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Energie

L’Europe confrontée à la pénurie d’électricité

La plupart des pays européens, confrontés à la vague de chaleur, rencontrent des difficultés pour maintenir l’offre d’électricité à la hauteur d’une demande exceptionnellement haute pour la saison. Cette situation relance le débat sur les choix énergétiques de l’Europe du futur, dans le cadre d’un avenir commun.
Le président d’EDF, François Roussely, est confronté, en France, à des pics de consommation électrique liés à la canicule, au moment même où les centrales hydrauliques tournent au ralenti, en raison de la sécheresse ou d’opérations de maintenance prévues de longue date, et où les centrales nucléaires posent des problèmes de refroidissement. De plus, rappelle-t-il, tous les pays d’Europe sont touchés en même temps par la vague de chaleur et cela ne permet pas de compenser, comme c’est l’habitude, entre ceux qui sont excédentaires en énergie électrique et ceux qui sont momentanément déficitaires. C’est pourquoi la situation météorologique actuelle, bien qu’exceptionnelle, devrait entraîner une réflexion sur l’avenir énergétique des pays européens dans le cadre communautaire. Déjà, les programmes d’échanges d’énergie entre les pays européens sont affectés par la conjoncture, mais à des degrés divers en fonction de l’origine et de la composition de leur production (gaz, charbon, hydraulique, nucléaire) dit «mix énergétique».

Phénomène que l’on a encore évité, en France, mais qui pourrait se produire dans la semaine du 18 août qui verra de nombreux retours de vacances et de reprises dans les industries, l’Espagne connaît des coupures d’électricité. L’Italie, gênée par la baisse des livraisons d’EDF s’est tournée vers d’autres fournisseurs, Autriche et Slovénie, pour maintenir l’offre. Les Pays-Bas sont en alerte rouge et attendent de possibles coupures de courant. La Grande-Bretagne et la Belgique, peu concernées par la climatisation, sont relativement à l’abri. Mais, le malheur des uns fait le bonheur des autres, et le Danemark atteint, du coup, des records d’exportations de sa production issue de centrales au charbon.

Bouquet énergétique

En Allemagne, comme en France, les gouvernements ont recours à une mesure exceptionnelle : l’autorisation de dépasser la température normale de rejet dans les rivières des eaux de refroidissement des centrales nucléaires. Dans les deux pays les écologistes protestent contre la mise en danger de la faune et la flore aquatiques et s’élèvent contre la dépendance au nucléaire. Dans l’arrêté paru au Journal Officiel français le 13 août, le gouvernement limite la période de dérogation au 30 septembre prochain.

La réflexion qui est menée en France sur l’avenir énergétique à l’horizon 2030 a été lancée en janvier dernier. Faisant le point, en Conseil des ministres, le 18 juin, de l’évolution de ce débat national, Nicole Fontaine, ministre de l’Industrie, a rappelé l’objectif de diminution par quatre des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Pour ce faire, il faudra relancer la politique de maîtrise de la consommation, sur laquelle l’effort s’est relâché, et travailler à l’efficacité énergétique du «bouquet» de ressources choisi : limitation des énergies fossiles et développement des énergies renouvelables et thermiques.

Plus facile à dire qu’à faire car, confrontés à des situations de risque de coupures d’électricité, comme aujourd’hui, les partisans de chacune des sources d’énergies les défendent avec force. Les verts soutiennent le développement de l’énergie solaire. En réponse, les tenants du nucléaire soulignent son coût et, dans un climat comme celui de la France, son rôle nécessairement secondaire. Bien que le débat sur l’avenir énergétique de la France se résume bien souvent à l’affrontement entre pro et antinucléaires, la filiale de Charbonnages de France vient quand même rappeler que l’abandon du charbon dans la production d’électricité a probablement été prématuré. Les quatre centrales au charbon françaises fonctionnent actuellement au même rythme qu’en plein hiver, alors qu’on pensait cette énergie dépassée.



par Francine  Quentin

Article publié le 13/08/2003