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Allemagne

Angela Story : de la Trabant à la Mercedes blindée

par Piotr Moszynski

Article publié le 25/09/2009 Dernière mise à jour le 25/09/2009 à 21:24 TU

Les élections législatives en Allemagne, dimanche 27 septembre, devraient permettre à Angela Merkel de se succéder à elle-même au poste de chancelière. Portrait de cette femme, élue quatre ans de suite « femme la plus puissante de la planète » par le magazine américain Forbes.

La chancelière allemande Angela Merkel.(Photo : Fabrizio Bensch / Reuters)

La chancelière allemande Angela Merkel.
(Photo : Fabrizio Bensch / Reuters)

« Gamine », « Angie », « Sphinx », « Madame Non », « la chancelière en pantalon », ou encore, selon Le Point, femme au « charisme d’une Trabant », devenue « la femme-caoutchouc de la politique allemande ». Décidement, les médias et l’opinion publique ont du mal à cerner la personnalité de celle qui préside aux destinées de l’Allemagne depuis quatre ans et qui s’apprête à doubler la mise en obtenant un second mandat à la Chancellerie.

Il est vrai que le décryptage n’est pas facile. Angela Merkel est née Kassner en 1954 à Hambourg, ville située à l’époque dans la partie occidentale, « capitaliste », de l’Allemagne, mais elle a grandi dans sa partie orientale, la RDA, communiste et qualifiée souvent d’un des Etats les plus totalitaires et policiers parmi les « pays-frères » du camp soviétique.

La fille de pasteur

Les Kassner y ont suivi le père de la famille, un pasteur qui espérait évangéliser le peuple est-allemand, mais qui a en même temps singulièrement compliqué la vie à ses enfants. En effet, l’Eglise était loin d’être le secteur favori de la société aux yeux des dirigeants de la RDA, et, en conséquence, la progéniture des pasteurs ne l’était malheureusement pas non plus. Paradoxalement, les difficultés quotidiennes qui en découlaient pour la jeune Angela lui ont été manifestement bénéfiques à long terme. Pour être admise à l’université ou pour décrocher un travail, il fallait qu’elle soit tout simplement LA meilleure. Et elle l’était.

Le système politique dans lequel elle baignait a aussi indirectement déterminé le choix de son métier : physicienne. « Parce que – disait-elle – même dans un pays communiste, un et un, ça fait toujours deux ». Alors qu’en histoire, économie ou sociologie, ça faisait souvent zéro, et en sciences politiques, ça descendait aisément à moins six. Mais, dès que la politique devient à peu près normale, Angela Merkel se jette dans ses bras. Peu avant la chute du Mur de Berlin, elle rejoint le parti chrétien démocrate, la CDU. Elle y entame rapidement une vraie carrière quand la RDA existe encore. Elle est porte-parole adjointe du dernier gouvernement de cet Etat, dirigé par la CDU, Lothar de Maizière.

Elle rafle facilement un siège de députée lors des législatives de décembre 1990, ce qui attire l’attention du chancelier de l’époque, Helmut Kohl. Il devient son mentor, il la fait entrer au gouvernement, mais quand éclate l’affaire des caisses noires de la CDU – elle s’en démarque et profite de l’occasion pour commencer à voler véritablement de ses propres ailes.

61% pour la reconduction

Victorieuse d’une très courte tête de son rival social-démocrate Gerhard Schroeder en 2005, elle est néanmoins obligée de composer avec son parti, le SPD. C’est ainsi que naît la « grande coalition » actuelle. Parmi les succès d’Angela Merkel : l’adoption du Traité de Lisbonne lors de la présidence allemande de l’Union européenne. En cohabitation avec la gauche, la chancelière agit de façon moins spectaculaire sur la scène intérieure.

Durant la campagne électorale, elle s’exprime peu sur son programme. Elle expose plutôt tout simplement sa personne. Et c’est une tactique qui semble payante. En effet, c’est justement sa personne qui intéresse le plus les Allemands. Dans un récent sondage, 61% des interrogés ont affirmé être favorables à la reconduction d’Angela Merkel comme chef du gouvernement, alors que son parti ne jouit que de 37% des intentions de vote…

Un peu surprenant pour cette femme très discrète ; on aurait presque envie de dire : timide. On a l’impression que, quelque part, elle garde toujours au fond d’elle-même une appréhension de parler trop ouvertement, de trahir ses vraies pensées – comme si la Stasi, la police politique est-allemande, veillait toujours… Mais l’essentiel en politique, ce n’est peut-être pas tellement de parler, mais de faire. Et dans ce domaine, on ne peut pas refuser à Angela Merkel une certaine efficacité…

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