Invention

Vainqueur du concours Lépine : le drone renifleur

par Dominique Raizon

Article publié le 07/05/2007 Dernière mise à jour le 07/05/2007 à 18:00 TU

Véritable temple de la consommation et de la vie pratique, la Foire de Paris, qui s’est ouverte le 27 avril dernier et qui ferme ses portes aujourd'hui 8 mai, a invité le Concours Lépine vieux de plus de cent ans. Le marin-pompier, Luc Brohan, a reçu la médaillle d'or cette année pour son «drone de détection de produits chimiques et radioactifs». Sur quatre mille mètres carrés, quelque six cents inventions, venues de treize pays, ont été proposées cette année au public et à un jury international composé de quarante-sept membres.

Structuré comme une association le Concours Lépine vit de l'adhésion de ses membres-inventeurs et d'une subvention de la mairie de Paris.
DR

L’imagination ne tarit pas ! Idéal pour un habitat à la surface restreinte, le mobilier modulable tel un lit qui se transforme tour à tour en table ou en canapé ou bien encore une table, en commode ; écologique et  économique, un pistolet d’arrosage permet de contrôler en temps réel le volume d’eau utilisé ; pratique et léger, un vélo-tout terrain au poids plume se replie et tient dans un sac à dos ; astucieux, un système innovant de nettoyage de compact-disque ; moucharde, la boîte noire automobile enregistre l’ordre des chocs en cas d’accident, permettant ainsi d’éviter les palabres et de renvoyer le chauffard à des responsabilités etc. La liste est longue : plus d’un demi millier d’inventeurs du monde entier ont encore proposé cette année les objets nés de la rencontre de l’imaginaire et de l’ingéniosité.

Lauréat cette année, Luc Brohan, pour son «drone de détection de produits chimiques et radioactifs».

La saison 2007 était placée sous le signe de quatre thèmes : technologies médicales, énergies alternatives, bio-technologies, ainsi qu’innovation et design industriel. Pour cette cent-sixième édition du concours Lépine, c’est encore la machine à parler qui a fait causer ! Directeur commercial dans la menuiserie, Fabrice Leblat est père d’une adolescente sourde de naissance. C’est en pensant à sa fille qu’il a créé le Leblat-phone. Médaillé d’or l’an dernier pour cette grosse calculatrice dont chacune des soixante-douze touches correspond à une syllabe, il est revenu dans la ronde des inventeurs de 2007 avec un Leblat-phone perfectionné, plus petit et portatif, pouvant reconstituer cent dix mille mots. L’appareil devrait être commercialisé l’hiver prochain.

Organisatrice du concours, l’Association des petits fabricants et inventeurs français, devenue depuis l’AIFF, est née au début du siècle dernier, en 1901, à l’initiative d’un Parisien, Louis Lépine, lui-même inventeur de génie auquel on doit l’initiative du rond-point giratoire et la limitation de vitesse au volant. Avocat de formation, Louis Lépine avait accédé au poste de Préfet de Police, en 1893, lorsqu’il eu l’idée de créer un concours pour dynamiser l’industrie du jouet et de la quincaillerie, deux secteurs économiques alors en difficulté. Le fabricant innovant était alors récompensé d’un prix dont le montant s’élevait à l’époque à 100 francs.

«Même la nuit, ça tournicote ! »

Aujourd’hui l’heureux lauréat reçoit 3 000 euros. Certains cumulent les prix comme Claude Dumas, les méninges sans cesse en ébullition, et qui, à 73 ans, compte pas moins de vingt-sept médailles d’or à son palmarès. Auteur de l’ancêtre du GPS et du béton allégé, il a confié au quotidien la Voix du Nord : «Même la nuit, ça tournicote ! ».

Placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Industrie, l’AIFF remplit plusieurs fonctions : elle a certes le rôle de promotion des informations concernant ce concours mais elle s’applique surtout à défendre le droit des inventeurs et à leur dispenser des conseils concernant leurs études de marché et leur contrats de vente de brevet. La Foire de Paris, véritable temple de la créativité pragmatique‚ de l'innovation ménagère, constitue une vitrine de choix pour les inventeurs de génie en quête de diffuseurs de leurs idées. Près de la moitié des inventeurs ayant participé à l’édition de 2006 ont été au bout de leur projet, soit en créant leur propre entreprise pour fabriquer, ou pour commercialiser leur invention.

Pour la plupart de ces inventeurs-là, point besoin de grandes écoles. L’imagination est au pouvoir et l’ingéniosité à la pointe de leur curiosité. Si certains inventeurs s’amusent et proposent des gadgets tout simplement insolites, d’autres ont parfois des idées révolutionnaires qui investissent tant la vie quotidienne de chacun qu’on se demande comment personne n’y avait pensé plus tôt. C’est à monsieur Bleton que l’on doit l’invention du mouchoir hygiénique en 1901, à madame Labrousse, le lave-vaisselle en 1912, à monsieur Champeix, l’appareil récepteur de T.S.F. en 1913, à monsieur Pasquis, le stylo bille en 1919 et à monsieur Caroni le fer à repasser à vapeur en 1921. La cocotte-minute, le presse-purée, le bac à distribution d’eau pour les plantes et le moteur à deux temps ou, plus récemment la nouvelle génération de maison solaire, l’héliodome, ont également été lancés au concours Lépine. Peut-être plus surprenant encore, les verres de contact, le cœur artificiel et le poumon d’acier sont également nés de l’imagination d’inventeurs de génie.

Pour en savoir plus :

AIFF / Concours Lépine
12, rue Beccaria
75012 Paris
Tel : [phone]
Fax : [phone]