Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Rugby

France : les mousquetaires à l’assaut de la Coupe

par Marc Verney

Article publié le 28/08/2007 Dernière mise à jour le 28/08/2007 à 16:24 TU

Entraînement du XV de France au centre de Marcoussis.(Photo: Reuters)

Entraînement du XV de France au centre de Marcoussis.
(Photo: Reuters)

Les succès du XV tricolore en matchs préparatoires de la Coupe du monde placent la France dans le rôle difficile du leader annoncé de l’hémisphère nord face au trio du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud. Seule formation battue à deux reprises en finale d’un Mondial (1987 et 1999), l’équipe de France peut aujourd’hui compter sur le soutien de tout un pays mais également sur la robustesse de quelques individualités emblématiques qui donnent le ton au sein du groupe…

Bernard Laporte, sélectionneur du XV de France et… futur ministre

Bernard Laporte.(Photo: Reuters)

Bernard Laporte.
(Photo: Reuters)


« On se fout d’être les favoris. Ce qui est important, c’est ce que l’on se dit entre nous », a lancé l’ancien demi de mêlée devenu sélectionneur national, peu après les trois victoires de son équipe face à l’Angleterre (21-15 le 11août, 22-9 le 18 août) et au Pays de Galles (34-7 le 25 août). Voilà bien la marque de Bernard Laporte, un mélange de gouaille, de sagesse et de roublardise qui lui a valu « l’honneur » de se voir caricaturé en marionnette à l’émission satirique des Guignols de l’info de Canal Plus, quatre mois après son arrivée à la tête de l’équipe de France en 1999. « C’est quelqu’un qui mixe différents niveaux de langage, relève Philippe Liotard, sociologue à la faculté des Sports de l’université Lyon I. Il utilise à la fois le registre tactique et celui de l’émotion. Il n’y a pas besoin d’être un spécialiste du rugby pour comprendre l’émotion, même si on ne comprend pas la tactique ».

Né en 1964 à Rodez, Bernard Laporte s’est, peu à peu, construit une personnalité hors normes dans le milieu rugbystique. S’il est le demi de mêlée du Bêgles champion de France en 1991, il est plus connu pour ses réussites en tant qu’entraîneur, au Stade bordelais tout d’abord mais surtout au Stade français à Paris, un club qu’il emmène à la conquête réussie du Bouclier de Brennus en 1998. Max Guazzini, le président du club, lui ouvre les portes de la politique et du show business. Arrivé à la tête de l’équipe de France en décembre 1999, en duo avec Jo Maso, le manager, il porte les tricolores vers deux grands chelems dans le tournoi des Six nations en 2002 et 2004. Le Mondial 2003 est un échec relatif : l’équipe de France se fait battre en demi finales face à l’Angleterre 24 à 7.

Mais l’homme a sa face cachée : Laporte, très actif dans les affaires possède plusieurs campings, ainsi que des participations dans de nombreux restaurants ou casinos. Son franc-parler est également un régal pour les publicitaires. Critiqué pour cet aspect parfois trouble de ses activités, Bernard Laporte a annoncé vouloir renoncer à son business après la Coupe du monde au moment où il intégrera le gouvernement Sarkozy comme secrétaire d'Etat aux Sports.

Ibanez, le capitaine courage

Le capitaine actuel du XV de France est un revenant. Ibanez avait mis, dans un premier temps, un terme à sa carrière internationale en novembre 2003, après la défaite de l’équipe de France face à l’Angleterre en demi finale de la Coupe du monde australienne. Puis est revenu en équipe de France en 2005, ayant retrouvé dans les clubs anglais Saracens et Wasps son plaisir de jouer au rugby.

L’homme est quasiment né avec un ballon ovale entre les mains. A 24 ans, il est propulsé capitaine des Bleus dès sa septième sélection au poste de talonneur de l’équipe de France du tournoi des Cinq nations 1998. Sa première apothéose, il la vit lors de la Coupe du monde 1999 : une demi finale de légende face aux All Blacks gagnée 43-31 et, hélas, une finale perdue face à l’Australie 35-12.

Simple remplaçant aux débuts de l’ère Laporte, Raphaël Ibanez redevient un élément important du dispositif tricolore dès 2001. Après l’éclipse de 2003, son retour, en 2005 fait de lui avec 92 sélections l’un des talonneurs les plus capés au monde.

Fabien Pelous, le recordman des sélections

Fabien Pelous.(Photo: Reuters)

Fabien Pelous.
(Photo: Reuters)

Avec son record de 112 sélections dans le XV tricolore, le deuxième ligne Fabien Pelous, à 33 ans, fait preuve d’un humour bien à lui : « C’est fait, le record est battu. (…) Ca ne fait rien de plus que la 111e, la 100e ou la 90e. Je ne suis pas encore à l’heure du bilan ». Ce natif de Saverdun (Ariège) trouve en tous cas dans le jeu du rugby l’occasion parfaite d’exprimer son goût pour le combat et les victoires. Trop grand pour le foot, il est orienté très tôt vers l’ovale, à la section sport-études du lycée Jolimont à Toulouse.

De retour dans la Ville rose après des passages à Graulhet et Dax, Fabien Pelous s’impose comme un leader au sein du Stade toulousain. En 1995, il devient capitaine de l’équipe de France lors d’une tournée en Argentine… Pelous est d’abord un homme qui donne l’exemple. Qui s’engage avant d’engager ses hommes… et est respecté pour cela. Cette Coupe du monde 2007 est pour lui l’occasion de clore en beauté une carrière exemplaire.

Serge Betsen, défenseur intraitable

En l’absence de Raphaël Ibanez, le Biarrot Serge Betsen, 33 ans, a étrenné ses premiers galons de capitaine du XV de France, le 25 août, face au Pays de Galles. Fort de ses 56 sélections en équipe nationale, Betsen n’a jamais changé de comportement sur le terrain, partisan d’un engagement total au bénéfice de l’équipe, il en a récolté les coups : plus qu’un autre le visage du troisième ligne porte les stigmates de ce qui fait le rugby d’aujourd’hui, combat et abnégation…

Mais l’expérience paie : Serge Betsen fait désormais partie du groupe des cinq joueurs (avec Ibanez, Pelous, Dominici et Jauzion) consultés par l’encadrement du XV de France chaque lundi. « Ca m’a fait plaisir de savoir que j’en faisais partie (…), à chaque fois, je vis les choses comme un petit garçon qui vit un rêve éveillé »… Betsen n’a pas fini de sourire…

Yannick Jauzion, la percée en force

Le leader des lignes d’attaque toulousaines est considéré par l’Irlandais O’Driscoll, référence en la matière, comme l’un des meilleurs centres au monde. C’est que Jauzion, 95 kg pour 1,93 m, a des arguments à faire valoir… Mais ce qui a aiguisé l’esprit de ce natif de Castres, c’est d’avoir joué à différents postes, demi d’ouverture notamment, ce qui lui permet d’avoir un regard pertinent sur le dispositif adverse.

Jugé par le passé trop lisse et pas assez guerrier, Jauzion, 29 ans et 43 sélections est désormais la clé française des lignes arrières, celui qui remonte le moral des troupes sur le terrain par son action : « Tout le monde doit montrer la voie et moi j’essaye d’être davantage présent pendant 80 minutes. Même si je suis fatigué, j’essaye de montrer la voie, d’être moins présent par la parole que par les faits ».

Christophe Dominici, le cavalier déroutant

Bombardé par Bernard Laporte dans le dernier tournoi des Six nations, « capitaine des lignes arrières », Christophe Dominici, 35 ans, natif de Toulon, est l’une des grandes stars du Stade français parisien depuis 1997. Du haut de son 1,72 m pour 84 kg, il est l’un des plus petits gabarits de l’équipe de France. Et c’est en 1999, avec sa première Coupe du monde, que Dominici connaîtra la gloire : un essai marqué contre les All Blacks en demi finale de la compétition lui vaudra les unes de toute la presse française…

Contrecoup ou conséquence… Dominici déclare forfait pour les tests-matchs de l’automne 2000 en raison d'une dépression. Remis en selle par Bernard Laporte à l’occasion du Mondial 2003, le joueur du Stade français vit en 2007 sa troisième Coupe du monde… Sa dernière campagne internationale ? « Je ne pense pas à ça, lance-t-il. Le but de chacun, c’est d’être champion du monde ».

Sébastien Chabal, nouvelle cartouche du XV de France ?

Sébastien Chabal.(Photo: Reuters)

Sébastien Chabal.
(Photo: Reuters)

Bernard Laporte n’est plus le seul rugbyman caricaturé aux Guignols de l’info, l’émission satirique diffusée sur la chaîne française Canal Plus. Sébastien Chabal y est désormais présent depuis le printemps 2007. Son look peu banal a beaucoup fait pour lui… Surnommé outre-Manche « Caveman » en raison de ses cheveux longs et sa barbe fournie, Chabal est adoré par les supporters du club anglais de Sale où il joue depuis 2004.

Mais c’est surtout pour l'intensité de son jeu. Ses plaquages, son énergie, font de lui un candidat idéal pour la construction d’une figure médiatique emblématique majeure… Gare, cependant à l’emballement. L’« Attila » des Bleus mérite mieux qu’une caricature. Le rugby est avant tout une école du respect… Chabal, 30 ans, sait qu’il ne doit pas se cantonner dans un rôle de « joueur d’impact » pour percer durablement au sein du XV de France…