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Rwanda
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Tous unis derrière les Guêpes
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Henri Munyaneza (à droite) fait partie des jeunes joueurs de la sélection rwandaise. (Poto AFP)
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Qualifiée pour la première fois de son histoire pour une phase finale de la CAN, l’équipe du Rwanda, dont les joueurs sont surnommés les Guêpes, porte non seulement les espoirs de toute la population mais également ceux des autorités du pays qui souhaitent la victoire d’un «nouveau Rwanda».
De notre correspondante à Kigali
Tunis est à la portée de tous. C’est le message diffusé quotidiennement par les médias rwandais. Promotion spéciale à l’occasion de la CAN 2004: pour 1 000 dollars, les habitants de ce petit pays des Grands Lacs peuvent obtenir un billet d’avion aller-retour pour la capitale tunisienne, des nuits d’hôtel, et surtout les billets pour les trois premiers matchs de leur équipe nationale.
Les «Amavubi» (les Guêpes dans la langue nationale, le kinyarwanda) sont à l’honneur depuis leur départ fin décembre à destination de Marseille, leur lieu d’entraînement avant la compétition. La télévision et la radio nationales relatent tous les jours les moindres faits et gestes des joueurs rwandais, adulés par la population.
Pour cette CAN 2004, les Rwandais rêvent de revisiter la légende de David et Goliath. Car la qualification de l’équipe nationale est inédite et le gouvernement rwandais en fait une question d’Etat. Elle est presque devenue un outil de propagande dans ce pays encore traumatisé par le génocide de 1994, qui a fait près d’un million de morts parmi les Tutsis et les Hutus modérés. Mais il n’y a plus l’ombre d’un problème entre les ethnies quand il s’agit du ballon rond. «La victoire des Amavubi, c’est la victoire d’un nouveau Rwanda, celui de la réconciliation !», clamait en substance le président Paul Kagame, passionné de football, après la qualification tant espérée. Et la population suit.
Un don de 50 000 dollars pour les joueurs
Les tee-shirts rouges à l’effigie de l’équipe nationale s’arrachent comme des petits pains. Le même rouge criard colore les autocollants qui commencent à recouvrir les voitures de la capitale rwandaise. Kigali chante d’ailleurs déjà sur les ondes de la radio locale la victoire de ses protégés: «c’est la gloire, nous avons gagné! Mais ce n’est pas la première fois, nous avons l’habitude de la victoire». Le refrain est entonné par un groupe de jeunes, dans un quartier populaire de Kigali. Ils discutent, devant un petit poste de télévision, de la meilleure tactique à adopter pour battre les Tunisiens lors du match d’ouverture. Une émission spéciale permet à chacun de s’exprimer en un coup de fil à la chaîne nationale sur les chances rwandaises et de donner les derniers conseils utiles avant le grand jour. Interrompant régulièrement le programme, des images rappellent les exploits des «Amavubi».
Un don de 50 000 dollars, rassemblés lors d’une collecte de fonds en faveur de l’équipe nationale, a même été envoyé aux joueurs. Aucun des jeunes réunis ce soir n’a les moyens de s’offrir le voyage à Tunis, mais, chacun se plaît à rêver de l’inimaginable: une victoire rwandaise sur le gazon tunisien. Et ce même si la défaite cuisante contre l’Egypte en match amical (5-1), la semaine dernière, n’est pas de bon augure, comme le rappelle l’un des jeunes, habillé de rouge de la tête aux pieds.
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Pauline Simonnet 20/01/2004
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