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France/ Nucléaire

Tricastin, entre enquête et surveillance

par  RFI

Article publié le 15/07/2008 Dernière mise à jour le 15/07/2008 à 16:40 TU

Le quotidien Le Monde révélait le 14 juillet 2008 qu’une semaine après une fuite accidentelle d’uranium sur le site nucléaire du Tricastin, un taux suspect de ce métal lourd, et encore inexpliqué, a été relevé à proximité de l'usine de traitement de la Socatri, dans le Vaucluse. Ces derniers temps il semblait que le taux d’uranium revenait doucement à la normale. Mais, de nouveaux prélèvements réalisés à divers endroits de la nappe phréatique révèlent une radioactivité persistante du site. Autre fuite ou fuite ancienne : l’enquête est ouverte.

 

Centrale nucléaire de Tricastin.(Photo : AFP)

Centrale nucléaire de Tricastin.
(Photo : AFP)

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure poursuivre des investigations sur la nappe phréatique où, en trois endroits, des valeurs supérieures à la normale ont été observées mais minimise la gravité, assurant qu’« il n'y a pas lieu de s'alarmer, on cherche l'explication », selon les déclarations de Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de l'environnement.

Le 11 juillet 2008, l’ASN avait imposé l’arrêt d'une de ses deux stations de traitement sur le site du Tricastin, estimant qu'elle n'était toujours pas sûre. L’Autorité de sûreté nucléaire fait état, dans un rapport accablant, d’une « série de dysfonctionnements et de négligences humaines » dans la gestion de l'incident.

L'ASN rappelle la Socatri à l'ordre

« Les inspecteurs ont conclu que la fuite, répétitive, était dûe à la vétusté des canalisations. »

écouter 00 min 57 sec

15/07/2008 par Agnès Rougier

Pour la Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIIRAD) le site de Tricastin affiche une radioactivité supérieure aux normes sanitaires depuis plusieurs années. Greenpeace, qui félicite la préfecture du Vaucluse pour ses mesures de précaution, dénonce en revanche un manque de réactivité de la société Socatri qui gère l'assainissement et la maintenance des déchets de la centrale nucléaire

Selon la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité cette découverte de contamination de la nappe phréatique traduit l’existence « d’événements [pollutions] antérieurs, passés sous silence et qui n'ont pas donné lieu à des mesures de prévention, d'information de la population », a déclaré Roland Desbordes, son président, sur France Info, mardi, précisant que si tel était le cas, ce serait « grave (…) car ça voudrait dire qu'on nous cache des choses ».

Roland Desbordes

Président de la CRIIRAD

« La contamination de cette nappe est bien antérieure au dernier incident du Tricastin et pourrait concerner d'autres installations nucléaires du site. »

écouter 01 min 05 sec

15/07/2008 par Arnaud Jouve


 Maintient des mesures de précaution

Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN indique que l’« on ne peut exclure qu'il y ait eu des rejets antérieurs, à l'origine d'une pollution à l'uranium. » Et, soucieuse de faire le point en toute transparence, la préfecture du Vaucluse ne prévoit pas de modifier ses prescriptions sur l'usage de l'eau avant plusieurs jours et veut se donner le temps de collecter les résultats des analyses de sédiment, de plantes et de poissons issus des cours et plans d'eau pollués. Elle maintient donc ses mesures de précaution concernant la pêche, la baignade et les activités nautiques.

Fondée en 1973 par George Besse et gérée par Eurodif SA, une filiale d’Areva, l'usine implantée à Tricastin est une usine d’enrichissement d’uranium -procédé qui consiste à augmenter la proportion d'isotope fissile dans l’uranium naturel.. La centrale nucléaire d'EDF implantée sur le même site fournit l'énorme quantité d'électricité nécessaire à l'enrichissement. Une nouvelle usine, George Besse II, actuellement en construction devrait être opérationnelle en 2012 (première unité) et 2016 (deuxième unité).

Une lettre d’information détaillée sera diffusée ultérieurement par l’ASN, qui classe cet incident sur le niveau 1 de l’échelle INES, dont le maximum est 7 et correspond à l’accident de Tchernobyl.

Pour en savoir plus :

Site de l'ASN

Site de l'IRSN

Site du CRIIIRAD