par Marion Urban
Article publié le 14/08/2007 Dernière mise à jour le 14/08/2007 à 17:00 TU
Wateraid est à l’origine d’une campagne de sensibilisation intitulée « End Water Poverty », (En finir avec la pauvreté de l’eau), qui revendique l’eau et son assainissement pour tous.
L’assainissement, ce n’est pas seulement la captation, l'acheminement et le traitement de l'eau. Il implique aussi la gestion de toute une chaîne : la collecte, le transport, le traitement et la gestion des déchets humains, organiques et solides, voire industriels.
Du résident au ministre, tout le monde est concerné puisqu’il s’agit autant d’hygiène corporelle, de santé, d’environnement, d’économie, de finances et de technique.
2008, année de l’assainissement de l’eau
L’hygiène et l’assainissement de l’eau sont les parents pauvres des programmes de développement.
Ils ne représentent que 5% de l’aide financière mondiale, contre 13% pour l'électricité.
« Il n’est pas convenable de parler d’excréments dans les salons », dit l’organisation Wateraid, pour expliquer le peu d'intérêt des donateurs.
« Les États ne s'impliquent pas suffisamment. Les programmes des organisations non gouvernementales sont peu nombreux et trop localisés ». Pourtant, la Banque mondiale précise qu' 1 dollar investi dans l'assainissement et l'hygiène de l'eau génère entre 3 à 34 dollars de revenus selon le contexte des pays.
Les Nations unies ont donc déclaré l’année 2008, année de l’assainissement de l’eau afin de bien se faire comprendre.
1,8 million d’enfants meurent chaque année de maladies liées à une mauvaise qualité de l’eau et à un environnement insalubre. 2,6 milliards de personnes n’ont pas accès à des toilettes ou des latrines. Plus de la moitié vivent en milieu rural.
Là où l’Amérique du nord dispose de 400 litres d’eau propre par personne par jour, l’Europe 200 litres, les pays en développement atteignent péniblement 10 litres, alors que les objectifs du millénaire prévoient 20 litres d’eau propre par jour, par personne.
Certes, le pourcentage de gens qui ont accès aux toilettes est passé de 55% en 1990 à 60% en 2000. Mais la population a aussi augmenté.
Un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), publié en juillet 2007, souligne que l'absence d’accès à l’eau n’est pas due au manque d’eau mais principalement à une gestion inéquitable de celle-ci.
Pauvreté, eau insalubre, déchets
70% de la population citadine africaine vit dans des bidonvilles. En Asie et en Amérique latine, le chiffre est de 50%.
« La plupart du temps, les pauvres vivent dans des endroits où personne ne mettrait les pieds, le long de voies ferrées, sur des collines où le risque de glissement de terrain est permanent, sur des sols pollués », note Anna Kajumulo TIBAIJUKA, directrice général du Programme des Nations unies pour le développement humain (HABITAT).
Depuis des décennies, les déchets se sont entassés dans les espaces ouverts des quartiers pauvres, contaminant les sols, alors que la population ne cessait d’augmenter.
Les planificateurs municipaux n’ont jamais intégré les zones miséreuses dans leur plan d’aménagement, sauf lorsqu’il s’agissait de les transformer en quartiers résidentiels et d’en expulser les habitants. Dans ce cas, l’eau et l’électricité arrivent très vite.
Corruption à tous les étages
Selon la Banque mondiale, la corruption réduit de 20 à 40% l’efficacité des activités du secteur eau.
En Inde, les pots-de-vin constituent la moitié du montant de toutes les transactions concernant l’alimentation en eau. Deux tiers des coûts d’approvisionnement en eau sont dus à la corruption, en Afrique.
La corruption va du compteur trafiqué à l’attribution d’un marché à une société privée, liée à un dirigeant.
Face à l’absence de service public, les populations démunies et les agriculteurs sont obligés de payer des intermédiaires, qui, souvent achètent ou volent l’eau des conduites.
Pour lutter contre la corruption, plusieurs organisations dont Transparency International et l'Institut international de l'eau de Stockholm, ont mis en place un réseau d'information et d'aide, le Water Integrity Network (WIN).