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France

La collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé mise en vente

par Danielle Birck

Article publié le 19/02/2009 Dernière mise à jour le 26/02/2009 à 15:44 TU

© Christies

© Christies

Les centaines d’œuvres, réunies par les deux hommes depuis leur rencontre en 1958, sont exposées au public depuis le 21 février, sous la verrière de la nef du Grand Palais où elles seront dispersées lors de la vente aux enchères organisée par Christie’s et Pierre Bergé & Associés, du 23 au 25 février.

C’est la première fois que l’établissement public du Grand Palais accueille ce genre d’événement depuis la restauration de sa nef en 2005.

« Il faut comprendre que nous avons été intéressés par toutes les formes d’art  et que nous n’avons jamais fait de différence ni établi de hiérarchie entre un cratère grec, un émail de Limoges ou de Venise, une sculpture africaine, un meuble Art déco, un bronze de Jean de Bologne, un tableau de Franz Hals, une aquarelle de Cézanne, un ready-made de Duchamp, un mobile de Calder, une coupe en vermeil d’Augsbourg, une toile de Paul Klee ou de Géricault, pour ne citer que quelques unes des œuvres dont nous sommes entourés ». Cette énumération par Pierre Bergé, toute partielle qu’elle soit, met en évidence l’éclectisme et la qualité des quelque 700 pièces de la collection rassemblée avec Yves Saint Laurent.  

Eclectisme à deux

Une collection « faite à deux » qui pour Pierre Bergé « avait perdu une grande partie de sa signification » après la disparition du compagnon le 1er juin 2008. D’où la décision d’y « mettre un terme (…) sans regret sans nostalgie » et de la vendre en totalité, à l’exception de la première pièce de la collection : une sculpture africaine, un oiseau sénoufo. Le produit de la vente sera réparti entre la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, créée en 2002, et une autre fondation destinée à la recherche médicale, essentiellement contre le sida.

Pierre Bergé devant la sépulture où sont conservées les cendres d’Yves Saint-Laurent, dans le jardin de la villa Majorelle à Marrakech. (Photo : AFP)

Pierre Bergé devant la sépulture où sont conservées les cendres d’Yves Saint-Laurent, dans le jardin de la villa Majorelle à Marrakech.
(Photo : AFP)


Le clou de ce qu’on présente comme « la vente du siècle », devrait être un tableau cubiste de Picasso de 1914, Instruments de musique sur un guéridon, qualifié de "chef d'oeuvre absolu" estimé entre 30 et 40 millions d’euros. Le coup d'envoi sera donné lundi 23 février à 19 heures, dans une salle de vente aux enchères d'une capacité de 1500 personnes, reconstituée au pied de l'escalier d'honneur de la nef du Grand Palais. 

En attendant, les amateurs de belles choses – simples visiteurs ou acquéreurs potentiels – pourront admirer les œuvres, mises en valeur par la scénographe Nathalie Crinière (à qui vient d'être confié, par ailleurs, la conception du musée du Louvre à Abou Dhabi). La scénographe a souhaité reconstituer, sous l'immense verrière de la nef, l’ambiance plus intime de l’appartement d’Yves Saint Laurent rue de Babylone, en rassemblant dans des espaces couverts des groupes d'oeuvres. Ce qui permet aussi de les protéger de la lumière. Des œuvres dont on peut visualiser une sélection sur le site de Christie’s.

Une première dans la nef du Grand Palais

En plus de cent ans d’existence, le Grand Palais, immense édifice de pierre, de fer et de verre édifié pour l’Exposition universelle de 1900 dont il devait être le fleuron, aura abrité bien des manifestations et connu des vocations diverses. A la fois palais des arts et palais des industries, il accueillera dans sa nef aussi bien des salons de peinture, d’Art déco ou de littérature, que des salons de l’auto, de l’aviation ou des arts ménagers, ainsi que des manifestations sportives…

                     Le Grand Palais devient EPIC

 

Rouverte fin 2005 après douze ans de travaux qui ont permis de consolider les fondations, la nef, magnifique sous sa verrière entièrement refaite, mais amputée de ses galeries supérieures et balcons, aura eu du mal à trouver des manifestations qui la fasse revivre. Comment investir cet espace hors norme : 17 000 mètres carrés dont 10 000 actuellement exploités, 200 mètres de long et 45 à 60 mètres de hauteur ? En dépit de quelques manifestations réussies en ouverture, la mission s’avère quasiment impossible à mener dans la durée pour le ministère de la Culture, d’autant plus qu’il faut poursuivre les travaux de réhabilitation qui ont déjà coûté plus de 100 millions d’euros à l’Etat. La solution, c’est le président Jacques Chirac qui l’imposera avec un décret qui, le 15 janvier 2007, crée l’Etablissement public du Grand Palais des Champs Elysées.

Escalier d'honneur de la nef du Grand Palais.(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Escalier d'honneur de la nef du Grand Palais.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

 

Devenu un Etablissement public industriel et commercial (EPIC) le Grand Palais est sommé de voler de ses propres ailes, en clair de s’autofinancer et de générer des ressources pour poursuivre les travaux d’aménagements. L’Etat n’apportant son soutien que pour la seule restauration du monument historique classé. La présidence en est confiée à un ancien diplomate, Yves Saint-Geours. Dès sa première année d’exploitation le Grand Palais se révèle une machine rentable et peut emprunter 30 millions d’Euros pour faire face à des travaux qui vont notamment permettre de doubler la surface de l’espace utile d’ici 2010.

A espace exceptionnel, événements exceptionnels : depuis 2007 la nef du Grand Palais est occupée de manière quasiment permanente par des manifestations variées et souvent imposantes : Des soirées dites « totales » mêlant danse et arts plastique (ballets de Cuba, grands ballets du canada), défilés de mode, comme celui de Chanel en janvier 2008,  expositions comme celle des Trésors engloutis d’Egypte, en 2007, les sculptures monumentales d’Anselm Kiefer en 2007, puis de Richard Serra en 2008, tandis qu’en décembre dernier, La Nuit des Images, orchestrée par Alain Fleischer, attirait 145 000 visiteurs en deux semaines.  Et, grande première en ce début 2009,  la vente aux enchères de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé.

© Christies

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Pour en savoir plus sur le Grand Palais, deux ouvrages récents :

Le Grand Palais, Monument-Capitale, de Yves Saint-Geours, éditions Découvertes Gallimard

Le Grand Palais, de Gilles Plum, aux Editions du Patrimoine/Centre des monuments nationaux