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Niger

Un marché de Niamey brûle

Le marché de Katako, au nord-ouest de Niamey, est parti en fumée.(Photo : AFP)
Le marché de Katako, au nord-ouest de Niamey, est parti en fumée.
(Photo : AFP)
Alors que le gouvernement s’oppose, depuis quelques semaines, aux organisations sociales à propos de la flambée des prix des produits de première nécessité, un marché brûle à Niamey. Accident ou acte criminel, les autorités politiques et policières mènent l’enquête.

En milieu de soirée à 21h30 locales, le 13 avril, un incendie s’est déclaré à Katako, l’un des principaux marchés de Niamey. Ce marché dont la principale activité est la vente de céréales, maïs, mil, sorgho, riz, gari (farine de manioc) a été ravagé aux trois quarts. Les pompiers de la ville ont plus de trois heures pour venir à bout des flammes. Les secours dépêchés sur place n’ont signalé aucun blessé. En revanche, les dégâts matériels encore non estimés sont jugés très importants. Outre les céréales, le marché de Katako propose également des matériaux de construction, des vêtements et même des denrées alimentaires. 

Selon plusieurs témoins le feu se serait rapidement propagé et aurait redoublé d’intensité à cause de l’entreposage anarchique des marchandises. Les pompiers ont dû faire appel à des bulldozers pour se frayer des chemins afin d’atteindre certains foyers au cœur du marché. Le marché sans clôtures se mêle par endroits aux habitations des riverains, malgré des mesures de sécurité énoncées par les pouvoirs publics après l’incendie d’un autre marché de Niamey, celui de Wadata en mai 2004. Autour des marchés, les trottoirs des voies publiques sont aussi occupés par des vendeurs, plus ou moins illégalement installés. En effet nombreux sont ceux parmi eux qui paient une patente mais ne disposent pas d’une boutique à l’intérieur du marché. Par ailleurs, la quasi-totalité des boutiques est faite de bric et broc, avec des matériaux de récupération, bois, bambous paille, etc., qui n’offrent aucune garantie de sécurité.

Mêmes causes, mêmes effets

Les mêmes causes avaient entraîné les mêmes effets en 1982, où Haboubéné, le plus grand marché de Niamey avait presqu’entièrement brûlé. Dans les autres capitales africaines de la région la situation n’est pas meilleure. Dakar, Bamako, Ouagadougou, Cotonou ont connu ces dernières années d’importants incendies des marchés. Promiscuité, densité, désordre, installations anarchiques, disposition de produits inflammables à côté du bois et des tissus sont autant difficultés doigtées par les sociétés d’exploitation des marchés et les associations de commerçants. Paradoxalement, ces organes qui soulignent les différents dangers ne prennent aucune disposition pour les éviter. Ils attendent des pouvoirs publics « qu’ils mettent de l’ordre ».

Enfin, ce dernier incendie du marché de Katako en rajoute aux difficultés des consommateurs nigériens déjà aux prises avec le gouvernement sur la cherté des produits de première nécessité due à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19% instaurée par le gouvernement. En effet, l’ensemble du pays pourrait pâtir de cet incendie, parce que le marché de Katako fournit l’intérieur du pays en céréales importées du Nigeria et du Bénin. Cet incendie intervient également la veille de la rencontre entre  « la Coalition contre la vie chère » et le gouvernement. Ce dernier veut expliquer le bien-fondé de l’instauration de la TVA « en élargissant le cadre de concertation  et d’information » alors que ses interlocuteurs vont lui soumettre « les alternatives à la TVA » qui tournent autour de la baisse du train de vie de l’Etat.           


par Didier  Samson

Article publié le 14/04/2005 Dernière mise à jour le 14/04/2005 à 16:49 TU