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Concorde

L'enquête : mobilisation internationale

Après la catastrophe sans précédent qui a eu lieu près de Roissy le 25 juillet avec le crash du Concorde Paris-New York, on entre maintenant dans la phase délicate de l'enquête. Deux procédures ont été entamées en parallèle : l'une, technique, pour déterminer les causes de l'accident, l'autre, judiciaire, pour établir les responsabilités.
Dès l'annonce de l'accident dramatique dont a été victime le Concorde d'Air France qui venait de décoller pour rejoindre New York le 25 juillet, le premier ministre français, Lionel Jospin et son ministre des Transports Jean-Claude Gayssot se sont rendus sur place pour constater l'ampleur du désastre et annoncer la mise en place d'une commission d'enquête. Aucun survivant dans l'avion, quatre victimes au sol, le bilan est lourd et les experts devront travailler avec diligence pour déterminer les causes de ce crash quelques minutes à peine après le décollage du chef d'£uvre technologique dont les Européens étaient si fiers depuis 30 ans.

Analyser les boites noires

L'enquête technique est confiée au Bureau Enquêtes Accidents (BEA) de l'aviation civile française dont les premières équipes sont arrivées sur les lieux presque simultanément avec les secours. Le BEA a la lourde tâche de déterminer pourquoi le Concorde s'est écrasé. L'analyse des fameuses boites noires qui ont été retrouvées rapidement sera, bien sûr, d'une aide considérable pour comprendre comment cet accident a pu arriver et surtout éviter qu'un tel scénario se reproduise.

Des experts internationaux ont été sollicités par le BEA pour venir renforcer ses équipes. L'Allemagne, concernée au premier chef puisque la majorité des victimes sont originaires de ce pays, doit envoyer deux experts du Centre fédéral sur les accidents aériens (BFU). La Grande-Bretagne, dont la compagnie British Airways est la seule avec Air France à posséder des Concorde dans sa flotte, a annoncé qu'elle allait dépêcher, elle aussi, des renforts en vertu de l'accord, signé en 1978 avec la France, pour s'assurer une assistance mutuelle en cas «d'incidents majeurs». Même les Etats-Unis ont délégué un enquêteur de leur Bureau national de la sécurité des transports pour participer «en tant qu'observateur» aux investigations.

A ce dispositif s'ajoutent naturellement les collaborations des techniciens de Rolls-Royce qui fabrique les moteurs des Concorde et des compagnies aéronautiques EADS et BAE Systems qui ont décidé de mettre en place des équipes spéciales. En parallèle, une information judiciaire pour homicide est ouverte. Elle devra déterminer les responsabilités dans le cadre de cette catastrophe.

Vraisemblablement une panne moteur

Si les boites noires n'ont pas encore parlé, des hypothèses pour expliquer l'accident du Concorde ont été émises. Les témoins visuels du crash et de la man£uvre qui l'a précédé ont tous affirmé que des flammes jaillissaient de l'un des réacteurs laissant une traînée de plusieurs dizaines de mètres. Jean-Cyril Spinetta, PDG d'Air France, a tout de suite parlé d'une panne de moteur évacuant la possibilité d'une conséquence des micro fissures décelées depuis le mois de février sur certains Concorde. Jean-Cyril Spinetta a, en effet, expliqué que l'avion qui s'est écrasé hier faisait partie des deux appareils d'Air France où aucune fissure n'avait été observée.

Une fuite de carburant dans l'un des réacteurs, une explosion et un incendie se propageant au deuxième moteur jumelé sur le même côté (l'une des caractéristiques du Concorde) pourrait ainsi être à l'origine du crash. Reste à savoir pourquoi. Des oiseaux aspirés au décollage pourraient avoir provoqué cette réaction en chaîne tout comme un problème d'approvisionnement en carburant. A moins qu'une autre défaillance technique ou humaine ne soit mise en évidence. Le Concorde en question avait pourtant subi une révision approfondie en 1999 (l'avion avait été passé au crible pendant un an et démonté complètement), puis une autre en avril 2000 et enfin une dernière le 21 juillet soit quatre jours avant l'accident. Mais à quelques minutes du décollage, une équipe technique avait effectué une intervention de plusieurs dizaines de minutes sur l'un des moteurs.



par Valérie  Gas

Article publié le 26/07/2000