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Basket-ball - NBA

Dikembe Mutombo : « C’était le moment de partir »

par David Kalfa

Article publié le 12/07/2009 Dernière mise à jour le 14/07/2009 à 13:16 TU

Le basketteur congolais Dikembe Mutombo.(Photo : AFP)

Le basketteur congolais Dikembe Mutombo.
(Photo : AFP)

Le 22 avril 2009, Dikembe Mutombo mettait un terme à sa longue carrière en NBA. Le pivot congolais sortait du terrain gravement blessé au genou gauche. Il annonçait sa retraite dans la foulée. A 43 ans, le natif de Kinshasa se consacre désormais à sa guérison, mais aussi et surtout à sa famille et à ses œuvres caritatives en faveur des Africains démunis. Entretien avec un géant au grand cœur.

Pensez-vous que de nos jours, il est plus facile pour les jeunes Africains de venir jouer aux Etats-Unis qu’à votre époque ?

Dikembe Mutombo, tout en puissance.(Photo : AFP)

Dikembe Mutombo, tout en puissance.
(Photo : AFP)

Oui, de nos jours, c’est plus facile parce que l’exemple est déjà là. A mon époque, nous n’étions que trois : le Soudanais Manute Bol, le Nigérian Hakeen Olajuwon et moi. Depuis, une vingtaine de joueurs africains ont foulé les parquets NBA et on recense plus de 185 Africains dans les équipes universitaires. On estime que d’ici trois à cinq ans, il pourrait y avoir une vingtaine de basketteurs originaires d’Afrique en NBA. Un long chemin a été parcouru. On est là, on se bat encore pour progresser. Avec ma retraite, je vais pouvoir aider la NBA à solliciter les meilleurs éléments du continent.

Est-ce dans cette perspective que vous participerez à « Basketball Without Borders », un camp d’entraînement qui aura lieu en septembre prochain en Afrique du Sud ?
Oui, car je souhaite qu’il y ait de nombreux Africains en NBA. Je suis d’ailleurs très content de la Draft 2009 (Ndlr : sélection des meilleurs jeunes joueurs par les équipes NBA). Quelques Africains ont été « draftés » et ils représenteront fièrement le continent. Hakeem Olajuwon et moi avons tracé la route. A eux de suivre la même voie.

Les Africains sont de plus en plus nombreux à venir jouer aux Etats-Unis. Par contre, ils ont plus de difficulté à rentrer en Afrique pour jouer avec les équipes nationales…
Oui, c’est compliqué… C’est lié à des histoires d’assurances à payer pour que les joueurs soient libérés par leurs clubs. Il faudrait les assurer médicalement. Si les présidents et ministres africains aidaient ces joueurs à rentrer, ce serait bien. Mais les dirigeants sportifs n’ont pas encore saisi l’importance de la chose. A nous de leur faire comprendre.

Le prochain Championnat d’Afrique des nations de basket-ball se déroule du 5 au 15 août en Libye. Avez-vous un favori ou pensez-vous que l’Angola va remporter un 6e titre d’affilée ?
L’Angola domine le basket-ball africain depuis longtemps déjà. Quel pays sera capable de battre les « Palancas negras » ? Honnêtement, je ne sais pas… L’Angola reste très fort, même s’il ne faut pas oublier l’Egypte, le Nigeria, le Sénégal, le Mozambique et le Congo. Dikembe Mutombo ne sera pas là, mais je suis sûr que d’autres nous représenteront dignement (il rit).

Et Dikembe Mutombo, entraîneur de la RDC, c’est possible ?
(Il éclate de rire) Ce serait intéressant à voir, ça ! C’est une très bonne question, mais c’est difficile de répondre pour l’heure. On verra !

Vous aidez les gens par le biais de votre fondation. Pouvez-vous nous parler de la Dikembe Mutombo Foundation ?
J’ai créé une fondation à mon nom en 1997. Notre objectif était de construire un nouvel hôpital de 300 lits à Kinshasa. Il a ouvert ses portes en juillet 2007 et depuis on y prodigue des soins aux personnes pauvres. Surtout à celles qui vivent en dehors de Kinshasa, dans le périmètre de l’aéroport international. Environ trois millions de personnes vivent dans les alentours de Masina et n’ont pas eu accès aux soins médicaux pendant des années.

A Kinshasa, la vie est parfois très difficile.(V.Cagnolari)

A Kinshasa, la vie est parfois très difficile.
(V.Cagnolari)



Vous avez aussi connu une enfance difficile à Kinshasa. Quels souvenirs en gardez-vous ?
(Il réfléchit) Ce que j’ai vécu au Congo durant mon enfance a contribué à mon parcours, à ce que je suis devenu aujourd’hui. Sans toutes ces épreuves, je n’en serais jamais arrivé là. C’est grâce à tous les efforts que j’ai dû fournir que j’ai appris à avoir du courage et à aller de l’avant.

Comment êtes-vous arrivé aux Etats-Unis ?
J’ai été sélectionné par le gouvernement américain pour étudier la médecine aux Etats-Unis et la pratiquer ensuite en République démocratique du Congo. Je ne suis pas devenu médecin finalement. Je ne suis qu’un simple citoyen qui essaie d’améliorer la situation des personnes pauvres en Afrique.

Et cela vous plairait-il de reprendre vos études de médecine ?
(Il éclate de rire) Je crois que je n’ai plus suffisamment de temps pour ça. Ma femme est infirmière. On va plutôt employer ses compétences pour soigner les autres ! De mon côté, je me sers de ma notoriété d’ex-grand basketteur pour aider les autres.

Début de l'entretien, ici.