Article publié le 23/09/2009 Dernière mise à jour le 24/09/2009 à 04:01 TU
L'ex vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin (g) et son employé Imad Lahoud (d) pendant le procès Clearstream, le 23 septembre 2009.
(Photo : Benoît Peyrucq/AFP)
Imad Lahoud qui a déjà dit tout et son contraire a servi une nouvelle version au tribunal. Oui, reconnaît-il, c’est bien lui qui a introduit le nom de Nicolas Sarkozy dans les listings, mais sous la dictée de Jean-Louis Gergorin.
Et il raconte : « J’ai fait ça en mars 2004, au ministère de l’Intérieur. Yves Bertrand, le patron des RG, et le général Rondot étaient là. Jean-Louis Gergorin a exercé une grande pression. Moi, j’étais réticent. Mais, précise Lahoud, ce n’est pas moi qui ai introduit les autres noms ». Et l’informaticien termine par un exercice de contrition : « Je demande pardon. Je regrette amèrement, mais je n’étais qu’une petite main ». Sous-entendu, c’est Gergorin qui a tout orchestré.
Réaction immédiate de l’intéressé : « Je démens en bloc cette scène grand-guignolesque dans le bureau d’Yves Bertrand », lance Jean-Louis Gergorin. Et de conclure : « Le prétendu piratage informatique des fichiers bancaires était crédible. Cet homme a une capacité de persuasion extraordinaire ».
Qui manipule qui ?
Jean-Louis Gergorin et les services de Renseignements ont-ils pu se faire abuser à ce point par un informaticien ?
Une chose est sûre, le dossier le prouve. Imad Lahoud est un manipulateur né. Au début des années 2000, il convainc les services secrets français qu’il peut remonter les sources de financement d’al-Qaïda en piratant le réseau informatique de Clearstream au Luxembourg. Il commence à travailler pour la DGSE avec le général Rondot, mais jamais Lahoud ne mettra les services sur la piste de Ben Laden. En revanche, il récupère des listings Clearstream auprès du journaliste Denis Robert.
A partir de là, Imad Lahoud va réussir le tour de force de convaincre le général Rondot et Jean-Louis Gergorin qu’il peut pirater en temps réel le réseau Clearstream. Et soudainement, des noms d’hommes politiques sont apparus sur les listings. « Là, j’ai été impressionné », reconnaît Gergorin qui charge Lahoud. « Je n‘arrivais pas à imaginer qu’il se payait ma tête ».
«J’étais sa chose. Je n’ai fait qu’obéir », rétorque Lahoud.
Chacun joue sa partition, mais pour le moment, le rôle de Dominique de Villepin n’a toujours pas été évoqué devant le tribunal.