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Niger

La tension sociale s’accentue

Sur un marché de Niamey. La loi de finances 2005 qui a institué une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19% aurait entraîné une flambée des prix. (Photo: AFP)
Sur un marché de Niamey. La loi de finances 2005 qui a institué une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19% aurait entraîné une flambée des prix.
(Photo: AFP)
Deux organisations de journalistes ont dénoncé les arrestations lors des dernières quarante-huit heures de quatre membres du «Collectif contre la vie chère», une organisation qui appelle à une grève générale dans le pays pour réclamer l’abrogation de la loi de finances 2005.

Les quatre arrestations ont eu lieu en peu de temps. Vendredi, trois membres du «Collectif contre la vie chère» ont été arrêtés: Moustapha Kadi, président des SOS Kandadji, une association de défense des consommateurs, Morou Amadou, président de Croisade, une association de défense des droits de l’Homme et Nouhou Arzika, président de la coalition de la société civile qui proteste contre l’adoption de la loi de finances 2005. Ce dernier avait d’ailleurs déjà été brièvement arrêté voilà dix jours, après une manifestation dans les rues de la capitale. «Nouhou, Moustapha et Morou ont subi plusieurs interrogatoires et des perquisitions opérées vendredi soir à leurs domiciles n’ont rien donné», a indiqué Omar Keïta, membre de l’Union des journalistes privés du Niger (UJPN).

Une quatrième interpellation s’est déroulée samedi, celle de Moussa Tchangari, journaliste et dirigeant de la Coordination démocratique de la société civile du Niger (CSDN). «Tchangari a été arrêté par des policiers au siège de son journal et détenu dans les locaux de la police judiciaire», a déclaré sous couvert d’anonymat un collaborateur du journal Alternative, dont M. Tchangari est le directeur.

L’UJPN et le Réseau des journalistes pour la défense des droits de l’Homme (RJDH) ont dénoncé samedi dans un communiqué conjoint ces quatre arrestations que les autorités locales n’ont toujours pas confirmées. «Nous demandons la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées et d’abroger la loi de finances 2005, en vue de créer les conditions d’une recherche de solutions alternatives», indique ce texte qui met en garde les autorités «contre toute manœuvre visant à entraver la libre expression des idées et des opinions».

Le gouvernement ne veut pas reculer

La veille de ces interpellations, le Collectif avait décidé à l’issue d’une assemblée générale d’organiser une grève dans tout le pays le 5 avril, le CDSCN appelant dès le jeudi 31 mars à une marche pacifique suivie d’un meeting. Ces mobilisations ont pour but de contraindre le gouvernement à abroger la loi de finances votée début janvier qui institue une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19%. Selon le collectif, cette disposition a entraîné une flambée des prix.. Et une trentaine de structures regroupant défenseurs des droits des consommateurs, des droits de l’homme et des droits des travailleurs ont lancé depuis plusieurs semaines une intense mobilisation qui s’est concrétisée par une première manifestation le 15 mars.

Face à ces demandes, les autorités font preuve de fermeté. «Nous ne reculerons pas. Ils (les dirigeants du Collectif) ont franchi le Rubicon. Au lieu de revendications corporatistes, ils font des revendications politiciennes en demandant aux citoyens d’organiser des prières pour que le régime tombe», a déclaré vendredi Mohamed Ben Omar, porte-parole du gouvernement nigérien. «Ce sont des organisations sociales qui ne sont pas censées faire de la politique politicienne, (…) le bon sens impose qu’elles expriment des alternatives sociales», a ajouté M. Ben Omar, qui a accusé les représentants du  CNDS d’avoir choisi de quitter la table des négociations. Le dialogue étant pour l’instant rompu, c’est donc dans la rue que se dérouleront les prochains actes de ce conflit.


par Olivier  Bras

Article publié le 27/03/2005 Dernière mise à jour le 27/03/2005 à 12:37 TU

Audio

Hama Amadou

Premier ministre du Niger

«Il faut réfléchir sur des mesures d’accompagnements qui aideront à mieux faire passer les dispositions législatifs.»

Moustapha Kadi

Un des responsables de la coalition contre la vie chère

«Au moment où la population a faim, nous ne pouvons pas comprendre comment le gouvernement du Niger peut prendre une loi pour augmenter tous les prix.»

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