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Jeux olympiques 2004

Isinbayeva très haut perchée

par Olivier Bras

Article publié le 25/08/2004 Dernière mise à jour le 25/08/2004 à 12:50 TU

La Russe Yelena Isinbayeva, a battu son propre record du monde du saut à la perche, à hauteur de 4 mètres 91.(Photo : AFP)

La Russe Yelena Isinbayeva, a battu son propre record du monde du saut à la perche, à hauteur de 4 mètres 91.
(Photo : AFP)

La perchiste russe Yelena Isinbayeva n’a laissé mardi aucune chance à sa compatriote et principale rivale, Svetlana Feofanova. La médaille d’or en poche, elle s’est même offert un nouveau record du monde dans le stade olympique d’Athènes en franchissant 4,91 m.

Personne ne sait à qui s’adresse Yelena Isinbayeva avant de prendre son élan sur le sautoir. Le monologue qu’entreprend la jeune Russe avant chacun de ses essais intrigue tous ceux qui aimeraient comprendre comment cette jeune athlète parvient à aller aussi haut. Agée de seulement 22 ans, cette athlète a déjà battu cette année six fois le record du monde, l’améliorant à chaque fois d’un centimètre. Cette série fastueuse a commencé le 15 février 2004 en Ukraine, Isinbayeva passant alors 4,83 m. Une semaine plus tard, sa compatriote et rivale Svetlana Feofanova reprenait ce record en franchissant une barre placée deux centimètres plus haut.

Le duel que se sont livré les deux athlètes russes au cours du premier semestre de l’année s’est logiquement poursuivi mardi sur le sautoir du stade olympique d’Athènes. Eliminée lors des qualifications, l’Américaine Stacy Dragila n’a en effet pas réussi à défendre en finale du concours le titre olympique qu’elle avait décroché voilà quatre ans. Seule la Polonaise Anna Rogowska a réussi se mêler un temps à la lutte, emportant la médaille de bronze grâce à une barre à 4,70 m. Feofanova continue de prendre de la hauteur et passe 4,75 m. Isinbayeva, qui bloque alors à 4,70 m, décide de jouer le tout pour le tout sur son dernier essai et demande une barre à 4,80 pour tuer le concours. Celle qui avait franchi le 30 juillet une barre à 4,90 m se savait capable d’un tel exploit. Son saut est magnifique et elle s’installe en tête du concours. Une serviette sur la tête, elle préfère ne pas assister au dernier saut de sa concurrente. Fatiguée, Feofanova ne parvient pas à décoller et voit s’envoler la médaille d’or.

Une stratégie à la Bubka

Déjà aux anges avec une médaille d’or et un nouveau record olympique, Isinbayeva voulait vivre une soirée encore plus folle et aller encore plus haut. Une nouvelle fois, elle se place en bout de sautoir, parle à sa perche et s’élance, battant pour la sixième fois de l’année son propre record du monde avec un saut à 4,91 m. «C’est grâce à l’énergie du public que j’ai battu le record du monde. Les applaudissements montant du stade comble m’ont donné du courage. Psychologiquement, c’était très dur alors que techniquement, non », confiait ensuite cette jeune athlète qui a longtemps pratiqué la gymnastique avant de passer à la perche. «Quand j’ai atteint les 4,80 m, je savais que j’allais gagner. Battre le record du monde était un plus. Je sais que je suis capable de faire encore mieux, mais je veux avancer centimètre par centimètre».

La barre des cinq mètres semble effectivement promise à cette jeune prodige qui aurait déjà franchi cette hauteur à l’entraînement. Mais Isinbayeva semble privilégier la même stratégie que son glorieux aîné, le perchiste Sergueï Bubka, qui a battu 35 fois le record du monde en l’augmentant centimètre par centimètre pour atteindre 6,14 m. Soupçonnée de vouloir à son tour percevoir les retombées financières de chaque nouveau record, Isinbayeva se contente de répondre qu’elle ne se sent pas encore prête à s’attaquer en compétition à une barre placée à 5 mètres du sol. Une retenue qui ne l’empêche cependant pas de voir déjà très loin. «Je crois qu’à l’avenir, les femmes peuvent passer non seulement les cinq mètres, mais je crois que les femmes peuvent aussi sauter jusqu’à un mètre de moins que les hommes», estime Isinbayeva. Un laps de temps assez long devrait cependant être nécessaire. Car sur la base du record établi par Bubka et selon le rythme lancé par ce champion retraité, le record du monde féminin devra encore être battu 23 fois.