Environnement
Un air respirable pour les Jeux Olympiques
par Marion Urban
Article publié le 07/08/2007 Dernière mise à jour le 07/08/2007 à 20:53 TU
La Chine vient tout juste de coiffer au poteau les États-Unis comme premier pollueur de la planète. La « performance » embarrasse suffisamment les autorités chinoises pour qu’elles aient décidé de ne pas rendre public un rapport sur les coûts de la pollution dans le pays. Afin de prendre la mesure du problème qui l’attend en 2008 avec l’arrivée de dizaines de milliers de spectateurs pour les Jeux Olympiques, Pékin va se livrer à plusieurs tests anti-pollution durant ce mois d'août.
Le futur stade olympique de Pékin, surnommé «le nid d'abeilles», en construction, dans le brouillard du mois d'août.
(Photo : Reuters)
Les autorités chinoises vont se livrer à plusieurs tests anti-pollution dans la capitale au cours du mois d’août. Elles ont prévu de bloquer la circulation d’1 million de véhicules pendant plusieurs jours afin de mesurer l’impact sur l’atmosphère de Pékin.
Pékin, qui compte 18 millions d’habitants dont la moitié réside en zone urbaine, connaît ses pics de pollution au mois de juillet et août, en raison des vents qui soufflent du sud ou de l’est. Selon les climatologues, ces vents se chargeraient en cours de route des poussières polluantes des régions les plus industrialisées du pays et contribueraient à l’épais nuage noir qui surplombe la ville.
La capitale chinoise dispose d’un an pour rendre son air respirable aux athlètes et aux spectateurs des Jeux Olympiques et améliorer la qualité de son eau. Les six autres villes accueillant des sites olympiques seront aussi sous haute surveillance.
Le revers de la médaille
Pour la première fois, en 2005, le gouvernement chinois à introduit dans son XIème plan quinquennal, un indice de la consommation en énergie, prévoyant que le taux de cette consommation devrait être réduit de 20% par rapport au PIB, d'ici 2010.
Avec une croissance à 12% pour 2006, et une augmentation de 19% de la production des industries lourdes pour le premier trimestre 2007, l'objectif est devenu difficile à tenir.
La Chine est devenu le premier pollueur mondial. Avec 25 millions de tonnes de dioxyde de soufre et 6,23 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2), elle est responsable de 1/5ème des émissions de gaz à effet de serre de la planète.
Les 175 milliards de dollars que le gouvernement a prévu d'investir dans la protection de son environnement dans les cinq années à venir ne suffiront pas pour contrôler les méfaits de la croissance.
Un rapport sur les coûts de la pollution et la dégradation écologique de l'année 2005 aurait dû être rendu public en mars dernier. Les autorités ont préféré de « reporter indéfiniment » sa publication. Selon l'auteur du rapport, Wang Innan, de l'Académie chinoise pour la planification de l'environnement, la censure serait le fait de fonctionnaires provinciaux, désireux de maintenir la croissance économique.
Des chiffres embarrassants
Les eaux souterraines des villes chinoises seraient polluées à 90%.
(Photo: AFP)
Dans une précédente étude de l'Agence nationale chinoise de protection de l'environnement et de la Banque mondiale, le coût de la pollution de l'eau et de l'air en Chine s'évaluait entre 35 milliards d'euros et 75 milliards d'euros, selon la méthode de calcul.
Le coût de la pollution englobe la destruction de l'environnement, les productions agricoles perdues, mais aussi les maladies.
La pollution atmosphérique serait ainsi responsable de 396 000 décès par an. Celle de l'eau (diarrhée, cancer), de 66 000 décès.
Le chauffage des maisons, principalement au charbon et à l'huile de cuisine, provoquerait la mort de 300 000 personnes chaque année.
La Banque mondiale a estimé le coût d'une vie humaine pour l'État chinois à 131 000 dollars.
Des efforts tous azimuts
Pour lutter contre la pollution de l'air, le gouvernement a réussi à imposer aux centrales thermiques de nouveaux équipements de désulfuration.
De nombreuses unités industrielles jugées trop polluantes, car obsolètes, ont été fermées. D'autres ont été délocalisées.
Les autorités ont décidé d'investir massivement dans le secteur éolien, en faisant passer la production de 1 350 à 30 000 mégawatts d'ici 2020.
Le gouvernement de la province de Shanxi, (sud-est de Pékin) qui compte 13 des 30 villes les plus polluées du pays, a promis des primes aux fonctionnaires qui l'aiderait à sortir de cette classification.
_____________
A lire : L'Environnement en jachère. Rapport très détaillé de la coopération franco-chinoise (octobre 2006).
