Niger
L’aide alimentaire arrive mais la distribution piétine
Les organisations non gouvernementales ont regretté le manque de mobilisation internationale pour combattre la famine qui menace près de 3,5 millions de personnes au Niger. Les ONG ont fait un parallèle avec d’autres catastrophes dans le monde et sont arrivées à la conclusion que le «Niger n’est pas un sujet mobilisateur». Sans établir une échelle de valeurs dans les malheurs de l’humanité, elles ont néanmoins déploré que près de deux mois après le cri d’alarme lancé, les sommes rassemblées n’atteignent que le tiers des besoins.
Toutefois, des tonnes de vivres sont arrivées ses derniers jours au Niger, mais la distribution reste très aléatoire, n’atteignant pas les villages les plus reculés et peut-être les plus sinistrés. Un phénomène de goulot d’étranglement est évoqué pour expliquer la lenteur de la distribution qui contraste avec l’urgence des besoins. L’acheminement des secours est aussi un problème. Dans la charrette des reproches et incompréhensions les Nigériens n’oublient pas d’inclure leur propre président, Mamadou Tandja, qui n’a visité les populations sinistrées que lors de la visite du roi Mohamed VI du Maroc, le 18 juillet dernier.
A Maradi, le roi avait visité un hôpital de campagne équipé par le Maroc. Outre la signature des accords économiques, assistances financières, formation de personnels de santé, etc. le Maroc a apporté une première aide d’urgence de 190 tonnes de vivres et de médicaments. L’association Réunir, de l’ancien ministre français Bernard Kouchner, a aussi apporté 18 tonnes d’aide composée d’huile, de sucre et de plusieurs tonnes d’un nutriment mis au point par une entreprise française basée en Normandie (région au nord-ouest de la France). Les moyens aériens de l’armée française basée à Ndjaména au Tchad ont aussi été mis à contribution pour acheminer 40 tonnes de mil et 28 tonnes d’huile d’arachide.
« Le pire est à venir »
Pour une meilleure coordination des aides débarquées à Maradi, le Programme alimentaire mondial (PAM), organe de l’ONU assure la réception et la répartition des vivres vers les populations prioritaires. Alors qu’il n’existe pas de statistiques fiables, de la part des autorités locales, on estime le nombre d’enfants menacés par la famine à 800 000 dont 150 000 seraient touchés par la malnutrition. Selon les organes de l’ONU, au moins 1,5 million de personnes se trouveraient dans «une situation extrêmement critique». Malgré la distribution des premiers arrivages, Médecins sans frontières (MSF) craint le pire pour les mois à venir. En effet, une saison pluvieuse s’annonce et pourrait occasionner «une recrudescence de diarrhées et de paludisme pour les enfants malnutris», craint MSF.
L’invasion des criquets, qui ont décimé les récoltes et pâturages en 2004, et la sécheresse exceptionnelle ont exposé le Niger à une grave pénurie alimentaire. Les greniers sont vides alors la population nigérienne dépend à 80% de l’agriculture vivrière. Le PAM envisage de distribuer avant la fin de cette semaine 4 000 tonnes d’aide alimentaire d’urgence et d’établir un pont aérien entre Brindisi (Italie) et le Niger. Le PAM a également prévu d’acheminer des ports des pays côtiers, par convois de camions, l’aide alimentaire vers le Niger. Déjà 550 tonnes de pois cassés et 2 000 tonnes de riz en provenance du port de Lomé (Togo) sont attendues avant la fin de cette semaine au Niger. Selon les prévisions mises au point par les ONG, présentes à Niamey, elles pourraient bientôt disposer de 2 sacs de céréales, de 15 kg de légumineuses et de 5 litres d’huile par famille.
par Didier Samson
Article publié le 26/07/2005 Dernière mise à jour le 26/07/2005 à 17:49 TU
