par David Kalfa
Article publié le 13/10/2008 Dernière mise à jour le 13/10/2008 à 15:50 TU
El Hadji Diouf, Henri Camara, Khalilou Fadiga… Des noms jusqu’alors associés au génie du football sénégalais. Mais depuis ce 12 octobre 2008, les héros de la Coupe du monde 2002 sont devenus ceux qui ont échoué. Hier, le Sénégal a été tenu en échec chez lui par la Gambie durant les éliminatoires combinées pour la Coupe d’Afrique des nations en Angola et la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Un match nul 1-1 synonyme de 3e place du groupe 6, de non-qualification pour le 3e Tour et donc pour la CAN et le Mondial.
Les Lions de la Teranga avaient pourtant le match en main. A 5 minutes de la fin, les hommes de Lamine N’Diaye menaient encore 1 à 0. Mais les Gambiens ont égalisé par Tijan Jaiteh (87e). La tanière s'est effondrée. Et le stade Léopold Sédar Senghor s’est embrasé.
Emeutes à Dakar
La suite ressemble à des scènes de guérillas. Des spectateurs déchaînés ont mitraillé la délégation sénégalaise de projectiles.
Les joueurs et le staff, traumatisés par l’échec ont été exfiltrés du stade par des portes dérobées après qu’une partie du public eut mis les alentours à sac : sièges arrachés, pneus calcinés, bus dégradés. Sans parler de la Fédération sénégalaise de football vandalisée.
Le sélectionneur Lamine N’Diaye a préféré fuir les commentaires pour ne pas attiser davantage la colère : « On est un pays très compliqué. Si je réponds, je vais me faire descendre. Mais bon, je sais très bien que l’on n’hésitera pas à se débarrasser de quelqu’un comme moi pour calmer les esprits. » (1)
Reconstruire autour de Niang et Diawara
L’ancien entraîneur du FC Mulhouse ou de Coton sports Garoua est lucide. Parachuté dans la foulée de prestations catastrophiques durant la CAN 2008, N’Diaye a remplacé Henry Kasperczak au pied levé. Sans jamais trouver la bonne formule ou asseoir totalement son autorité sur un groupe qui a côtoyé les sommets. El Hadji Diouf, star parmi les stars, a d'ailleurs souligné « la fin tragique d’une génération dorée ».
Car la tanière va devoir être réaménagée. Sans aller chercher bien loin. Face aux Scorpions, les deux meilleurs Sénégalais du moment, le défenseur de Bordeaux Souleymane Diawara et l’attaquant de Marseille Mamadou Niang n’étaient pas sur la pelouse. Ecœurés par les contreperformances au Ghana, ils s’étaient placés en réserve de la nation. Depuis, ils ont fait part de leur volonté de rentrer dans le rang. Mais ils n’ont pas été convoqués. Car certains cadres seraient défavorables à leur retour.
Un énorme gâchis
C’est pourtant autour des deux joueurs que le Sénégal doit reconstruire une équipe. Niang et Diawara ont 29 ans. Ils sont au sommet de leur art. Si on leur adjoint le défenseur Moustapha Bayal Sall, les trois pensionnaires de la Ligue 1 ont toutes les cartes en main pour ramener leur pays au sein de l’élite africaine. Sa vraie place. En témoigne sa diaspora. Les Sénégalais sont en effet 35 à fouler les pelouses des cinq grands championnats : Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie. Un record.
Au lendemain d’une élimination aussi triste et de débordements aussi graves, c’est une bien triste consolation. Et cela en dit sur la dimension du gâchis.
12/10/2008 à 23:30 TU