par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 13/07/2009 Dernière mise à jour le 17/07/2009 à 09:17 TU
L'énergie solaire provient de la fusion nucléaire de noyaux d'atomes d'hydrogène qui se produit au cœur du Soleil.
© Nasa
Un protocole d'accord a été signé à Munich (sud) pour la création d'un bureau d'études, qui sera créé d'ici fin octobre dans le but d'élaborer des plans d'investissement réalisables au cours des trois prochaines années. .Parmi les sociétés participantes, des entreprises qui n'apparaissent ni comme des philanthropes ni comme des fantaisistes. Le projet promet de couvrir à terme 15% des besoins énergétiques de l'Europe et « une part considérable » de ceux des pays producteurs, de réduire la production de CO2, mais aussi de dessaler l'eau de mer pour fournir de l'eau potable aux populations locales et contribuer à leur développement.
De nombreuses questions ne sont pas résolues
Quid des lieux d'implantation de ces installations, de leur date de mise en service, du coût du courant produit, du bénéfice qu'en tireront les pays africains et arabes etc ? « Quid des subventions publiques nécessaires à un tel projet, qui, en cas d’échec, engloutirait l’argent des contribuables ? Et les coûts de transport, grâce à des liges à haute tension au fond de la Méditerranée permettront-ils d’offrir aux consommateurs de l’électricité à un prix abordable ? », souligne le correspondant Pascal Thibault, à Berlin.
De nombreuses questions ne sont pas résolues, auxquelles il faut ajouter le manque de stabilité politique dans certaines régions productrices. Les promoteurs de Desertec ont argué que c'est désormais au bureau d'études d'y répondre mais ils ont défendu la viabilité du projet, qui fait l'objet depuis plusieurs semaines d'un énorme battage médiatique.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont déjà salué l'initiative. « La chancelière Merkel y voit le moyen de limiter la dépendance de l’Europe et plus spécialement de l’Allemagne par rapport à la Russie.», souligne Pascal Thibault. Les Européens ont mis l'accent lors du lancement du projet sur les bénéfices que devraient retirer les partenaires africains du projet, tels que des débouchés dans la construction des miroirs solaires et des emplois.
Un « éco-colonialisme » ?
Il n'en demeure pas moins que Desertec n'échappe pas aux critiques. Pour le député social-démocrate allemand Hermann Scheer, point n'est besoin d'aller en Afrique pour fournir de l'énergie propre à l'Europe. « Nous pourrions investir les 400 milliards d'euros ici », explique-t-il , défendant l'idée d'un réseau décentralisés d'opérateurs dans les énergies vertes, plutôt que de le laisser aux mains d'un monopole de grandes entreprises.D'autres doutent des chances de développement pour les pays producteurs et pensent que l'intérêt défendu est avant celui de l'Europe. Ce que le quotidien allemand Handelsblatt résume en un mot : « éco-colonialisme ».
Qu'en pensent les pays du Sud ?
Le projet est séduisant mais onéreux. Il va falloir permettre aux pays du Sud de se développer pour partager les priorités.
Directrice du développement stratégique à l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME)
« Il y a une demande croissante des pays du Sud pour accéder à l'électricité. Mais les technologies modernes coûtent beaucoup plus cher que l'utilisation des énergies fossiles. Il faut qu'on puisse accéder à une énergie renouvelable compatible avec les ressources existantes.»
Pour en savoir plus :
Consutler le site de Desertec
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« Il y a en tous les cas l'assurance que les coûts seront moindres et stables dans le futur. »
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