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Agronomie

La rizière aérobie

par Marion Urban

Article publié le 27/12/2007 Dernière mise à jour le 28/12/2007 à 12:06 TU

Contre la concentration d'arsenic : des rizières surélevées.© FAO

Contre la concentration d'arsenic : des rizières surélevées.
© FAO

L'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation et une équipe de scientifiques de l'université Cornwell (États-Unis) préconisent une nouvelle méthode pour la culture du riz : repiquer les brins sur des talus surélevés de quelques centimètres. Cette pratique limiterait la contamination de l'homme et des animaux par l'arsenic.

Le Bangladesh et l'Inde sont les pays qui connaissent le plus fort taux de contamination de l'eau par l'arsenic au monde. Elle concerne près de 40 millions de personnes.

Cette contamination a des causes naturelles : les bassins fluviaux du Gange et du Brahmapoutre sont chargés en arsenic provenant des roches himalayennes. Elle est aussi l'oeuvre des systèmes de captage d'eau et des méthodes de cultures qui ont été développés au cours de la Révolution verte, il y a quelques 30 ans.

Les forages de puits ont été effectués dans des nappes aquifères superficielles. La surexploitation de l'eau de ces nappes pour l'agriculture a entrainé une concentration supplémentaire de l'arsenic dans les sols.


Eau contaminée

L'eau d'irrigation des cultures est le principal facteur contaminant de la chaine alimentaire des hommes et des animaux d'élevage.

Sur les 4 millions d'hectares irrigués que compte le Bangladesh, près de la moitié le sont grâce à 900 000 puits artésiens de faible profondeur.

Le volume d'eau utilisé dans les rizières pour le riz d'hiver (saison boro),dont la culture a été encouragée pendant la Révolution verte, dépasse largement la consommation domestique.

Les études, menées par l'université Cornell de l'état de New York
(États-Unis) et du gouvernement bangladeshi, ont montré que dans les bassins fluviaux, le riz d'hiver, dont la pousse est immergée dans une profondeur de 1 à 1,5 m d'eau, présentaient des taux très élevés d'arsenic.
Le riz fixe à la fois l'arsenic du sol et l'arsenic de l'eau d'irrigation.  

L'intoxication des rizières par l'arsenic réduirait les rendements de 7,5 t/ha à 2,5 t/ha dans la plaine du Gange. 

Beaucoup de paysans se sont convertis à la culture du blé et du maïs qui nécessite moins d'eau.

Au-dessus de l'eau

En ce qui concerne le riz, qui reste la nourriture de base en Asie, l'une des idées retenue pour limiter la contamination par l'arsenic est de repiquer les pousses sur des lits surélevés, à environ 15 cm au-dessus du sol et non pas dans les champs traditionnels inondés. 

Une expérience, menée en 2007 au Bangladesh, a révélé que non seulement cette nouvelle méthode réduisait la consommation d'eau de 30 à 40% ainsi que le coût des labours et de la main d'oeuvre. Les engrais ont été mieux absorbés et les paysans en ont utilisé moins.

En outre, le riz cultivé de cette façon protège des inondations et limite les effets de la sécheresse.

Le rapport de la FAO, Remediation of Arsenic for Agriculture Sustainability, Food Security and Health in Bangladesh souligne que cette nouvelle pratique devrait devenir une priorité dans les zones rurales les plus touchées par la contamination par l'arsenic, afin de réduire le risque de contamination chez l'homme et garantir la sécurité des aliments pour la production vivrière.

L'Arsenic et les effets sur la santé

L'arsenic est un semi-métal sans odeur et sans goût qui appartient à la famille de l'azote et se trouve à l'état naturel dans les roches et le sol.

La consommation d'eau riche en arsenic sur une longue période entraîne divers effets sur la santé, y compris des problèmes de peau (tels que dépigmentation de la peau, et plaques rugueuses sur la paume des mains et la plante des pieds), le cancer de la peau, de la vessie, des reins et des poumons, et des maladies des vaisseaux sanguins des jambes et des pieds, et peut-être également le diabète, une hypertension artérielle et des troubles de la reproduction.

L'intoxication par l'arsenic concerne près de 140 millions de personnes dans le monde.

                                                                    (Source : OMS)