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Russie : la démission de Boris Eltsine

La Russie en froid avec L'occident<br>

Bien de l'eau a coulé sous les ponts de la Moscova depuis que Boris Eltsine inaugurait le 1er McDonald's de la capitale russe. Il fut un temps où l'établissement était un véritable monument devant lequel la queue était plus longue qu'au mausolée de Lénine. Aujourd'hui, avec 25 McDonald's à Moscou, la mondialisation façon Coca-Cola est entrée dans les m£urs, mais pas dans les têtes. Il est, en effet, devenu plus difficile de trouver un Moscovite pro-occidental qu'un cow-boy Marlboro. L'Ouest est désormais le bouc émissaire du ressentiment des Russes face à l'échec de leurs réformes car cette immense défaite s'est produite avec le soutien, la participation, voire la complicité des Occidentaux. De là à imaginer un complot pour affaiblir la Russie, il n'y a qu'un pas, vite franchi par certains cercles du pouvoir. D'ailleurs curieusement, les Russes en veulent moins à leurs propres dirigeants qu'aux Occidentaux. Il est vrai que les autorités ont habilement refait l'union sacrée grâce à leur guerre électoralo-patriotique en Tchétchénie Face aux protestations de l'étranger, ce titre de journal résume à lui seul l'état d'esprit ambiant : "La Russie n'est pas la Yougoslavie, elle ne se laissera pas intimider".


En proclamant récemment l'union avec la Biélorussie, l'alliance avec la Chine, Boris Eltsine a clairement signifié qu'il y avait désormais un retour à la rivalité Est-Ouest. Hier avant de se séparer définitivement, la Douma sortante a ratifié les noces de papier entre Moscou et Minsk, mais toujours pas le traité de désarmement Salt II qui reste en pénitence. Le message est limpide. On n'en est peut-être pas encore à un retour à la guerre froide ; le Kremlin n'est certes pas en train de tourner un remake de l'Empire du mal contre la Fédération du commerce. Il n'empêche que quelque chose est irrémédiablement cassé dans le partenariat avec l'Ouest. La méfiance, voire l'hostilité ont remplacé les grandes embrassades d'antan.


Mais, les Occidentaux auraient tort d'en déduire qu'il faut faire profil bas pour ne pas désespérer la Russie.

Parce que la Russie est déjà désespérée. Parce que le Kremlin a choisi délibérément une politique isolationniste. Le froid n'a jamais fait peur à l'Ours russe. Un bon petit refroidissement n'est pas pour déplaire à Moscou en pleine période électorale. Seul problème : il n'y aura plus de retour au bon vieux temps dans les relations entre anciens alliés du G8, le club des pays dominants. L'époque du "Business as usual" est révolu. 10 ans après la chute du mur de Berlin, l'après-guerre froide est aujourd'hui terminée. Moscou tente de faire tourner en arrière la roue de l'histoire, mais l'histoire ne se répète jamais, sauf en farce. En l'occurrence, il s'agirait plutôt d'une farce sanglante.



par Jacques  Rozenblum

Article publié le 14/12/1999