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France / Justice

Jacques Chirac, premier ex-président renvoyé devant un tribunal

par  RFI

Article publié le 30/10/2009 Dernière mise à jour le 30/10/2009 à 23:50 TU

Jacques Chirac, 76 ans, a été renvoyé vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour une affaire d'emplois de complaisance lorsqu'il était maire de Paris de 1977 à 1995. Une première pour un ancien président de la République.

Mars 1989 : Jacques Chirac, accompagné de son épouse Bernadette (d), vient d'être réélu à la Mairie de Paris.(Photo : AFP)

Mars 1989 : Jacques Chirac, accompagné de son épouse Bernadette (d), vient d'être réélu à la Mairie de Paris.
(Photo : AFP)

C'est une première. Mis en examen en 2007 après son départ de l'Elysée, Jacques Chirac, ancien chef de l'Etat, devra donc répondre devant le tribunal correctionnel de détournement de fonds publics dans le dossier des emplois fictifs de Paris. Le procureur de la République avait pourtant demandé un non-lieu, mais la juge d'instruction, Xavière Simeoni, a estimé que les charges étaient suffisantes pour qu'il y ait un procès. Une décision qui ne fait pas l'unanimité.

Beaucoup pensent qu'il est un peu tard pour réclamer des comptes à un homme âgé dont la réputation est d'être plutôt sympathique et soucieux des autres. C'est le cas à droite et même à gauche où Ségolène Royal, par exemple, a estimé que les affaires reprochées à Jacques Chirac sont des affaires très anciennes, et que s'il y a beaucoup à dire sur les zones d'ombres concernant sa gestion de la Ville de Paris, l'ex-président a, d'un autre côté, beaucoup donné au pays, une raison de le laisser tranquille aujourd'hui.

D'autres, en revanche, rappellent que c'est l'immunité présidentielle qui lui a permis d'échapper à la justice pendant douze ans, et que désormais « simple citoyen », il doit répondre aux questions que les Français sont en droit de se poser.

Jacques Chirac a fait savoir qu'il restait serein et décidé à prouver que ces fameux 21 emplois dont on dit qu'ils auraient profité à des militants, des élus de son parti ou à des proches, ne sont en rien fictifs. Notons enfin que le procureur, qui avait demandé un non-lieu, a la possibilité de faire appel.

Rappel des faits

Depuis une quinzaine d'années, les procédures judiciaires portant sur la période pendant laquelle Jacques Chirac était maire de Paris se multiplient.

 

Dès l'annonce de son renvoi, l'ancien président s'est dit « serein » et décidé à établir devant le tribunal qu'aucun des 21 emplois pour lesquels il est renvoyé devant la justice « ne constitue un emploi fictif ». A ce jour, c'est le seul dossier dans lequel il est poursuivi. Pourtant son nom a souvent été évoqué.

 

Ainsi en 2005, dans l'affaire des marchés publics d'Ile-de-France, un vaste système de corruption organisé à la mairie de Paris, quarante-deux personnes ont été sanctionnées. Mais l'audition de Jacques Chirac comme témoin a été refusée en 2001, et il n'a pas été inquiété pour les voyages payés en espèces pour lui et sa famille.

 

En 2006, trente-sept personnes ont été condamnées pour un système de corruption aux HLM de Paris. Là encore, Jacques Chirac n'a jamais été interrogé, malgré la confession du collecteur de fonds, Jean-Claude Méry, qui affirmait que l'ancien maire de Paris avait assisté à une remise d'argent en espèces.

 

Même chose pour l'affaire des frais de bouche : le dossier concerne plus de 2 millions d'euros d'argent public dépensé par le couple Chirac à la mairie de Paris pour des frais personnels. Le dossier s'est soldé par un non-lieu pour cause de prescription.