par RFI
Article publié le 28/09/2009 Dernière mise à jour le 28/09/2009 à 10:30 TU
Les conservateurs (CDU/CSU) menés par la chancelière Angela Merkel, et leurs alliés libéraux du FDP, ont remporté une majorité confortable, avec 332 députés sur les 622 que comptera le Bundestag, selon les résultats officiels communiqués ce lundi. Angela Merkel a annoncé le 27 septembre, qu'elle formera un gouvernement avec les libéraux du FDP. Frank-Walter Steinmeier, candidat des sociaux-démocrates (SPD), a reconnu « l'amère défaite » de son parti, qui enregistre un score de 23%, soit le plus bas d'après-guerre. Le taux de participation a été lui aussi historiquement bas : 70,8% contre 77,7% en 2005.
Frank-Walter Steinmeier et Angela Merkel à Berlin en juillet 2009. Ils étaient alors alliés politiquement au sein de la grande Coalition. Le SPD a payé cher électoralement son alliance gouvernementale avec les conservateurs de la CDU.
(Photo : AFP/Macdougall)
Les réactions au soir des élections
Au quartier général de la CDU, sympathisants et militants fêtent la victoire et leur leader, Angela Merkel, « Angie », la reine de la soirée.
« Des cris de joie accueillent Angela Merkel, elle est la super star de la soirée, celle qui a réussi son pari de former un gouvernement avec son traditionnel allié, les Libéraux... »
Côté SPD, l’ambiance est plutôt morose car le parti, conduit par le ministre des Affaires étrangères du gouvernemenr sortant, Frank-Walter Steinmeier, enregistre une défaite historique. L’heure est donc à l’introspection pour le SPD, qui paye cher sa coalition avec la CDU.
« C'est dans un silence de mort que les militants du SPD, réunis au siège du parti, acccueillent les premiers sondages sortis des urnes... »
Bon nombre d’électeurs déçus de la politique de la grande coalition sortante CDU-SPD ont reporté leur voix sur le parti de gauche Die Linke, des néo-communistes qui obtiennent 13% des suffrages au lieu des 10 escomptés. Nés dans l'Allemagne de l'Est, ils se veulent aujourd'hui la vraie force sociale au Bundestag, le parlement allemand.
Die Linke devient surtout un parti doté d'une véritable implantation nationale, y compris à l'Ouest. Il double le SPD sur sa gauche, alors que l'Allemagne sort à peine de la crise économique et redoute une flambée du chômage.
Le centre sort grand perdant de ce scrutin. Il va y avoir désormais, un gouvernement fort, plus à droite, et une opposition forte aussi, ancrée plus à gauche.
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibault
Angela Merkel a su, avant et pendant la crise, emprunter – ou voler, diront certains - des thèmes chers aux socio-démocrates, pendant que ceux-ci devaient, d’un autre côté, faire face à une concurrence de plus en plus rude de la gauche radicale.
Beaucoup d’électeurs socio-démocrates sont restés dimanche à la maison, ou ont voté pour d’autres partis. Ils étaient déçus des réformes sociales de l’agenda 2010 de Gerard Schröder mis en œuvre jusqu’en 2005, ainsi que, sous la grande coalition, de la réforme de la retraite à 67 ans voulue et imposée par le SPD.
Il est vrai également que le SPD n’avait pas une position très claire vis-à-vis de la concurrence de la gauche radicale : il s’interdit une alliance nationale avec cette mouvance paneuropéenne, mais est prêt à travailler avec elle dans les régions.
Dernière explication : la personnalité du candidat, le peu charismatique Frank-Walter Steinmeier, qui n’est pas la même « bête de scène » que l’était le chancelier Schröder, ce qui n’a pas aidé le parti à redresser la barre dans la dernière ligne droite, comme il l’avait espéré.
Coincé entre une participation gouvernementale où il perdait son profil et une opposition plus séduisante pour des électeurs de gauche critiques, le SPD a touché le fond dimanche.
Quel avenir pour le parti ?
Dans la demi-heure qui a suivi la proclamation des résultats, Frank-Walter Steinmeier s’est malgré tout autoproclamé chef de l’opposition, et il devrait être élu cette semaine président du groupe parlementaire SPD. Mais l’on peut se demander si ces déclarations sont comparables à celles du capitaine du Titanic qui, dans le naufrage, veut encore croire à l’avenir de son navire, ou bien si Steinmeier sera le grand timonier qui va mener son parti vers un avenir radieux.
Les doutes sont permis. Hier soir, la gauche du SPD, à commencer par le maire de Berlin Klaus Wowereit ; qui gouverne avec la gauche radicale, a déjà donné de la voix en déclarant : « le parti doit se demander ce qu’il a fait pour en arriver là ».
Steinmeier représente plutôt la droite de son parti ; il aura donc fort à faire avec la gauche de son mouvement qui réclame des accents plus radicaux, veut jeter par-dessus bord les réformes sociales impopulaires de l’ère Schröder (Steinmeier y était étroitement associé) et exiger que le parti se distance de la présence allemande en Afghanistan.
Tout cela pourrait favoriser en tout cas un rapprochement avec la gauche radicale. Seul bémol dans ces querelles intestines : un front uni de la gauche devrait se créer assez rapidement, avec le SPD, la gauche radicale et les Verts, contre le nouveau gouvernement, accusé par la nouvelle opposition de sacrifier les acquis sociaux sur l’autel du néo-libéralisme, mais le congrès du SPD en novembre promet d’être chaud.
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