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Cyclisme

L’Histoire au secours du présent

par Gérard Dreyfus

Article publié le 05/07/2003 Dernière mise à jour le 04/07/2003 à 22:00 TU

Le Tour de France 2003 restera, quoi qu’il advienne, pendant les trois semaines de course, un Tour pas comme ceux qui l’ont précédé. Il fête, cette année, le centième anniversaire de sa naissance. Une formidable opportunité pour la presse de passer en revue un siècle d’une aventure unique en son genre, quitte à mettre un peu de côté la compétition de cette année.
De Maurice Garin, vainqueur de la première édition en 1903, à Lance Armstrong, dernier porteur du maillot jaune, on a ainsi vu défiler des visages connus et inconnus, tous anciens champions, avec leur collection d’anecdotes, amusantes le plus souvent, dramatiques parfois.
Le Tour n’a pas beaucoup changé, dans son esprit : il a tourné dans le sens des aiguilles d’une montre ou en sens contraire ; il a franchi les Alpes avant les Pyrénées et vice-versa avec ses étapes de montagne qui se sont inscrites comme de hauts faits d’armes ; il a fait de brèves incursions chez ses voisins, sa manière à lui de s’européaniser avant même que l’idée européenne ne soit commune au cœur des hommes du vieux continent. On ne cessera de l’évoquer tout au long du mois de juillet, au fur et à mesure des commémorations qui émailleront son itinéraire, dont les organisateurs ont voulu qu’il fasse étape là où les premiers courageux, audacieux du XXème siècle naissant s’étaient arrêtés lors du parcours du premier Tour.

A Tour pas ordinaire, départ pas ordinaire avec, en guise de prologue, un contre-la-montre individuel dans Paris intra muros. Les cent-quatre-vingt dix-huit sélectionnés de cette année, représentant vingt-deux équipes, s’élanceront au pied de la Tour Eiffel pour monter vers la place du Trocadéro, puis la place d’Iéna, la place de l’Alma, la place de la Concorde, pour revenir vers la Tour Eiffel en empruntant la rive gauche de la Seine en passant devant la Chambre des Députés et le Quai d’Orsay, siège du ministère des Affaires étrangères. Une incursion de 6km500 dans les quartiers chics de la capitale. Dimanche, retour au passé avec le véritable coup d’envoi de l’édition 2003 à Montgeron devant l’emplacement du café «Le Réveil-Matin», comme en 1903. Beaucoup plus classique sera la suite du tracé. Direction le Nord-est vers Sedan. Puis après ce seront les Alpes, Marseille, Toulouse, les Pyrénées, Bordeaux, Nantes, avant le retour à Paris le 27 juillet. Au total 20 étapes, 3.427 km500, sept étapes de montagne avec trois arrivées au sommet (L’Alpe-d’Huez, Ax- 3 Domaines et Luz-Ardiden).

Lance Armstrong pour une 5ème victoire

Pour autant, le Tour 2003 ne sera pas que passéiste. Comme chaque année, il proposera au moins une énigme de taille : qui portera le maillot jeune sur les Champs-Elysées le 27 juillet ? A cette question, tous les spécialistes et les amoureux de la petite reine n’ont qu’un nom à la bouche, celui de l’Américain Lance Armstrong. Comment pourrait-il en être autrement avec celui qui a remporté les quatre dernières éditions ? Son challenge : autant une cinquième victoire qui lui permettrait de rejoindre dans le gotha Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, qu’une cinquième victoire d’affilée qui en ferait l’égal de son prédécesseur espagnol, le seul parmi les quatre coureurs déjà cités, à avoir réalisé une telle performance. Sa victoire ne fait de doute pour personne, car on a beau tourner et retourner les atouts des autres présumés prétendants au sacre, aucun ne semble disposer du même savoir, de la même expérience, de la même science de la course. Habitué du podium depuis trois ans, l’Espagnol Joseba Beloki, premier dauphin en 2002 (2ème à plus de sept minutes) rêve de se hisser sur l’unique marche qu’il ne connaît pas encore. L’Italie a délégué son meilleur candidat au titre de «campionissimo», Gilberto Simoni, double vainqueur du Giro. Quelques autres noms sont évoqués, plus pour faire croire que la lutte sera serrée que par véritable conviction. Parmi ces derniers, aucun Français.

Les Français sont 39 au départ (20% du peloton) ; ils devront encore attendre pour voir l’un d’entre eux monter sur la plus haute marche du podium. Ils se sont habitués à ne viser, au mieux, qu’une place sur la deuxième ou la troisième marche du podium, dix-huit ans après le dernier sacre de Bernard Hinault. Le plus en vue s’appelle Christophe Moreau, quatrième en 2000 avant d’être terrassé par une bronchite l’année suivante, et victime d’une cascade de chutes l’an dernier. Les autres, tous les autres, y compris le champion longtemps contesté, Richard Virenque, surtout à l’aise dès que la pente s’élève, sont au départ avec pour ambition de remporter une victoire d’étape. Le centenaire devrait parvenir à en sublimer quelques uns, tout particulièrement le 14 juillet, jour de la fête nationale. Lance Armstrong n’aura surtout de rival que lui-même. Sur le Tour, les meilleurs sont toujours à la merci d’une défaillance, d’une échappée-bidon, d’un accident. Parvenir pour ses adversaires à le pousser dans ses derniers retranchements serait déjà un succès pour les amateurs de sensations fortes.

Quoi qu’il arrive, le Tour est garanti de faire le plein de spectateurs – c’est le spectacle gratuit le plus suivi dans le monde – des milliers qui continueront à se masser le long des routes empruntées par la caravane. Des téléspectateurs par millions, eux aussi, qui auront l’opportunité de découvrir ou de redécouvrir un village, une église, une forteresse, vestiges d’un passé séculaire. Le Tour est une occasion unique de promouvoir l’extraordinaire diversité culturelle et géographique d’une France qui adore ouvrir son patrimoine aux curieux. Et le Tour en fait partie.

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