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Issa Hayatou, candidat à la présidence




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«Je suis candidat à la présidence de la Fifa». C’est par cette petite phrase que le Camerounais, président de la Confédération africaine de football (CAF) depuis quatorze ans, a confirmé la rumeur qui circulait depuis quelques semaines dans les coulisses.

Avare de confidences, sinon à quelques très proches, Issa Hayatou porte au fond de lui-même les vertus d’une éducation très stricte, façonnée par l’enseignement de l’islam, celui de la réflexion et de la sagesse. Issu d’une famille royale, fils du Lamido de Garoua, il aurait pu épouser la carrière politique comme son frère aîné, Sadou, un temps Premier ministre du Cameroun, mais il a préféré
consacrer sa vie au sport.

Champion de demi-fond, joueur de basket-ball, sa grande taille l’y prédisposait, grand amateur de football comme tout Africain, il devient, à vingt-huit ans, secrétaire général de la fédération camerounaise de football, poste qu’il occupera de 1974 à 1985, avant de gravir les échelons de la hiérarchie en accédant au poste de président. Fonction qu’il partagera un temps avec celle de directeur des sports de son pays. En 1988, il est élu, alors qu’il n’était pas le favori, président de la Confédération africaine de football, en remplacement de l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema, décédé quelques mois auparavant. Dès lors, il ne quittera plus les sommets de la hiérarchie, devenant notamment en 1992, vice-président de la Fifa, et coopté, en 2001, membre du Comité international olympique, pour mérites personnels.

Un parcours sans faute, même s’il a connu, pour la première fois, quelques difficultés en 1998, lorsqu’il avait décidé de rallier le camp du Suédois Lennart Johansson, alors candidat à la succession de Joao Havelange. Beaucoup d’observateurs avaient considéré, au lendemain de l’échec du Suédois face à Sepp Blatter, qu’Hayatou payerait tôt ou tard cet engagement, une partie de l’Afrique ayant fait le choix du futur élu, contre l’avis du comité exécutif de la CAF. Après quelques mois difficiles, Issa Hayatou avait fini par restaurer son autorité, comme devait en témoigner sa réélection, la troisième, à la tête de la Confédération, en 2000 à Accra.

Force de caractère et détermination

Qu’on ne s’y trompe pas, le natif de Garoua a toujours su diriger sa maison. Son sourire permanent, la chaleur de ses relations, sa jovialité et sa disponibilité permanente ne sauraient, en aucun cas, constituer des signes de faiblesse. De ce point de vue, il est assez proche de celui qui sera son adversaire fin mai à Séoul. L’un comme l’autre sait ce qu’il veut et où il va. La noblesse de naissance du Camerounais se retrouve dans sa pensée et dans ses actes. C’est lui, en particulier, qui a été l’ardent défenseur du Burkina Faso et du Mali lorsque ces deux pays, pourtant parmi les moins favorisés du continent africain, ont obtenu l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, alors que nombreux étaient ceux qui criaient casse-cou.

Force de caractère et détermination encore, lorsqu’il a imposé à Joao Havelange, avec le précieux concours de l’Europe, la présence de cinq équipes africaines en phase finale de Coupe du monde. Si j’avais échoué en 1995, aime-t-il à répéter, nous serions encore dans l’attente d’une cinquième place. Ardent défenseur de son continent, il n’a cessé de réclamer plus de justice et de respect pour un football africain, il n’y a pas si longtemps encore, considéré dans les sphères internationales comme un banal faire-valoir.

Il y a quelques semaines à peine, Issa Hayatou n’envisageait pas de briguer la présidence de la Fifa dès cette année. Pour lui, l’échéance 2006, année de ses soixante ans, était un aboutissement logique après plus de trente années passées à diriger le football de son pays, de son continent et de la planète. Mais les circonstances et les multiples encouragements l’ont poussé à anticiper cette candidature. Les circonstances, c’est-à-dire la gestion opaque de la maison de Zurich qui mérite, à ses yeux, davantage de transparence. On n’est pas maître de son destin, dit à qui veut l’entendre l’homme de foi qu’il est. S’il sort vainqueur de son combat électoral, sans doute en remerciera-t-il ceux qui ont été ses maîtres alors qu’il était un enfant, privilégié par sa naissance dans une grande famille. En cas d’échec, le prince de Garoua n’en éprouvera aucune amertume. C’est un sentiment qui ne fait pas partie de son vocabulaire.

Issa Hayatou sait, de toute évidence, que la bataille sera âpre, difficile, acharnée, que les embûches ne lui seront pas épargnées, ni même les insinuations. Mais l’homme qui a consacré son existence au service de la cause sportive sait que, quoi qu’il advienne, son intégrité morale ne sera pas remise en question. C’est, à ses yeux, l'essentiel.
Gérard DREYFUS
16/03/2002




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