09/2009 à 07:45 TU

Trafigura a annoncé dimanche être parvenue à un accord avec les défenseurs de milliers d'Ivoiriens, victimes de boues toxiques déversées dans des décharges à ciel ouvert à Abidjan en 2006. Un accord d’indemnisation des 31 000 plaignants qui avaient assigné la société devant la justice britannique, a été négocié. Trafigura échappe donc au procès qui était prévu dans quelques jours mais ce n’est pas la fin de ses ennuis judiciaires.

Un activiste de la "brigade toxique" de Greenpeace face au Probo Koala, ici en Estonie en 2006, quelques jours après le déchargement des déchets toxiques à Abidjan.(© Greenpeace / Åslund - source : wwww.greenpeace.org)

Un activiste de la "brigade toxique" de Greenpeace face au Probo Koala, ici en Estonie en 2006, quelques jours après le déchargement des déchets toxiques à Abidjan.
(© Greenpeace / Åslund - source : wwww.greenpeace.org)

Trafigura est-elle coupable ou non de la mort de 15 à 17 personnes et de l’intoxication de 100 000 autres ? Les victimes des déchets toxiques du Probo Koala aimeraient le savoir. Evidemment la multinationale nie toujours sa responsabilité mais elle fait tout pour éviter de se retrouver sur le banc des accusés.

Pourquoi évite-elle tout procès ? Certaines victimes, qui vont recevoir une bouchée de pain (750 000 francs CFA), restent aussi avec leurs interrogations. Elles attendaient du procès, qui devait se tenir dans trois semaines devant la Haute Cour de Londres, les réponses à leurs questions.

Les avocats qui avaient assigné Trafigura viennent de la mettre en partie à l’abri de toute plainte. Près d’un tiers des 108 000 victimes du Probo Koala ne pourront plus intenter une action en justice contre l’affréteur du navire. En obtenant l’accord d’indemnisation avec les défenseurs des 31 000 victimes, Trafigura réussit pour la 2e fois à éviter le banc des accusés. En 2007, elle avait déjà conclu un accord avec le gouvernement ivoirien. La société a payé 100 milliards de francs CFA en échange de l’abandon de toute poursuite en Côte d’Ivoire.

Mais le volet judiciaire dans l’affaire du Probo Koala n’est pas entièrement clos. Un procès contre l’affréteur du navire est prévu l’année prochaine aux Pays-Bas.

Denis YAO PIPIRA, président de la fédération nationale des associations de victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (FENAVIDET-CI).(Photo : N.Navarro/RFI)

Le point de vue de Denis Yao Pipira, président de la Fédération nationale des associations de victimes des déchets toxiques de Côte d'Ivoire.

Il pointe le fait que l'accord concerne 31 000 victimes, alors qu'il y a des dizaines de milliers d'autres victimes. Plutôt qu'un accord, il parle d'un arrangement entre deux cabinets d'avocats.
(Photo : N.Navarro/RFI)

Denis Yao Pipira, président de la Fédération nationale des associations de victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (FENAVIDET-CI)

« On oblige les pauvres victimes à dire que les déchets ne sont pas toxiques alors que plusieurs rapports en ont souligné la haute toxicité. »

21/09/2009 par Norbert Navarro

 

La genèse d'un accord

Il y a juste une semaine, Trafigura annonce être sur le point de signer un accord d’indemnisation avec les victimes ivoiriennes. A ce moment, un représentant du cabinet londonien des avocats des plaignants se trouve depuis quelques heures à Abidjan où il fait passer un document d’une page à chacune des 31 000 victimes qui ont porté plainte. Un texte qui explique que les déchets toxiques du Probo Koala n’ont pas provoqué de séquelles à long terme, que ceux qui souffrent de leurs effets ont pu être impressionnés, mais que c’est anodin.

Il les engage aussi à ne plus porter plainte, même si leur état de santé s’aggravait. L'avocat conseille aussi aux plaignants d’accepter les 750 000 francs CFA par personne proposés par Trafigura, une injonction plutôt qu’un conseil. Il précise que celui ou celle qui ne signe pas sera rayé de la liste. Certaines victimes soupçonnent leur avocat d'être de connivence avec la multinationale.

Peu après le scandale du Probo Koala, il y a 3 ans, le cabinet londonien « Leigh Day & Co » était venu proposer aux victimes ivoiriennes de les représenter et de porter plainte. Le même cabinet vient donc de les contraindre à abandonner toute poursuite, à trois semaines d’un procès qui aurait pu peut-être établir la responsabilité de Trafigura.