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Niger

Kofi Annan essuie les critiques des ONG

Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et son épouse à l'hôpital de Zinder au Niger. (Photo: AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et son épouse à l'hôpital de Zinder au Niger.
(Photo: AFP)
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a passé quarante-huit heures au Niger pour constater de lui-même l’ampleur de la famine qui sévit dans ce pays. Sa visite intervient aussi en pleine polémique entre agences et organisations non gouvernementales.

«Je suis venu ici pour voir par moi-même ce qui se passe et pour discuter avec le président (Mamadou Tandja) et le Premier ministre (Hama Amadou) de ce qu’on peut tous ensemble sur le court et le long termes», a déclaré à la presse le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, après la visite d’un village dans la région de Zinder, la plus touchée par la crise alimentaire. Accompagné de son épouse, Kofi Annan a visité le centre pédiatrique de l’Hôpital de Zinder avant de se rendre dans un centre de «renutrition» de Médecins sans frontières-Suisse (MSF). Kofi Annan a ainsi multiplié les visites dans de nombreux centres sans tenir compte des critiques des ONG qui reprochent à l’ONU et aux organisations qui lui sont liées leur manque d’appréciation lucide de la situation qui prévaut au Niger.

Jean-Hervé Bradol, le président de Médecins sans frontières n’a pas manqué l’occasion de demander à Kofi Annan «de mettre un peu d’ordre au sein des agences des Nations unies». En effet, les ONG reprochent à l’ONU d’avoir donné des réponses tardives aux différentes alertes lancées par elles. En effet, le Programme alimentaire  mondial (PAM) et l’Unicef, agences de l’ONU, avaient fait le choix de la distribution payante de l’aide d’urgence qu’ils fournissaient. Les ONG s’étaient indignées des ventes de nourriture aux populations déjà éprouvées et démunies. Cette mauvaise appréciation des difficultés des populations est partagée avec le pouvoir nigérien qui avait même instauré une TVA (taxe de valeur ajoutée) sur les produits de première nécessité en mars dernier avant de reculer face au tollé des associations de consommateurs. Aujourd’hui, les agences onusiennes ont, elles aussi, changé de fusil d’épaule pour assurer des distributions gratuites de nourriture.

Réaction tardive, insuffisante et mal orientée

Mais pour autant les reproches des ONG ne se sont pas estompées. Elles font remarquer que les distributions assurées par les agences de l’ONU sont mal orientées et inadaptées. «Il n’y a pas par exemple de farine enrichie pour les enfants. Et les distributions se font selon leurs propres critères et se retrouvent ainsi ailleurs que les régions touchées», précise Jean-Hervé Bradol dans une interview accordée à l’AFP. Et pourtant «nous travaillons en étroite collaboration  avec eux (membres des ONG) et nous sommes surpris que ces inquiétudes n’aient pas été évoquées à Zinder», rétorque Marcus Prior du PAM, invitant les ONG à plus de travail en concertation avec tous les acteurs du secours humanitaire au Niger. Par ailleurs, les Nations unies ont justifié la lenteur des secours par l’attention des bailleurs de fonds captivée par le tsunami en Asie du sud-est.

Actuellement au Niger, et selon les chiffres de l’ONU, plus de 2,5 millions de personnes pour une population de plus de 10 millions sont en «situation de vulnérabilité, dont 32 000 enfants en danger de mort» sur 800 000 enfants affectés par la malnutrition. MSF souligne que depuis le début de cette année ses interventions ont sauvé plus de 21 000 victimes de la malnutrition soignées à l’hôpital de Zinder. Mais la tendance n’est pas à l’amélioration dans la région de Maradi (sud), la zone la plus touchée, «or le PAM ne prévoit de distribuer des rations alimentaires qu’à 110 000 personnes, soit à peine 10% d’une population de 1,2 million», déplore MSF.

Les chiffres alarmants et le dysfonctionnement des agences de l’ONU au Niger n’ont pas suscité de commentaires particuliers de la part de Kofi Annan, qui a toutefois déclaré que «les Nations unies allaient travailler avec le gouvernement et les ONG pour résoudre les problèmes posés par la crise alimentaire» au Niger.


par Didier  Samson

Article publié le 24/08/2005 Dernière mise à jour le 25/08/2005 à 11:41 TU