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Kosovo

Réfugiés : un retour lent et difficile<br> <br>

Avec l'accord de Kumanovo, signé entre la Serbie et les pays de l'Otan, les réfugiés vont pouvoir revenir sur leurs terres, mais le retour s'annonce lent et semé d'embûches. Depuis le 24 mars dernier, date du début du conflit au Kosovo, on estime à plus d'un million le nombre de réfugiés contraints de fuir la région et presque autant de déplacés à l'intérieur même du Kosovo.
Fin mars, l'escalade de la violence au Kosovo a entraîné un déplacement massif de Kosovars à l'intérieur même de la République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro), vers les pays voisins tels l'Albanie ou l'ex-République yougoslave de Macédoine ou encore en Europe, en Océanie et en Amérique. Mais depuis la signature de l'accord de Kumanovo, signé le 9 juin dernier, prévoyant notamment le retrait des forces serbes du Kosovo et l'arrivée d'une force internationale de paix appelée KFOR, les réfugiés sont impatients de revenir chez eux, malgré les appels à la patience et au calme lancés par les ONG et par le HCR. «C'est trop dangereux» explique Corinne Perthuis, porte-parole du HCR à Paris ; «les réfugiés qui se trouvaient à la frontière albanaise ou macédonienne ont voulu repartir vers le Kosovo, mais ont vite rebroussé chemin en raison de tireurs isolés».

Outre ces problèmes de sécurité qui incombent maintenant à la KFOR, d'autres viennent s'y ajouter : réfection d'infrastructures (routes, hôpitaux, écoles, ponts) et bien évidemment reconstruction des maisons qui sont pour la plupart soit détruites soit rasées.

A l'heure actuelle, en prenant en compte tous ces paramètres, il est impossible de prévoir le rythme du retour des réfugiés chez eux, mais il est en revanche certain que ce retour ne saurait être ni immédiat, ni même rapide. Face à cet état des lieux dramatique et désastreux, les réfugiés qui souhaitent revenir au Kosovo vont rencontrer d'autres problèmes¯:

- la reconnaissance identitaire : tous ont eu leurs papiers déchirés ou subtilisés par les Serbes. Le HCR en a pourtant recensé quelques-uns et leur a fourni une carte de réfugié qui pourra leur servir de premier état civil.

- le rôle de la police serbe, notamment aux frontières et la sécurité des réfugiés : le HCR a demandé qu'elle n'ait aucune influence sur le retour des réfugiés et qu'elle ne filtre pas les entrées, ni ne fasse le tri entre les indésirables et ceux que l'on tolère. Point qui devrait être éclairci dans l'accord de paix de Kumanovo. Le HCR a souhaité que cette tâche lui incombe. Quant à la sécurité, la KFOR doit s'en charger.

- la reconstruction des habitations : les ONG prônent une reconstruction à l'identique des maisons et non la construction de nouveaux camps. Ce qui prendra du temps.

- le déminage de la région : il sera assuré par la KFOR. Les champs étant incultivables pour l'instant, les Albanais du Kosovo vont donc devoir patienter encore avant de retrouver une vie dite normale.

- l'approvisionnement en vivres : il sera assuré par le PAM (Programme Alimentaire Mondial). Dans un premier temps, il n'y aura pas de produits frais mais seulement des produits non périssables, ce qui pourrait provoquer encore un peu plus de carences alimentaires.

- la prodigalité de soins¯: elle sera fournie par des dispensaires qui distribueront aussi des médicaments de premières urgences en attendant que les hôpitaux soient redevenus opérationnels.

Etrangeté de la situation, l'exode des albanophones à peine tari, des dizaines de milliers de Serbes demeurant au Kosovo et craignant des représailles ont emprunté à leur tour le chemin de l'exil pour se rendre en Serbie ou au Monténégro. En plus de la gestion du retour des réfugiés albanais du Kosovo, la KFOR et les organisations humanitaires vont devoir affronter ces départs massifs. Leur tâche sera d'autant plus difficile qu'elles doivent également gérer le programme de réconciliation intercommunautaire.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 16/06/1999