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Argentine-Angleterre

Le football, une passion argentine



Le football, un sport national
© AFP


  Argentine   (L'équipe)
  Angleterre   (L'équipe)


Au pays de Maradona, et malgré la crise, on a vécu les dernières semaines précédant le Mondial comme un compte à rebours partagé par tous. On voit l’équipe de Marcelo Bielsa en finale et on ne lui reconnaît qu’un adversaire de taille: la France.

De notre correspondant à Buenos Aires

En Argentine, le Mondial 2002 a commencé bien avant le 31 mai, date du match d’ouverture France-Sénégal. Dès fin avril, les publicités se sont mises à l’heure de la selección. Une marque d’origine américaine, leader mondial de la restauration rapide, a présenté… les mamans des joueurs parlant d’eux quand ils étaient enfants. Et tous les sponsors de l’équipe dirigée par Marcelo Bielsa ont hissé le drapeau national.

Les caissières d’une chaîne d’hypermarchés à capitaux français, numéro un de la grande distribution sur le marché local, ont troqué leur chemisier habituel pour un très seyant maillot bleu ciel et blanc, réplique au féminin de celui porté par les Batistuta et autres Verón. Quant aux médias, après avoir soupesé le pour et le contre au sujet de tel ou tel possible dernier élu, une fois la liste des vingt-trois connue et tout ce petit monde installé au Japon, ils n’ont cessé de rendre compte, via leurs envoyés spéciaux, des faits et gestes de chacun d’eux. Mais c’est plus une joyeuse tension grandissante, comme une sorte de compte à rebours partagé par tous, qui a rendu la Coupe du monde si présente dans le pays quand Japonais et Coréens en étaient encore aux préparatifs. Malgré la crise.

C’est que le football fait partie de la culture de l’Argentine. Et son enracinement, populaire mais partagé par toutes les classes sociales, est beaucoup plus marqué que dans la plupart des pays européens. «Dans n’importe quelle famille, le père transmettra l’amour du foot à son fils. Et, pour les garçons, ce sport jouera un rôle irremplaçable dans l’intégration dans la plupart des groupes sociaux tout au long de son existence», explique Pedro Horvat, psychanalyste (une autre passion culturelle argentine) et hincha (plus qu’un supporter, mais autre chose qu’un simple fan) de Racing, l’un des cinq grands clubs, étant entendu que Boca Juniors, plus «peuple», et River Plate, plus «bourgeois», sont loin devant. Être hincha c’est adhérer à une équipe, ses valeurs et sa légende, «généralement la même que son père, avec qui on est allé pour la première fois «à la cancha» (au stade, mais littéralement, «au terrain»), et celle du quartier de son enfance», poursuit Horvat.

Des joueurs transformés en héros

Bien sûr, au-dessus des autres clubs, il y a Boca et River, la plupart des supporters avouant, en plus de l’amour de leurs couleurs, un faible pour les bleu et jaune dont les tribunes dominent la banlieue ouvrière du sud de Buenos Aires ou pour les rouge et blanc et leur Monumental si proche des beaux quartiers. Et, au-dessus encore, tous communient avec la selección. Y compris, maintenant, les femmes, et surtout les jeunes filles, de plus en plus nombreuses à aller au stade: les adolescents des deux sexes partagent les mêmes loisirs, les mêmes codes et le même look, «en une évolution où la mode, mais aussi le merchandising, la publicité et la télévision ont leur place», ainsi que le précise Carlos Poggi, secrétaire général de la rédaction du magazine sportif El Gráfico.

Cette attitude quasi fusionnelle à l’égard de l’équipe nationale, sur laquelle s’appuient d’ailleurs beaucoup de publicités, paraît peut-être plus marquée cette année. Sans doute, comme le dit Horvat, parce que la passion du foot liée au monde de l’enfance transforme les joueurs en héros, les dernières figures positives pour une société en rupture avec sa classe dirigeante. Il est vrai aussi, comme le remarque Poggi, que le sport a apporté beaucoup de satisfactions aux Argentins ces derniers temps: le football, mais aussi le rugby, le volley, le hockey, le basket, le tennis, la natation, tant du côté des filles que des garçons, et particulièrement par équipes. Alors que le lien social paraît rompu et que le soutien officiel est inexistant, c’est pour le moins intéressant.

La psychanalyste et le journaliste spécialisé sont au moins d’accord avec la majorité de leurs concitoyens sur un point: même si elle pleure encore «Diego» (Maradona, bien sûr), l’Argentine a des raisons d’être parmi les tout premiers favoris. On la voit championne, comme en 1978 ou en 1986. Au pire, battue en finale, comme en 1930 ou en 1990. Si elle devra livrer bataille dans le «groupe de la mort» (Angleterre, Nigeria, Suède), on lui reconnaît un seul adversaire de taille: le champion du monde en titre, la France de Zidane, qu’elle pourrait rencontrer en demi-finale ou… en huitièmes.
Jean-Louis Buchet
07/06/2002




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