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Guinée

Trois journalistes interdits d'audience<br>

Trois journalistes guinéens travaillant pour des médias étrangers, dont le correspondant de RFI, sont suspendus à l'approche de la reprise du procès de l'opposant Alpha Condé.
Officiellement, les trois correspondants sont accusés d'avoir diffusé, selon le Conseil national de la communication (CNC), «des informations tendancieuses et malveillantes sur la situation socio-politique en république de Guinée, dans le dessein inavoué de ternir son image de paix et de stabilité». Les journalistes concernés sont Mouctar Bah, correspondant de l'Agence France presse et de Radio France Internationale, Ben Daouda Sylla, correspondant de la radio Africa N°1, et Amadou Diallo, correspondant de la BBC.

Dans son communiqué, le CNC «regrette que des journalistes guinéens, sous le couvert de la liberté de la presse (à), n'hésitent pas à monnayer cette même liberté contre quelques piges en devises pour traîner leur pays dans la boue». C'est pourquoi le CNC «décide d'invalider, pendant deux mois, du 1er août au 30 septembre inclus, l'accréditation» des trois correspondants.

Cette mesure intervient alors que ces journalistes viennent d'assurer la couverture des élections communales guinéennes, et qu'ils s'apprêtaient à suivre à nouveau le procès de l'opposant Alpha Condé, dont les audiences reprennent dans la semaine du 31 juillet au 4 août 2000. Ils ne pourront donc pas assister à ce procès, considéré par l'opposition guinéenne comme une «machination politique», et qui a déjà fait couler beaucoup d'encre. Alpha Condé a reçu de nombreux soutiens de la part de la communauté internationale.

Ce n'est pas la première fois que Mouctar Bah est suspendu. Il s'était déjà vu retirer son accréditation pendant plus de quatre mois, au début de 1999, à la suite de l'élection présidentielle du 16 décembre 1998, remportée au premier tour par le président Lansana Conté.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 28/07/2000