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Pollution

Le chlordécone, un danger pour l’homme

par Dominique Raizon

Article publié le 28/08/2007 Dernière mise à jour le 06/02/2008 à 14:10 TU

Plantation de bananes en cours de destruction. Avant de replanter faudra-t-il décontaminer le sol pollué?<p><a href="http://www.ird.fr/indigo" target="_blank">(Photo : IRD)</a></p>

Plantation de bananes en cours de destruction. Avant de replanter faudra-t-il décontaminer le sol pollué?

(Photo : IRD)

Insecticide toxique très puissant, le chlordécone, classé comme substance cancérogène chez l’homme, pose des problèmes environnementaux. En dépit d’une interdiction d’utilisation en France depuis 1990, il aurait été utilisé, jusqu’en 2002, en Guadeloupe et à la Martinique, pour lutter contre le charançon dans les bananeraies. Le 2 août dernier, le président du Conseil régional de la Guadeloupe a plaidé pour la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation de ce pesticide aux Antilles.

Créé à l’origine par l’armée américaine, pour désinfecter l’eau, le chlordécone s’est avéré lutter efficacement contre l’ennemi des arbres, le charançon noir, dans les plantations de tabac et de coton du sud des Etats-Unis. Mais l’effet très toxique et polluant de la molécule, à base de chlore, a été clairement défini, dès 1978, et les Etats-Unis ont alors interdit sa production et son utilisation sur le territoire américain.

En France, deux rapports, respectivement publiés en 1977 et en 1980, le rapport Snegaroff et le rapport Kermarrec, ont confirmé ces effets toxiques sur toute la chaîne alimentaire mais l’usage du chlordécone n’a toutefois été interdit qu’en 1990 et la France a continué à en importer des tonnes, jusqu’en 1993. Le quotidien Le Parisien rapporte que le produit aurait même, en dépit de l’interdiction, été utilisé jusqu’en 2002 aux Antilles françaises.

Le chlordécone pollue les sols dont se nourrissent les végétaux, les nappes phréatiques et les sources d’eau potable. Les légumes racines tels le manioc, l’igname, ou la patate douce par exemple, ainsi que les légumes rampants comme les melons ou les concombres, dont les parties comestibles sont proches du sol, peuvent également être contaminés. Les volailles, les caprins et les bovins consommant des végétaux contaminés deviennent également contaminant à leur tour pour l’homme. Idem en ce qui concerne les poissons et les crustacés. 

En 1979, le centre international de recherche sur le cancer classe alors le chlordécone comme substance cancérogène possible chez l’homme. Toutefois, « les dangers pour la population n’ont jamais été véritablement pris en compte », selon l’association de sauvegarde du patrimoine martiniquais qui déplore un record mondial de l’île en matière de cancer de la prostate et une importante contamination des femmes enceintes.

Marie-Hélène Loulergue

Directrice adjointe de la direction de l'évaluation des risques nutritionnels et sanitaires à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa)

« Des études sont actuellement en cours pour estimer la survenue de cancer de la prostate et les retards de développement chez l'enfant. »

écouter 1 min 31 sec

29/08/2007 par Dominique Raizon

« J’espère que, face à l’ampleur du problème, le gouvernement -et singulièrement la majorité parlementaire- ne s’opposeront pas à la création d’une commission d’enquête », a déclaré Victorin Lurel, président du Conseil régional de la Guadeloupe et secrétaire national du parti socialiste à l’Outremer, qui souhaite une étude épidémiologique sur « l’état, la nature et l’ampleur des pollutions » dus à cet insecticide.

« Nous avons déterminé le seuil en deçà desquels l'exposition alimentaire ne représenterait pas des risques et la deuxième étape est de la comparer avec l'exposition réelle des Antillais

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29/08/2007 par Dominique Raizon

Les bananeraies des Antilles ont été dévastées par le cyclone Dean. Des associations d'écologistes demandent que le sol soit dépollué avant d'envisager de les replanter.

« Le chlordécone est très persistant dans l'environnement.»

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29/08/2007 par Dominique Raizon

Le charançon, ravageur pour les bananeraies, était à l'origine de l'usage du chlordécone. Aujourd'hui pour lutter contre l'insecte nuisible aux cultures, les agriculteurs disposent d'autres techniques dites de « lutte intégrée ». Ainsi le piègeage de charançon consiste à la mise en place de petites boîtes imprégnées de phéromones qui attirent, emprisonnent et détruisent l'insecte. Disposés dans les bananeraies, ces pièges ont permis de réduire de 70% l'utilisation de pesticide.

(rfi)

Pour en savoir plus:

http://www.afssa.fr/