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Niger

Polémique sur la crise alimentaire

<EM>«Toute ONG ou tout organisme international qui ne passe pas par nous pour appuyer nos hôpitaux, nos centres de santé intégrés, sera purement et simplement refoulé»</EM>, a déclaré Ary Ibrahim, le ministre de la Santé nigérien.(Photo: AFP)
«Toute ONG ou tout organisme international qui ne passe pas par nous pour appuyer nos hôpitaux, nos centres de santé intégrés, sera purement et simplement refoulé», a déclaré Ary Ibrahim, le ministre de la Santé nigérien.
(Photo: AFP)
Alors que le Niger s’apprête à accueillir la cinquième édition des Jeux de la Francophonie, du 7 au 17 décembre à Niamey, resurgit le problème de la crise alimentaire. Le gouvernement nigérien menace de «refouler» les ONG qui ne se plieraient aux nouvelles règles de contrôle qu’il entend imposer.

«J’apporte un démenti catégorique à toutes les informations tendancieuses véhiculées par une certaine presse à l’effet de discréditer le pays à la veille des Ves jeux de la francophonie», a déclaré Ary Ibrahim, le ministre nigérien de la Santé publique et de la lutte contre les endémies à l’instar de tout le gouvernement qui accuse les Organisations non gouvernementales (ONG) et organismes internationaux qui soutiennent que le pays n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise alimentaire aiguë. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) est nommément visé par les autorités nigériennes qui estiment que le Niger a vaincu la crise alimentaire qui avait sévèrement touché le pays de novembre 2004 à septembre 2005. Plus de 3,6 millions de personnes sur une population de 12 millions d’habitants avaient été frappés dont au moins 800 000 enfants. 

Déjà à l’époque, de nombreuses autorités nigériennes avaient crié à la manipulation et à l’intoxication lors de la révélation du phénomène. Le travail acharné des ONG et de la presse avaient finalement eu raison de ceux qui en minimisaient l’ampleur. Une autre école avait soutenu que ce sont plutôt les autorités nigériennes qui montaient en épingle un phénomène récurrent au Niger pour attirer des capitaux. Bref, une réalité demeurait frappante et préoccupante, celle de milliers de personnes menacées par la faim et qui n’avaient que faire des querelles idéologiques et politiques. L’aide était venue de partout et effectivement un rééquilibre des besoins alimentaires a été observé. Les autorités nigériennes ont d’ailleurs annoncé que la campagne agricole achevée en septembre dernier était assez concluante. La production céréalière a connu cette année un excédent 21 000 tonnes. Les régions de Maradi et de Zinder, contrairement à la saison dernière, auraient enregistré des excédents de plus de  70 000 tonnes chacune.

Le gouvernement menace les ONG

Malgré ces chiffres plutôt encourageants, les autorités nigériennes reconnaissent qu’un millier de villages abritant plus de 1,8 million de personnes «pourraient être en difficulté en 2006». Mais elles n’acceptent pas que les ONG et autres organismes internationaux le disent. En effet, ces institutions ne crient pas victoire et maintiennent la pression pour qu’une vigilance de tous les instants soient observée. Elles ne tiennent compte ni des politiques ni des répercutions diplomatiques que leurs actions pourraient occasionner. «Après cette bonne saison des pluies, la crise alimentaire est finie. Nous ne tolérerons plus qu’une ONG ou tout autre organisme aille gérer des fonds à notre insu et aille encore faire des publicités, des intox, pour engranger des fonds», a déclaré Ary Ibrahim. Le gouvernement reproche aux ONG, non seulement de salir l’image du Niger mais aussi de détourner des fonds pour destinés aux programmes humanitaires. Le gouvernement nigérien veut désormais avoir l’œil sur toutes activités humanitaires au Niger.

Ce changement de ton des autorités nigériennes intervient aussi à la veille des Jeux de la francophonie parce que de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’immoralité qui consiste à organiser des jeux de «prestige» avec tout ce que cela comporte de gaspillage et de dépenses insensées alors qu’une frange de la population vit sous la menace de la famine. De nombreux intellectuels parlent aussi du geste «élégant» qui consisterait à transférer les fonds prévus vers des actions pérennes et qui participent à la sécurité alimentaire. C’est dans cette optique que l’Arabie saoudite a fait un don de 2 millions de dollars au gouvernement nigérien pour participer à la reconstitution des stocks alimentaires.

Par ailleurs, en cette période de fin d’année, nombreux sont les ONG et organismes internationaux qui font le bilan de leurs activités écoulées et se projettent dans l’avenir en faisant des prévisions pour mobiliser des capitaux. Les prévisions sur le Niger, malheureusement pas très encourageantes, ont été incluses dans leurs budgets prévisionnels. Les autorités nigériennes ont considéré que cela était une mauvaise publicité faite à leur pays en ces moments où des athlètes de 44 pays se préparent à venir au Niger.


par Didier  Samson

Article publié le 29/11/2005 Dernière mise à jour le 29/11/2005 à 18:13 TU