Monnaie unique européenne
Les Français boudent l'euro
Depuis le 1er janvier 1999, date du lancement de la monnaie européenne, les Français n'ont fait que peu d'opérations bancaires en euro. Très attentifs il y a un an et demi, les Français semblent maintenant ignorer leur future monnaie.
C'est un fait, les Français, depuis le lancement de la monnaie européenne, n'ont fait que très peu d'opérations bancaires en euro alors que 20 à 30% d'entre eux avaient signalé, avant son lancement, le désir de profiter des trois années de transition, c'est-à-dire du passage progressif du franc à l'euro, pour «s'entraîner» à utiliser leur future monnaie ! «En pratique, les Français se sont rendus compte qu'ils n'avaient pas besoin d'utiliser l'euro» souligne Robert Rocheford, directeur général du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), avant d'ajouter «Même en se déplaçant à l'étranger, payer en euro ne représente aucun avantage concret pour les Français». En fait, plus le temps passe et plus les Français ont perdu l'accoutumance à l'euro, «ils savent que l'euro est présent, mais ils n'ont eu en pratique, aucun contact physique avec cette monnaie».
Si l'on se réfère aux dernières données du mois de mars 2000 de l'Association Française des Banques (AFB), les chèques émis en euro, représentent 0,11% du total des chèques français, quant aux opérations effectuées grâce aux cartes bancaires, le chiffre est encore plus dérisoire : 0,03%. Concernant le montant des transactions en euro, il représente 2,15% du montant total en franc français. D'autres parts, sur un total de 953 063 842 opérations faites le même mois en franc français, 319 453 ont été effectuées en euro via les chèques et 59 701 via les cartes bancaires. Autant dire que les Français boudent l'euro dans leur vie quotidienne !
Casse-tête chinois
Le comportement psychologique des Français vis-à-vis de l'euro est très complexe et paradoxal. «Pour l'instant c'est un non événement pour eux surtout dans leur vie quotidienne, même si c'est par ailleurs un événement économique majeur de ces dix dernières années» affirme Robert Rocheford. «Les Français sont entrain de percevoir les conséquences de l'euro mais pas là où on l'attendait, pas dans la gestion de leur vie quotidienne mais dans la possibilité que certains produits soient chers, comme l'essence, du fait de la fluctuation de la monnaie européenne par rapport au dollar».
Mais tout laisse à penser que le passage véritable à l'euro redeviendra un sujet de préoccupation pour les Français quand ceux-ci verront l'arrivée des pièces et des billets à l'effigie de la monnaie européenne. Cependant, ce basculement monétaire définitif ne va-t-il pas engendrer chez les Français un sentiment de perte de patrimoine en abandonnant le franc ? Robert Rocheford est persuadé que les «Français ont dépassé le stade de la symbolique. Le passage du franc à l'euro ne sera pas un élément dramatique excepté pour les hommes politiques convaincus du contraire qui s'engouffreront dans la brèche pour réveiller de vieilles peurs».
Comme en novembre 1962, lors du passage de l'ancien au nouveau franc, les Français vont devoir plus que jamais être inventifs pour trouver des méthodes audacieuses et simplifiées afin de convertir le franc en euro. Calcul, qui jusqu'à maintenant, semble être un véritable casse-tête chinois, sachant qu'un euro représente 6,55957 francs français. A ce sujet, le directeur général du Crédoc prédit que les Français auront recours à «plusieurs ficelles comme des moyens mnémotechniques ou encore à la médiation d'un objet fétiche, par exemple le recours à une référence de base, à un produit repère, comme le prix d'un pain de 400 grammes». Robert Rocheford voit plus loin et prévoit même, avec ce changement de monnaie, deux caractéristiques auxquelles n'échapperont ni les Français ni les Européens d'ailleurs : «ils auront un sentiment psychologique d'appauvrissement général, notamment en voyant leur première fiche de paie en euros et d'autre part les Français auront plus de mal qu'auparavant à se repérer dans les prix relatifs. Les Français et les Européens vont devoir réapprendre à penser autrement».
Si l'on se réfère aux dernières données du mois de mars 2000 de l'Association Française des Banques (AFB), les chèques émis en euro, représentent 0,11% du total des chèques français, quant aux opérations effectuées grâce aux cartes bancaires, le chiffre est encore plus dérisoire : 0,03%. Concernant le montant des transactions en euro, il représente 2,15% du montant total en franc français. D'autres parts, sur un total de 953 063 842 opérations faites le même mois en franc français, 319 453 ont été effectuées en euro via les chèques et 59 701 via les cartes bancaires. Autant dire que les Français boudent l'euro dans leur vie quotidienne !
Casse-tête chinois
Le comportement psychologique des Français vis-à-vis de l'euro est très complexe et paradoxal. «Pour l'instant c'est un non événement pour eux surtout dans leur vie quotidienne, même si c'est par ailleurs un événement économique majeur de ces dix dernières années» affirme Robert Rocheford. «Les Français sont entrain de percevoir les conséquences de l'euro mais pas là où on l'attendait, pas dans la gestion de leur vie quotidienne mais dans la possibilité que certains produits soient chers, comme l'essence, du fait de la fluctuation de la monnaie européenne par rapport au dollar».
Mais tout laisse à penser que le passage véritable à l'euro redeviendra un sujet de préoccupation pour les Français quand ceux-ci verront l'arrivée des pièces et des billets à l'effigie de la monnaie européenne. Cependant, ce basculement monétaire définitif ne va-t-il pas engendrer chez les Français un sentiment de perte de patrimoine en abandonnant le franc ? Robert Rocheford est persuadé que les «Français ont dépassé le stade de la symbolique. Le passage du franc à l'euro ne sera pas un élément dramatique excepté pour les hommes politiques convaincus du contraire qui s'engouffreront dans la brèche pour réveiller de vieilles peurs».
Comme en novembre 1962, lors du passage de l'ancien au nouveau franc, les Français vont devoir plus que jamais être inventifs pour trouver des méthodes audacieuses et simplifiées afin de convertir le franc en euro. Calcul, qui jusqu'à maintenant, semble être un véritable casse-tête chinois, sachant qu'un euro représente 6,55957 francs français. A ce sujet, le directeur général du Crédoc prédit que les Français auront recours à «plusieurs ficelles comme des moyens mnémotechniques ou encore à la médiation d'un objet fétiche, par exemple le recours à une référence de base, à un produit repère, comme le prix d'un pain de 400 grammes». Robert Rocheford voit plus loin et prévoit même, avec ce changement de monnaie, deux caractéristiques auxquelles n'échapperont ni les Français ni les Européens d'ailleurs : «ils auront un sentiment psychologique d'appauvrissement général, notamment en voyant leur première fiche de paie en euros et d'autre part les Français auront plus de mal qu'auparavant à se repérer dans les prix relatifs. Les Français et les Européens vont devoir réapprendre à penser autrement».
par Clarisse Vernhes
Article publié le 11/05/2000