Mémoire

Lazarre Ponticelli : Anniversaire de poilu et mémoire d’immigré

par Danielle Birck

Article publié le 17/12/2007 Dernière mise à jour le 13/03/2008 à 10:52 TU

Lazarre Ponticelli est un des deux derniers survivants de la grande Guerre. Le 16 décembre 2007, entouré de sa famille, il a célébré son 110ème anniversaire à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Le témoignage de cet ancien poilu, immigré italien arrivé en France en 1907 à neuf ans et naturalisé français en 1939, va inaugurer le programme d’archives orales de la Cité de l’immigration.

Lazare Ponticelli lors de la cérémonie du 11 Novembre 2007 au Kremlin Bicêtre
© Frédéric Mathieu

Né en Italie, à Bettola, en le 7 décembre 1897, Lazarre Ponticelli est en effet « un exemple de cette histoire où des étrangers venus dans notre pays dans des conditions souvent très difficiles ont bâti, construit, ce qui est la France d’aujourd’hui. Et en particulier les italiens qui sont venus tout au long du XIXe et du XXe siècles en Lorraine, dans la région parisienne, dans le sud de la France »… C’est en présence de la centaine de descendants de Lazarre Ponticelli, que Jacques Toubon, le président de la Cité nationale de l’Histoire de l’immigration, rendait ainsi un  double hommage le 16 décembre, au vieil homme qui fêtait ses 110 ans et aux immigrés venus en France, « ceux qui ont contribué à l’essor industriel, économique et social de notre pays ». 

C’est cette histoire et ces contributions que la toute nouvelle institution dédiée à  l’immigration, inaugurée en septembre dernier, s’est donné pour objectif de mettre en valeur, au travers d’expositions - permanente et temporaires - de rencontres, de colloques et de ressources documentaires. Ces dernières vont s’enrichir dès l’an prochain d’un fonds d’archives orales. Le témoignage de Lazare Ponticelli, qui sera recueilli lors d’une rencontre début janvier avec une historienne,  inaugurera ce nouveau programme. Un programme qui a « la volonté de faire de la parole une source pour l’histoire, de donner à voir l’histoire de l’immigration à partir des mémoires individuelles et collectives de ceux qui l’ont vécue et faite ». La Cité compte ainsi favoriser le dialogue entre les publics et les générations. Ce que Lazarre Ponticelli a d'ailleurs fait jusque là, en allant raconter dans les écoles l’horreur de la guerre, comme il l’avait promis à ses camarades de tranchée.

Aujourd’hui il n’en a plus la force, mais tient à être présent à chaque commémoration du 11 novembre, date anniversaire de l’armistice qui a mis fin en 1918 à la Grande guerre. Quant à voir son 110ème anniversaire fêté en grande pompe et le fil de son existence élevé au statut de patrimoine , « c’est un honneur qu’on  me fait et je ne sais pas si je le mérite » déclarait ce dimanche 16 décembre Lazarre Ponticelli.

Lazarre Ponticelli buvant le champagne le 16 décembre 2007 à la CNIH avec, à droite, Jacques Toubon.
© Frédéric Mathieu

Ce qu’il sait en tout cas, c’est qu’avec Louis de Cazenave – l’autre dernier poilu de la Grande guerre – ils ont plutôt mal pris la décision en 2005 du Haut Conseil de la mémoire combattante, d’organiser sans les consulter des obsèques « de portée nationale » au dernier des combattants de 14-18. « Ce n’est pas juste d’attendre le dernier poilu, avait-il déclaré alors. C’est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu’ils méritaient ».