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Biodiversité / Pollution

Invasion de méduses en vue !

par Dominique Raizon

Article publié le 13/06/2008 Dernière mise à jour le 17/06/2008 à 10:24 TU

Profitant du développement des activités humaines, la Pelagia noctiluca, espèce de méduse la plus commune sur la Côte d’Azur, prolifère. Ses piqûres entraînent des brûlures, des crises d'asthme et des crises d'allergie. « Les méduses ont magnifiquement réussi leur reproduction cette année et les vacanciers risquent fort de les retrouver en grand nombre sur les plages de la Côte d'Azur cet été, pour la huitième année consécutive », observe Gabriel Gorsky, directeur de recherche en biologie marine au laboratoire.

Depuis le début de juin 2008, la plage de la Darse, à un jet de filet du Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer (France, sud), a été fermée à la baignade. « On était dans un nuage de méduses », raconte Gabriel Gorsky, directeur de recherche en biologie marine au laboratoire, où dans un bocal cylindrique contenant quelques litres d’eau de mer, évoluent mollement dix mille bébés méduses ! Ce sont des Pelagia noctiluca, espèce la plus commune sur la Côte.

La piqûre de la <em>pelagia noctiluca </em>entraîne des brûlures, des crises d'asthme et d'allergie.(Photo : AFP)

La piqûre de la pelagia noctiluca entraîne des brûlures, des crises d'asthme et d'allergie.
(Photo : AFP)

Le professeur Gorsky plonge son doigt : « En principe, elles piquent mais là, comme elles n'ont plus mangé depuis trois jours, elles sont affaiblies ». Mais, dans leur environnement naturel, les bébés seront devenus adultes d’ici quelques semaines et leurs huit tentacules mauves, couverts de cellules urticantes, pourront atteindre deux mètres de longueur.

La méduse est l'une des rarissimes espèces animales qui profite du développement des activités humaines. La surpêche élimine ses compétiteurs dans la course à la nourriture (le zooplancton). Le réchauffement climatique favorise sa reproduction. Et ses rares prédateurs, comme la tortue, disparaissent progressivement. Or, si leur prolifération venait à se poursuivre de manière exponentielle, ce serait « toute l'énergie qui part de la photosynthèse [qui] pourrait aboutir à un cul de sac - qui sont les grands gélatineux », explique Gabriel Gorsky. A l'arrivée de la chaîne alimentaire marine, il y aurait ainsi non plus l'homme et les grands poissons, comme aujourd'hui, mais les méduses et les organismes apparentés. »

Un suivi par satellite de leurs déplacements

De facto, profitant de l'augmentation de la température de l'eau, la Pelagia noctiluca se révèle extraordinairement prolifique. L’espèce produit des milliards d'oeufs, dont la plus grande partie meurt toutefois en cours de développement. Et, les bancs de méduses, nommés « essaims », peuvent compter plusieurs millions d'individus et s'étendre sur des dizaines de kilomètres carrés.

On trouve ces essaims dans toutes les mers du monde: en Chine, au Japon, sur les côtes africaines, dans les fjords norvégiens, en Méditerranée et en Australie où il existe une variété de « méduse tueuse », plus redoutable que le requin. « Ce sont des organismes très coriaces. Ils sont magnifiquement adaptés à leur milieu. C'est pour ça qu'ils sont là depuis 600 millions d'années. A l'homme de s'adapter maintenant. Il y a de la place pour les deux espèces », remarque-t-il.

Et des filets anti-méduses

Cette semaine, deux bateaux affrétés par des associations privées ont commencé à observer des essaims dans la mer Ligure et la mer Tyrrhénienne. Le but de ce projet baptisé Jellywatch, explique le Pr Gorsky, est de « mettre en place, à terme, un suivi satellitaire des essaims et de prévoir ainsi leur échouage. »

L'itinéraire des méduses est erratique. Il est tributaire du vent et des courants. Une plage peut être infectée un jour et immaculée le lendemain. Et pour leur échapper, il n’est d’autre solution, souvent, que de changer de plage.

Certaines communes, comme Cannes ou Monaco, ont mis en place l'an passé des filets anti-méduses, apparemment efficaces.

  

Pour en savoir plus :

Site du Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer

Lire, sur le site de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer :

- http://www.ifremer.fr/envlit/actualite/2002092402.htm)

-  http://www.ifremer.fr/docelec/doc/1995/publication-2832.pdf

Lire, sur le site du Centre national de recherche scientifique (CNRS) :

- http://www.insu.cnrs.fr/image779,pullulement-meduses-aurelia-mer-rouge.html

- http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=15255162

Voir le Site de l'Institut de recherche pour le développement (IRD)

 

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