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Sports mécaniques

F1 : l’avenir incertain du Grand Prix de France

par Marc Verney

Article publié le 02/07/2007 Dernière mise à jour le 02/07/2007 à 14:44 TU

Le Finlandais Kimi Räikkönen, vainqueur du Grand Prix de France dimanche 1er juillet 2007 à Magny-Cours.(Photo: Reuters)

Le Finlandais Kimi Räikkönen, vainqueur du Grand Prix de France dimanche 1er juillet 2007 à Magny-Cours.
(Photo: Reuters)

Y aura-t-il encore un Grand Prix de France de Formule 1 en 2008 ? C’est la question que l’on peut se poser après l’édition 2007 qui a vu Bernie Ecclestone, le grand patron de la F1 indiquer que le circuit nivernais n’avait pas «d’avenir». Apprécié par les pilotes mais très critiqué par les instances dirigeantes de ce sport en raison de son éloignement, le site de Nevers-Magny-Cours (Nièvre) n’a jamais pu s’imposer comme un rendez-vous incontournable de ce sport. Circonstance aggravante : l’absence de pilote français de premier plan entraîne une nette baisse du nombre de spectateurs avec comme conséquences un manque à gagner considérable. Insupportable pour Bernie Ecclestone, un homme à la recherche de toujours plus de glamour, de gigantisme et de luxe pour un sport fortement soutenu par des industries du tabac désormais en net déclin en Europe.

C’est le plus ancien Grand Prix. Il existe depuis 1906. Et le GP de France figure par ailleurs depuis 1950 sur le calendrier officiel du championnat du monde de Formule 1. C’est la grande époque des Fangio, Hawthorn, Ascari, Chiron… Les voitures ont pour nom Ferrari, Alfa Romeo ou Mercedes… Avec la victoire de Kimi Räikkönen au Grand Prix de France à Magny-Cours en 2007, près de soixante ans plus tard, une page d’histoire se tourne. Pour Bernie Ecclestone, le grand manitou de la F1, c’est dit : il n’y aura plus de compétition de Formule 1 sur le circuit nivernais et le risque est grand de voir la France absente du calendrier de ce sport dès l’année 2008.

Le circuit de Nevers-Magny-Cours, situé dans la Nièvre, à plus de deux cent kilomètres de Paris reçoit les épreuves de Formule 1 depuis 1991. C’est le sixième circuit utilisé en cinquante-sept ans. Les environs sont paisibles, bucoliques mais manquent cruellement d’infrastructures : hôtels peu nombreux, routes sinueuses… Il est dit que les liens étroits de la région avec François Mitterrand, alors président de la République, ne sont pas étrangers au curieux choix de ce circuit. Alain Prost y gagne en 1993 sur une Williams à moteur Renault. C’est le dernier vainqueur Français d’un GP français…

Une course à Paris, ou Versailles ?

Pour la Fédération française de sport automobile, en charge jusque-là de l’organisation du Grand Prix, et qui a fêté en 2006 le centenaire de la compétition, l’enjeu est avant tout «de ne pas perdre d’argent» sur l’organisation de la course, souvent considérée comme un tournant de la saison de F1. Mais ce sport évolue très vite : de nouveaux circuits s’implantent un peu partout dans le monde. Après Bahreïn et Shanghai en 2004, Istanbul en 2005, ce sont Singapour et Valence (Espagne) qui arrivent sur le calendrier 2008 avant Abou Dhabi en 2009. Des candidatures souvent financièrement attirantes pour un sport largement parrainé par les industries du tabac.

D’autres pays encore se manifestent : la Corée du Sud, la Russie, l’Inde (en 2009) postulent à l’organisation d’un GP de Formule 1. Et la pression monte sur les pays européens, dont les Grand Prix sont menacés par cette concurrence venue d’ailleurs. Alors que reste-t-il pour sauver la Formule 1 en France ? «Quelque chose à Paris», lance Bernie Ecclestone dans l’Equipe, le 30 mai 2007. «Si l’on pouvait avoir une course à Paris, ce serait magnifique, je leur signerais tout de suite un contrat de 99 ans» assure dans la foulée le grand argentier de la F1. La piste de la Nièvre, en difficultés financières, doit pourtant encore contractuellement organiser le Grand Prix de France 2008 et la Société du circuit se dit prête à reprendre à son compte l’organisation de la course avec l’aide du département de la Nièvre et la région de Bourgogne. Un combat qui semble difficile à mener tant la volonté affichée par Ecclestone de supprimer le rendez-vous de Magny-Cours semble forte.

Si l’organisation d’un Grand Prix de F1 à Paris intra muros paraît impossible en raison de problèmes de sécurité, Bernie Ecclestone projette en fait d’organiser le GP non loin de Disneyland ou à proximité de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Ni l’une ni l’autre de ces hypothèses ne devrait cependant voir le jour rapidement et, pour la première fois depuis 1955, année où le GP de France a été annulé en raison d’un accident survenu lors des 24 heures du Mans, il n’y aura peut-être plus de compétition de F1 en France, berceau du sport automobile...

Les différents circuits de Formule 1 français

Circuit de Reims-Gueux. Il a été utilisé pour la F1 en 1950, 1951, de 1953 à 1956, de 1958 à 1961, en 1963 et en 1966. Ce circuit, de forme triangulaire spectaculaire situé à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Reims entre les villages de Thillois et de Gueux. Le circuit a été utilisé pour la dernière fois avec notamment des courses de Formule 2 et Formule 3 en 1969 et la dernière compétition (une course de moto) a eu lieu en 1972.
Circuit de Rouen-Les-Essarts. Utilisé pour la première fois au le GP de France de 1952. Puis en 1957, 1962, 1964 et 1968. Installé sur la commune de Grand-Couronne, c’est l’un des plus modernes de l’époque. En 1968, le coureur Jo Schlesser y trouve la mort dans l’incendie de sa voiture. Le tracé, qui utilisait des routes publiques, présentait de graves défauts comme un virage pavé en épingle à cheveux et des endroits sans visibilité dans les parties boisées du parcours.
Circuit de Charade. Proche de Clermont-Ferrand (Auvergne) , le circuit, tracé entre les montagnes, reçoit les épreuves de F1 en 1965, 1969, 1970 et 1972. Le champion français Maurice Trintignant en a dit : «Avec le circuit d'Auvergne, nous avons enfin en France, une école de pilotage style Nurburgring».
Circuit Paul-Ricard (Castellet). Premier grand Prix de France en 1971. Suivent les GP 1973, 1975, 1976, 1978, 1980, 1982 et 1983, 1985 à 1990. Assisté par les pilotes Jean-Pierre Beltoise et André Pescarolo, l’industriel Paul Ricard décide d’implanter, sur mille hectares, un circuit automobile sur le plateau du Camp entre Marseille et Toulon (Var). L’inauguration est un énorme succès populaire. L’anneau de bitume de 5,8 km est une référence en matière de sécurité et c’est là qu’Alain Prost y remporte ses plus belles victoires. Aujourd’hui, le circuit est propriété de Bernie Ecclestone. Il sert aux essais privés de F1.
Circuit de Dijon-Prenois. Magnifiquement situé sur les hauteurs de la région dijonnaise (Côte d’Or), le circuit a été inauguré le 26 mai 1972. Le tracé initial est de 3,289 km. En 1975, le tracé est porté à 3,801 km. S’y déroulent les GP de France 1974, 1977, 1979, 1981 et 1984. Malgré une accessibilité épouvantable, l’endroit est resté célèbre pour un duel d’anthologie que se livrent en 1979 dans les derniers tours et pour la deuxième place Gilles Villeneuve (Ferrari) et René Arnoux (Renault turbo). En 1982, Dijon-Prenois a également accueilli un Grand Prix de Suisse.
Circuit de Magny-Cours. Le circuit a reçu le GP de France de F1 sans arrêt entre 1991 et 2007. D’une longueur de 4, 411 km, le circuit, au bord de la N7, proche de Nevers, reprend les meilleurs virages existant en F1, ce qui en fait un circuit très technique et très complet. Cependant, avec une accessibilité limitée, cause de bouchons considérables et une hôtellerie défaillante, il est très critiqué par les professionnels de la Formule 1.
Nota : le Grand Prix de France 1967 a été couru sur le circuit des 24 heures du Mans.

Le site officiel de la Formule 1

La Fédération internationale de l'automobile est sur internet

Site de la Fédération française de sport automobile