par Kouassi Guesdet
Article publié le 07/12/2005 Dernière mise à jour le 07/12/2005 à 13:42 TU
La principale caractéristique des Jeux de la francophonie est le fait qu’ils ont été lancés par des chefs d’Etat et de gouvernement. C’est en 1987, à Québec, que le sommet de la Francophonie décide d’encourager la tenue de ces Jeux avec deux volets, l’un culturel, l’autre sportif. Une première ! Si on les a considérés à leur naissance, en 1989 au Maroc, comme une réplique des Jeux du Commonwealth (issus des Jeux de l’Empire britannique), leur seule ressemblance est qu’ils regroupent des pays qui pratiquent une même langue, l’anglais pour le Commonwealth et… le français pour la francophonie.
Les plus gros contributeurs sont la France et le Canada
Parmi les spécificités de ces Jeux, la solidarité figure en bonne place. Le financement fait appel à la contribution des autres pays membres. La clé de répartition des charges financières permet ainsi de soulager le pays organisateur, contrairement aux autres grandes compétitions, tels les Jeux olympiques, où l’enveloppe de l’organisation est entièrement prise en charge par le pays d’accueil. Les plus gros contributeurs à l’organisation de la manifestation sont les pays les plus riches, la France et le Canada.
Il aurait été impossible au Niger – l’un des pays du monde les moins dotés en ressources financières et économiques – de supporter à lui seul la facture de ces Jeux. Ce serait sans doute le moyen le plus sûr de décourager les candidatures venant des pays du Sud. C’est la raison pour laquelle l’ancien ministre français des Sports du gouvernement de Lionel Jospin, Marie-George Buffet, a déclaré un jour : «Si les Jeux n’ont lieu que dans les pays riches, il faut alors les arrêter.» Le Niger est le troisième pays du Tiers monde à accueillir l’événement après le Maroc en 1989 et Madagascar en 1997. En regard, on compte deux organisations dans le Nord avec la France en 1994 et le Canada en 2001.
Les Jeux permettent à certains pays africains de tester leur niveau
Autre différence de taille par rapport aux autres compétitions : la prise en compte des quotas d’athlètes et les minima sont d’un genre différent de ceux qu’on retrouve dans les grandes compétitions ou les championnats continentaux. Ici, la participation à certaines disciplines dépend plus de la capacité d’accueil des sites que de la volonté de regrouper une élite. D’ailleurs, les Jeux de la francophonie, du fait de leur accessibilité, ont parfois permis à certains pays africains de tester leur niveau dans certaines disciplines et de mesurer ce qui les sépare de l’élite continentale. Une occasion qui ne leur est pas donnée lors des championnats continentaux ou des Jeux africains devenus très sélectifs et dominés par une poignée de pays d’Afrique.
En Afrique de l’Ouest francophone, en dehors du Sénégal et de la Côte d’Ivoire (et à un degré moindre du Mali), des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Niger et le Togo sont sous-représentés dans des compétitions comme les championnats continentaux d’athlétisme ou de basket. Idem en Afrique centrale où, à l’exception du Cameroun ou parfois du Gabon, la présence de sélections venues du Tchad ou de la Centrafrique est exceptionnelle dans les compétitions africaines.
A l’inverse, la spécificité de ces Jeux permet à un même pays d’être présent avec trois composantes : le Canada est représenté par l’entité du même nom, et par deux autres provinces : le Québec et le Nouveau Brunswick.
La manifestation connaît un plus grand succès populaire dans le Sud
La pérennité de ces Jeux bien particuliers dépend, selon les spécialistes, de la poursuite de l’alternance dans l’organisation, une condition de nature à encourager les «petits» pays à faire acte de candidature. Ce qui a deux avantages. D’abord, on a observé que la manifestation connaît un plus grand succès populaire dans le Sud, sevré de ce genre d’événements, que dans le Nord. A Paris et banlieue en juillet 1994, les Jeux ont été un échec sur le plan populaire. Ils se sont déroulés dans une quasi confidentialité accentuée par le silence des médias.
Le second avantage est politique. Face à la demande pressante d’infrastructures dans les pays du Sud, la construction et la réhabilitation de sites sportifs en vue des Jeux contribue pour une part à ces attentes.